NOIR C'EST NOIR, ET C'EST PLEIN D'ESPOIR !
Les tout-petits (et même certains plus grands) ont peur, très peur de la nuit, de ce grand noir qui inonde soudain le monde environnant. Quel être vivant pouvait ainsi se transformer en délicat et doux passeur, du jour à la nuit obscure, plus adéquat que cet animal souvent tant aimé des plus jeunes que notre bon vieux minou ?
C'est le pari que prend cette délicate illustratrice japonaise,
Emiri Hayashi, dans ce très bel album cartonné proposé par les éditions Nathan dans leur collection pour premiers âges "petit nathan".
Ouvrage à regarder tout autant qu'à toucher, notre petit chat noir est revêtu de douce feutrine tout au long de l'album et si la couleur dominante est, comme il se doit, le noir, une symphonie de gris des plus sombres au plus clairs parvient à égayer et à donner profondeur et perspective aux scènes citadines - on devine une ville d'Europe, peut-être Paris - et qui défilent avec tendresse et humour léger d'une page à l'autre.
Chaque double page est par ailleurs rehaussée qui de rouge saisissant -les yeux de notre matou, les fenêtres qui s'éclairent, les phares des voitures, les amicales lucioles -, qui de tâches ou d'à-plats argentés apportant toute la lumière requise à une lecture des images adaptée à l'enfant.
Le texte, doucettement poétique, est aussi une invite à découvrir les nombres de un à cinq.
L'ensemble donne un résultat parfaitement "kawaii" (NB : "mignon" en japonais, dans le sens enfantin de "adorable" pour ceux qui ne connaîtraient pas), doux, tendre, plein de petits détails permettant très facilement de dépasser les quelques directions proposées par les deux autrices, le texte étant dû à la pédopsychiatre
Catherine Jousselme.
Le meilleur test demeurant celui de ma fille Aliénor, 22 mois et déjà un goût très sûr en matière de livres, celui-ci fut passé haut la main, des bisous ayant été très rapidement échangé tant avec le petit chat noir de l'histoire qu'avec les lucioles de la fin de l'album, bisous accompagnés d'ailleurs de moult "bzzzzzz" qualifiant depuis quelques temps tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à une abeille.
Dernières précisions : l'ouvrage est de bonne dimension, presque un peu imposant pour des petits de 6 mois (âge minimum auquel il est proposé par l'éditeur). En revanche, si son poids est aussi d'importance, sa conception semble lui conférer une véritable solidité. Bien que, d'expérience, nous savons que rien ne résiste à un enfant en train de faire ses dents ou de se prouver sa force naissante...
Un (vrai) regret malgré tout : qu'il ne soit pas recouvert de cette matière phosphorescente qui s'illumine, même pour un instant relativement court, dans la nuit d'une chambre d'avant dodo.
Et puis... Tous ces livres fabriqués en Chine, lorsque nous avons encore tant de bons imprimeurs européens... Mais on ne refera pas le monde en un album. Nous constatons cependant tous les jours que les petits éditeurs font encore cet effort de produire aussi localement que possible là où les "gros" en sont à des calculs de marge bénéficiaire qui nous dépassent dans tous les sens du terme... Dommage.