Pendant la première guerre mondiale, Henry, un jeune Américain, est blessé sur le front italien et conduit à l'hôpital où il rencontre Catherine Barkley, une infirmière anglaise dont il tombe amoureux. Après un bref retour au front, Henry décide de revenir vers Catherine et de déserter. Ils partent tous deux pour la Suisse suivre leur destin.
Hemingway s'est toujours emparé des mythes éternels : la guerre, l'amour, la mort. C'est ce qui a fait son succès. Cependant, tout y est traité de façon symbolique. C'est à cause de la guerre justement que les plus nobles sentiments humains ne peuvent survivre. le courage est une douleur, l'amitié se transforme en cynisme et l'amour en tragédie.
Maintenant que tout a été dit, reste à le dire autrement. Rappelons que le roman est sorti en 1929. L'auteur a déjà peaufiné son style dans le précédent roman, "
le soleil se lève aussi", grâce à son travail de correspondant du Toronto Evening Star qui lui imposait un nombre de mots limité Il est ainsi devenu le maître de ce que les anglo-saxons appellent « understatement », où l'on en dit le moins possible pour suggérer beaucoup, où les sentiments personnels de l'auteur se cachent sous la partie immergée de l'iceberg, où le lecteur lui-même doit reconstituer cette partie avec son propre vécu, sa propre sensibilité, sa propre intelligence.
Hemingway a d'ailleurs gardé cette habitude de compter ses mots à chaque passage qu'il écrivait. D'où ce style qui semble très sec et insipide : oui, le héros a peur de divulguer ses sentiments car il ne sait pas s'il sera vivant le lendemain, les grandes effusions sont donc annihilées, il faut aller à l'essentiel, les sentiments tout comme les descriptions ne sont qu'esquissés, un trait pour le portrait, quelques coups de crayon bien sentis pour l'ensemble et surtout garder la surface visible sans jamais oublier la partie immergée. Voilà pour ce qui est de ce style d'
Hemingway, qui n'est pas sans rappeler les premiers dessins de Picasso et la peinture surréaliste (il admirait beaucoup Miró.) Restent des armes comme l'humour, le détachement devant trop d'intensité amoureuse ou amicale qui font que ses dialogues sonnent « vrais » et que les mots grossiers voire orduriers ont fait l'objet de censure à la sortie du roman, remplacés par des points de suspension…
Loin d'être un « roman de jeunesse »,
l'adieu aux armes (A Farewell to Arms ; arms en anglais: double sens de « armes guerrières » et des « bras aimants ») confirme
Hemingway dans son statut d'écrivain majeur et moderne en ce sens qu'il possède son propre style et que son apparent minimalisme est le fruit d'un long travail de recherche et d'élimination. Ce pragmatisme tout américain reste néanmoins au service de l'analyse des sentiments humains confrontés à un destin qu'ils n'ont pas voulu.