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sur 5329 notes
Dans une Amérique post apocalyptique,  Nell, dix-sept ans et sa soeur Eva, un an de plus doivent survivre.... 
Dans la forêt. Ce vaste monde qui entoure leur maison.
Terrain de jeu de leur enfance. Terreau de leur apprentissage de la vie.
Dans la forêt, c'est comment deux jeunes filles, trop tôt orphelines, privées de la fée électricité,  la dernière goutte d'essence épuisée, vont tenter de s'en sortir.
Jean Hegland a écrit là un magnifique roman.
Proche de la nature.
Humain.
Dans la forêt,  il y a des arbres, des plantes, des fruits, des rivières, autant de richesse que les soeurs devront exploiter lorsque le potager ou le verger ne suffiront plus.
Dans la forêt il y a le gibier qu'un jour où l'autre il faudra bien chasser... (une scène d'anthologie du livre qui fera grincer les dents des défenseurs de la cause animale).
De la forêt peuvent aussi surgir toutes sortes de prédateurs.
Mais ce roman c'est aussi une histoire de femmes.
Deux femmes qui se construisent.
S'aiment.
Se détestent.
Se chamaillent.
Se réconcilient.
C'est aussi une invitation à la danse, à travers les pas de ballerine d'Eva, décrit de façon sublime par la voix de Nell.
Et pendant que l'une danse, l'autre écrit et apprend grâce à la lecture.
Quelle que soit la gravité des événements subit, on ne ressent pas la peur, ou du moins elle semble contrôlée.
Elles sont prêtes à  tout affronter.
Résignation ?
Courage ?
Naïveté  ?
Tout est partage.
Le tison, la goutte d'eau, le courant d'air, la note de musique, les larmes et les rires.
On ne sait pas d'où vient l'apocalypse, on ne sait pas où va leur monde.
On les accompagne.
Hegland a situé son histoire à notre époque. Bien sûr,  si vous êtes citadin, vous n'aurez pas les mêmes repères, mais pour les autres...
Fermez les yeux.
Vous sentez ces odeurs ?
Vous entendez les bruits de la nature ?
Et cette brise sur votre cou ?
Dans la forêt c'est aussi tout ça.
A lire absolument.








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Eva et Nell, deux soeurs de dix-sept et dix-huit ans, sont maintenant seules au monde. Elles vivent dans une maison, dans la forêt, très loin de toute civilisation. C'est l'apocalypse, tout le monde tombe malade, bientôt il n'y a plus d'électricité, plus d'essence…
Sorti aux Etats-Unis en 1996, il y a plus de vingt ans, il avait déjà rencontré un beau succès. Il a même adapté en film (j'ai vu la bande-annonce, dommage que le film ait été « modernisé » par rapport au livre). Je comprends l'engouement, j'ai été tout de suite happée par l'histoire de Eva et Nell, cherchant à survivre dans cette nature effrayante, car loin de tout et inconnue. C'est Nell, la cadette, qui raconte leur histoire, par petites touches, des souvenirs de leur mère, père, amis. Puis Jean Hegland montre leur quotidien : rationner la nourriture, trouver des nouveaux moyens pour se sustenter… Impossible de lâcher le livre dans les cent dernières pages, les évènements se basculent, les menaces, les imprévus… Un peu gênée parfois par la relation presque fusionnelle entre les deux soeurs mais il me restera surtout de ce roman cette découverte de la nature, l'espoir, la confiance en l'avenir. Un très beau livre, déçue que ses deux derniers romans n'aient pas encore été traduits.
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Combien de temps faut-il pour retourner à l'état sauvage ? Combien de temps pour que disparaisse ce que nous appelons civilisation ? Pour que nous devions renoncer à nos habitudes, nos espoirs, nos rêves et même parfois nos valeurs ?
Combien de temps met la forêt pour reprendre ses droits ? Et nous, perdons-nous nos droits à ce même moment (et quels droits avions-nous à la base d'abord) ? Quel équilibre après le déséquilibre ? La nature peut-elle renaturer ce que nous avons dénaturé ?
Ça fait beaucoup de questions, je sais. Et ce livre n'y répond pas. Pas directement, pas exactement. Parce que la question du temps n'y est jamais abordée véritablement, et pourtant il est bien là, les saisons passent, les récoltes suivent les semis, des gens meurent, d'autres naissent, le temps finalement retrouve sa vraie place, c'est un cycle immuable qui se fiche bien du désir des hommes.
Dans la forêt, un vrai spoil ce titre bon sang ! Oui parce que la forêt est au centre de cette histoire, elle évolue au fil des pages et se transforme en même temps que les deux jeunes filles qui l'habite. La nécessité fait loi et tour à tour elle protège, elle cache, elle isole, elle emprisonne, elle menace, elle nourrit et elle englobe. Pour les deux petites filles qu'étaient Nell et Eva, la forêt était un terrain d'aventure, de liberté, fait de cabane et des dangers évoqués par leur mère, tiques, sangliers ou sumac vénéneux. Elles n'avaient besoin de rien d'autre que d'être ensemble et dans la forêt. Puis, les petites filles grandissent et pour les adolescentes qu'elles deviennent la forêt représente toute la distance qui les sépare de leurs rêves, l'école de danse pour l'une, l'université ou un garçon pour la seconde. Elle les sépare des autres, fait d'elles des filles à part qui jamais ne pourront s'intégrer tout à fait au groupe des adolescents de Redwood, des Cendrillons qui doivent s'éclipser quand leur père vient les chercher avec la voiture avant minuit pour regagner leur maison au fond des bois. Les deux soeurs sont moins proches aussi, Eva s'enferme dans sa danse et Nell se retrouve souvent seule à errer sans but dans cette forêt qui a perdu toute sa magie.
Et soudain, le monde s'effondre. Je raconte n'importe quoi d'ailleurs, parce que cela ne se passe pas soudainement mais insidieusement : petit à petit tout s'évanouit, on a de l'électricité par intermittence, de moins en moins souvent puis plus du tout. Le téléphone fonctionne un jour sur trois, puis sur sept, puis se tait. On ne trouve plus d'essence, plus de médicaments, plus de nourriture, les écoles et les magasins ferment leurs portes. Sauf que quand on vit au milieu de la forêt on ne s'en rend pas tout de suite compte, on ne sait pas ce qui se passe ailleurs, on ne sait pas si ça touche le pays (voire le monde) entier ou seulement cette clairière oubliée. Le lecteur n'en sait pas plus d'ailleurs, et j'ai vraiment apprécié ce parti pris, on ne sait pas ce qui s'est passé, guerre, épidémie, catastrophe ? Et on s'en fiche, qu'est-ce que ça change après tout ? Rien. Absolument rien. Le résultat est le même et ce qui compte c'est ce qu'on va faire maintenant, ici, tout de suite. Il faut survivre, il faut s'adapter, il faut apprendre à faire autrement, ne plus attendre une hypothétique intervention extérieure et faire avec ce qu'on a. Et justement, il s'avère que ce qu'on a - quand on vit comme ça au milieu de la nature, c'est énorme - c'est tout ce dont on a besoin en fait (besoin pour vivre dans le monde tel qu'il est devenu, j'entends, mais à part ça heureusement qu'on a encore des livres et des sachets de thé dans son ancienne maison hein !).
Bon évidemment, la pilule est dure à avaler, on n'y arrive pas en un claquement de doigts, il faut du temps pour renoncer, du temps pour abandonner petit à petit les facilités et les conforts de son ancienne vie, mais on peut y arriver. Le plus difficile c'est sans doute de renoncer à ses rêves, devenir danseuse étoile, être admise à Harvard, et au début c'est grâce à eux - aux rêves - qu'on tient le coup, qu'on reste debout, c'est pour eux qu'on a envie de continuer, on attend que tout redevienne comme avant et on pense pouvoir reprendre sa vie là où elle s'était arrêtée. Au bout d'un moment cependant, il faut bien admettre que rien ne va se passer comme prévu et il devient vital d'envisager autre chose. Et à ce moment là, la forêt est là et vous tend les bras, à vous d'ouvrir les yeux et tous vos chakras afin d'y trouver les ingrédients et forces nécessaires à la construction d'un monde nouveau.
Ouah la vache, je m'emballe ! C'est beau, quelle apothéose ! Back to the trees ! Vous l'aurez compris (ou pas, alors je le dis), j'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture qui mêle avec subtilité post-apocalypse et nature writing (j'ai même du mal à rentrer dans la suivante). Il faut croire que j'ai laissé une petite partie de moi quelque part sous une souche ou un tapis de feuilles mortes là bas, dans la forêt…
Bref, je conseille à tout le monde de faire cette petite randonnée forestière, et en plus, ça peut aider en cas de fin du monde ;)
Lien : http://tracesdelire.blogspot..
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Je ne dirais pas que ce roman m'a véritablement captivée, mais je l'ai lu facilement, et il m'a intéressée par divers aspects : j'ai particulièrement apprécié les "leçons d'autarcie" qu'il donne, au sein de ce monde, cette Amérique dont l'économie s'est effondrée, qui a été marquée par des épidémies et la coupure totale de l'électricité et des moyens de communication. Nell et sa soeur Eva se trouvent donc totalement isolées dans la forêt, leurs parents avaient choisi de les élever à la maison sans qu'elles aillent à l'école, elles ont reçu une éducation libre. Nell venait de recevoir, avant que tout aille de travers, sa lettre d'acceptation à Harvard, moyennant qu'elle passe des examens complémentaires, et Eva, douée pour la danse classique, pouvait être prise au ballet de San Francisco.

Mais la vie en a décidé autrement, et elles se trouvent aujourd'hui seules dans leur maison perdue dans les bois, tâchant de ne pas trop épuiser leurs ressources. Nell continue à étudier mais n'a plus que l'encyclopédie à lire ; son texte - puisqu'elle écrit à la première personne dans un cahier retrouvé - est émaillé d'articles qu'elle a lus en passant. Elle a appris comment des femmes seules avaient survécu dans la nature, et s'est inspirée d'un livre sur les coutumes des Indiens pomos pour mieux connaître la forêt et ce qu'elle peut leur offrir, en termes de nourriture et de soins. Eva danse dans son studio, sans musique, continuant à exiger de son corps ce que seule une danseuse classique est capable d'exiger.
Toutes deux se retrouvent pour les repas, se disputent, se séparent, traversent des épreuves aussi, soudées - c'est un récit de sororité et d'autarcie, ainsi que de résilience, de deuil.

C'est encore un puissant témoignage sur les bienfaits de la solitude, et la façon de trouver sa place dans la nature, sans pathos, mais avec la plus vive attention. Ainsi, la Nature est un environnement, une entité qui prend la coloration de l'attention qu'on lui porte, du degré de présence.

C'est enfin un beau récit sur la jeunesse, le besoin de se projeter dans un avenir : des retours dans le passé nous éclairent sur l'itinéraire des deux soeurs, au moment où elles commençaient à connaître les autres jeunes de la ville d'à côté, à découvrir l'amour et l'alcool. Des visiteurs occasionnels entreront dans leur sphère, sous une forme positive ou destructrice, relançant les dés de l'avenir qu'elles imaginent et de leur relation à toutes les deux.
Ce n'est pas totalement un coup de coeur, car d'une part j'avais déjà vu le film, d'autre part des passages m'ont fait tiquer, ne me paraissant pas s'accorder avec la logique interne de l'intrigue, voire se révélant peu crédibles. En dépit de facilités, l'écriture est apte à capter durablement l'attention, j'y ai trouvé de belles formules, des trouvailles de langue.
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Un gros coup de coeur pour cette dystopie atypique. Je confirme une critique que j'ai lu. Pas besoin de science-fiction, de monstres, de vampires, manipulations politiques et médias pour rendre un monde post apocalyptique.
A l'heure actuelle, Nell et Eva sont seules au milieu de nulle part. Leurs parents sont morts. Elles vivent en ermite dans la forêt. Plus d'électricité, plus d'eau courant, plus de pétrole… Plus rien… Elles sont livrées à elles-mêmes. Un chaos sans nom pour ces filles qui se sont trop habituées à la modernité.
Un duo très touchant. On demande comment ces jeunes adultes vont survivre dans la forêt qui leur est devenue hostile. A travers le journal intime de Nell, le lecteur verra comment ces deux soeurs vont essayer de survivre, trouver des solutions à chaque évènement qu'elles vont vivre.
J'ai été captivée par ce roman. Pour moi, ces filles auraient du être comme un poisson dans l'eau dans cette nature sachant qu'elles y ont toujours vécu. Mais Nell et Eva vont devoir se la réapproprier à nouveau et revenir sur des besoins primaires. Jean Hegland aborde beaucoup de thèmes importants qui feront une remise en question pour l'auteure. Nous verrons des jeunes femmes qui ont connu l'ère moderne, des passions envahissantes et vont devoir se contenter de peu… Compliquer pour toute personne. le lecteur verra les héroïnes évoluer et devenir des héroïnes hors normes.
Beaucoup de questions nous traversent l'esprit… Vont-elles rester solidaires? Sont-elles en sécurité dans cette forêt silencieuse?
Un roman nature writing avec beaucoup d'émotions et valeurs. En temps normal je ne suis pas une grande fan de ce genre littéraire. Mais Melissa m'a conseillé et m'a convaincu. J'étais désespérément à la recherche de la pépite et ne pas rester sur mes déceptions passées. Je la remercie sincèrement. Son coup de coeur est devenu le mien.
Une très belle histoire d'amour fraternelle.
Un très beau retour vers la nature.
Une très belle leçon de vie.
Un très beau coup de coeur.
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Que faire si le monde tel que nous le connaissons aujourd'hui s'effondrait ? Comment vivre, par exemple, sans électricité, sans réseaux de communication, sans essence, sans médicaments ? Comment réagir si les magasins étaient vides, si les épidémies se multipliaient, si le chaos s'installait ?

Nell et Eva vivent dans un tel monde. Désormais orphelines, elles habitent toujours le chalet familial situé au coeur de la forêt, isolé. Etre à l'écart des autres, elles en ont l'habitude, leurs parents ayant choisi de ne pas les scolariser. Ce qui ne les empêche pourtant pas d'exceller chacune dans un domaine, la danse pour Eva, les études pour Nell. Mais le monde a changé, impliquant inévitablement une modification du mode de vie, des aspirations. Il faut apprendre, pour survivre, à se réapproprier la terre, la nature, la forêt. Et ce n'est pas une mince affaire, car, dans un tel monde en lambeaux, les menaces sont multiples...

Tant de lecteurs ont été conquis par ce roman, je ne suis qu'un de plus. Ce récit vous agrippe dès les premières pages, interrogeant notre conscience et nos comportements, on se sent à la fois coupable et penaud. On s'attache au devenir de ces deux soeurs livrées à elles-mêmes, sur lesquelles l'histoire se concentre. de l'évolution du monde extérieur en revanche, nous ne saurons rien, ou presque. Libre à chacun de se faire sa propre idée...

C'est une lecture forte, marquante, qui bouscule et interpelle. Parce qu'elle pose la question du gaspillage des ressources naturelles par l'être humain. Et parce que l'on craint malheureusement que cette fiction devienne un jour réalité.

Un dernier petit mot pour saluer les nouvelles couvertures des éditions Gallmeister, en particulier celles de la collection Totem : elles sont, à l'image de la couverture du présent roman, absolument magnifiques !
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Une crise politique sans précédent a plongé le pays dans le noir. Près de Redwood, dans une maison isolée au abords d'une forêt, deux soeurs, Eva, 19 ans et Nell, 18 ans, tentent de survivre. Elle n'ont plus rien : plus de parents, plus d'électricité, plus d'essence pour se rendre en ville... Roman intense et troublant, magnifique exemple de résilience, plaidoyer écologique, guide de survie, ode à une nature à la fois féroce et féconde, roman noir, huis clos oppressant... tout s'entremêle dans ce récit puissant que j'ai eu du mal à lâcher.
il y a quelque chose de très profond dans le rapport qu'entretient l'Homme avec la nature, tour à tour salvatrice et nourricière, ou destructrice et hostile; Entre peur, répulsion et besoin presque charnel d'y retourner, comme dans un giron maternelle. C'est cette idée, omniprésente, qui rend ce récit particulièrement fascinant.
Un très beau roman, a lire en sirotant une décoction de millepertuis.
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Je ne parlerai pas de l'histoire. D'autres l'ont très bien fait avant moi. Non, je voulais juste dire que j'ai refermé le roman de Jean Hegland avec une furieuse envie d'aller en forêt !
Cela fait des mois que je n'y étais pas allée. J'avais presque oublié tous les bienfaits, tout le plaisir à ces balades. Se promener parmi les arbres, forts, majestueux, protecteurs, rassurants. Les chênes, les marronniers, les sequoias, les pins, les peupliers… Admirer leur tronc imposant, leur feuillage fourni et coloré, d'un vert prononcé ou fait d'or et de rouge selon les saisons. Avancer au coeur de la forêt, écouter le silence ou juste le chant des oiseaux. Sentir cette force qui entre par tous les pores de la peau. Respirer à pleins poumons cette nature et en sourire d'enchantement. Imaginer peut-être que, derrière un fourré, se cachent de facétieux lutins. Se sentir là parmi la vie, la générosité, la beauté.
J'avais oublié mes longues promenades avec mes parents, quand j'étais enfant ; ou encore, main dans la main, avec ceux qui ont compté dans ma vie. A contourner les fougères, les arbustes ou encore les champignons, faisant craquer les feuilles mortes, chaque pas était un plaisir. J'avais oublié ces fois où j'avais ramassé des fleurs sauvages (toutes ces clochettes, pervenches, genêts, etc.). J'avais oublié les fois où nous cherchions à donner le nom de tel arbre, telle plante, regrettant de ne pas en connaître plus sur cette nature sauvage, pourtant si proche de nous. Plus tard, je ferai une balade dans un arboretum avec comme guide une botaniste qui nous raconterait devant chaque arbre, son histoire, ses anecdotes, ses bienfaits ou dangerosités (comme une touriste japonaise, j'avais alors pris en photo tous les arbres qui m'émerveillaient).
J'avais oublié ces fois encore où nous avions eu la chance de croiser sur notre route un écureuil, un renard, quelques lapins et même une biche ! J'avais oublié les marrons que nous glissions dans les poches. Ou encore ces cueillettes de fraises des bois ou de mûres et de toutes les confitures que j'ai pu faire ces dernières années. Et l'odeur des mûres qui cuisaient, enfumant de ce parfum sucré toute la cuisine ; toutes ces confitures qui auraient un goût plus savoureux et délectable que tous celles achetées en supermarché. Rien que le plaisir -quasi fier- d'enfoncer une cuillère dans cette confiture que nous avions faite, une confiture naturelle et bio !
J'avais oublié la joie aussi d'aller dans le potager et le verger de mon grand-père (ramasser les salades, les petits pois, les différentes variétés de tomates, les pommes et les poires), de passer du temps avec ma famille, prenant l'air et le soleil, papotant en même temps de tout un tas de petits riens.
Pris dans nos vies à cent à l'heure, ces heures de boulot, dans ces embouteillages, les transports en commun, notre temps passé devant la télé et ses émissions insipides, sur Internet à rechercher encore je ne sais quoi, trop fatigués par ces journées, pris par le (mauvais) temps, le train-train, les obligations du foyer, on ne sait plus prendre le temps à ce qui est précieux, à ce qui fait pourtant tellement de bien et nous ressource infiniment. On ne sait plus goûter aux joies simples, aux petits choses du quotidien. Cette société de consommation à laquelle on participe nous a rendu speed, hyperactifs, souvent nourris d'aliments et de plats très loin d'être sains, gavés de programmes ou d'activités insipides et creuses, un rien « lobotomisantes ». Certes, nous commençons à adopter quelques gestes écolo (le tri des déchets, donner nos vieux vêtements, faire du compost, économiser l'eau, etc.), acheter des produits bio ou plus locaux. Ça ressemble à une goutte d'eau mais ce n'est peut-être pas trop tard.
Durant la lecture de ce roman, comme une coïncidence étonnante, quelque peu ironique, j'ai eu un problème d'Internet. Sans télévision, sans internet, je me suis sentie perdue, tellement je n'étais plus habituée à vivre sans cela. Mais quel plaisir ensuite de réaliser tout ce temps qui n'était justement pas perdu inutilement. Alors, j'ai lu, la nuit tombée, en pensant à ces deux jeunes femmes. A un moment, j'ai eu envie de rechercher sur Internet une information sur une des plantes dont parle Nell lors de ses immersions en forêt. D'abord, frustrée de ne pouvoir utiliser un site de recherche, je me suis enfin rappelée que j'avais, au fond de ma bibliothèque, des livres et guides sur la faune que je n'avais pas ouvert depuis des années. J'ai notamment ressorti un vieux livre de poche tout corné ‘mon herbier de santé' que j'ai feuilleté avec avidité pendant toute une soirée. (petit mémo : dire à ma mère de ne pas couper les orties au fond de son jardin…)
J'ai refermé le roman, avec une vision de ce qui m'entourait un peu différente, plus acerbe et/ou exacerbée, mais surtout plus désireuse de nature, de profiter de ce qu'elle nous offre, de produits sains, de moments simples et si enrichissants. Ce roman est comme un réveil de notre conscience et ça fait du bien.
Je me suis promis de me procurer rapidement un guide de la flore, des arbres de nos régions. Et le week-end suivant, j'étais à la cueillette de mûres et j'ai retrouvé ce plaisir-là, ce petit bonheur que j'avais si longtemps délaissé. Les pots de confiture dans ma cuisine me le rappellent. J'en ai encore le sourire rien que d'y repenser.
Vraiment, la forêt m'avait trop manquée !
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La vie. La mort. L'amour. Dans n'importe quel ordre.

Ce roman magistral et superbement bien écrit d'une auteure que j'apprécie, cette dystopie très vraisemblable, m'a angoissée tout au long de ma lecture. Car oui, c'est vraisemblable ! Je me souviens quand on a parlé il n'y a pas si longtemps des éventuelles coupures d'électricité, des épidémies (mais ça, c'est arrivé !) ; tout ça, à cause d'une Terre qui s'emballe et se braque devant les hommes, outrée de ce qu'on lui fait subir.

Nous sommes en Californie, et très insidieusement, tout s'est arrêté. Ca a commencé par des coupures sporadiques d'électricité, puis une électricité intermittente, et puis plus d'électricité du tout. Tout comme dans « Ravage », de Barjavel, les hommes paniquent, se battent, s'isolent.

Nos deux adolescentes, Eva et Nell, la narratrice, viennent de perdre leur mère, et leur père ne restera pas bien longtemps avec elles. Elles devront se débrouiller, totalement seules, car leur maison est isolée en plein milieu d'une clairière, bordée par une forêt touffue, à 15 km de la ville la plus proche. Et elles ont 16 et 17 ans ! La cadette se rêvait danseuse professionnelle et l'ainée voulait postuler comme étudiante à Harvard. Leurs rêves auront-ils du plomb dans l'aile ? Pourront-elles s'adapter à ce nouveau monde ? Et celui-ci aura-t-il vraiment lieu ?

Et moi, comme elles, j'ai redouté, j'ai espéré, j'ai désespéré. Comme elles, j'ai dû faire connaissance avec la nature, autrement que par une simple promenade dans les bois !
Et je me dis que je devrais un peu plus m'intéresser aux plantes sauvages, à toutes ses « simples » que les Anciens utilisaient à bon escient. Comme Eva et Nell.

Elles connaitront une infinité d'expériences de toute nature, fascinantes, poignantes, horribles, exaltantes, concernant la vie, la mort, l'amour. Dans n'importe quel ordre.
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Deux soeurs adolescentes déscolarisées Nell et Eva vivent seules dans une maison dans une forêt en californie.

Nell écrit la chronique de l'époque dans laquelle elles vivent… les changements se sont produits petits à petits… plus de courant, plus de communication, des infections, plus de médicaments, plus de salaires...des rumeurs… des désastres économiques et écologiques…

Eva et Nell attendent que le monde revienne... et qu'on leur redonne leur vie.

C'est un livre un peu mystérieux et troublant de part le sujet traité et la relation entre deux soeurs.

Il y a une atmosphère vraiment spéciale dans ce roman d'anticipation de cette écrivaine Américaine Jean Hegland.

Ce roman a été adapté en 2015 au cinéma par Patricia Rozema.
Le film était fort aussi.

La couverture de ce roman aux éditions le livre de poche est particulièrement jolie et colorée.



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