Au cours de ces deux semaines de vacances, à Rochefort et La Rochelle, j'ai flâné avec beaucoup de plaisir au fil des pages de ce magnifique ouvrage, et je ne peux résister au plaisir d'y revenir.
Disparu en 1968, à l'âge de 85 ans,
Armand Hayet, capitaine au long cours, est également un écrivain doué d'une plume élégante et sensible.
Il ne nous raconte pas, ici, la formidable aventure des derniers grands voiliers de commerce, il nous fait embarquer pour vivre la vie quotidienne de nos aïeux, derniers inscrits maritimes de ces fiers voiliers.
Dans la lettre qu'il reçoit de Jean-Marie le Bihor, matelot de Vannes, il me semble entendre mon arrière grand-père le capitaine le Bacheley du long cours et petit armateur de St Vaast la Hougue - que je n'ai malheureusement et presque fatalement pas connu - me dire : "Laisse courir et fais un tour mort et deux demi-clés sur ta langue, failli bigorneau de Fourrier que tu es ! C'est des marins, des vrais, qui lit ça et pas un sacré maudit buraliste de pharmacien comme toi. Et veille à pas faire le plus petit ajut, à pas changer le plus petit mot que je te dis."
Et je m'en garderai bien, pauvre maître Fourrier que je fus, car ce livre est un véritable bijou, trésor de documentation vivante et dernier témoignage d'un capitaine humain et passionné.
Le récit de l'inhumation en mer du matelot le Tellec, cousu jusqu'au coeur dans une toile de voile, est emprunt d'une grande sensibilité et fait, à lui seul, de ce livre un grand livre de la littérature maritime.