L'héritière de Calistoga

Elle était bien en vie ! Et, Dieu merci, il finirait bien par trouver où elle se terrait. Oh ! non, il ne ferait pas appel à la justice. La prison serait une punition bien trop douce pour son crime. Non, il la punirait lui-même. Il lui ferait regretter d’être née, à cette traînée. Il la supplicierait longuement, et dans les règles de l’art. Après, seulement, il la tuerait.
La perspective de venger la mort de son fils à sa manière lui procurait un plaisir grisant. Tout compte fait, il avait eu raison de patienter aussi longtemps.

Il avait toujours méprisé les valeurs ancestrales héritées du vieux continent, ces valeurs que Sal s’était pourtant escrimé à inculquer à ses deux fils. Mario, lui, avait été radicalement différent : un véritable Italien, doué d’un sens de la fierté inaltérable. Cette fierté qui faisait la réputation de la famille Dassante depuis des décennies ! Mario était un homme, lui, tout comme son père !

Le temps a peut-être passé, mais cette femme m’a pris mon fils ! Mon fils aîné ! Et comme si elle ne m’avait pas fait assez de mal comme ça, elle s’est enfuie avec mon unique petite-fille ! Elle l’a laissée mourir dans un couvent, explosa-t-il ! Une tragédie pareille, ça ne s’oublie pas aussi facilement, que je sache !

L’amour ne faisait pas partie de ses priorités. Ce qu’elle attendait d’une relation, c’était avant tout de bons moments. Une parfaite entente physique, également. Mais certainement pas la grande passion.

S’il y avait bien un art dans lequel elle excellait, c’était celui d’embobiner son monde…