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Marc Saporta (Traducteur)
EAN : 9782070364657
240 pages
Gallimard (26/10/1973)
3.53/5   1543 notes
Résumé :
"Miss Stein et moi étions encore bons amis lorsqu'elle fit sa remarque sur la génération perdue. Elle avait eu des ennuis avec l'allumage de la vieille Ford T qu'elle conduisait, et le jeune homme qui travaillait au garage et s'occupait de sa voiture - un conscrit de 1918 - n'avait pas pu faire le nécessaire, ou n'avait pas voulu réparer en priorité la Ford de Miss Stein. De toute façon, il n'avait pas été sérieux et le patron l'avait sévèrement réprimandé après que... >Voir plus
Que lire après Paris est une fêteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (202) Voir plus Ajouter une critique
3,53

sur 1543 notes
Un tourbillon joyeux et mélancolique de souvenirs dans le Paris des années 20, où malgré la pauvreté, le jeune Hemingway et sa première épouse ont été follement amoureux et heureux de vivre.
L'écrivain commença à rédiger ses " vignettes parisiennes " ( titre original de l'ouvrage ) pendant l'été 1957, mais l'introduction nous apprend que le livre, maintes fois remanié par les éditeurs, ne parut qu'en 1964, trois ans après le suicide de l'écrivain. Fort heureusement, le texte est maintenant réédité dans sa version d'origine, introduit par Sean Hemingway, son petit-fils.

Chaque " vignette parisienne ", fragment de vie, est un peu comme une coupe de champagne - avec plus ou moins de bulles, plus ou moins fraîche, issue d'un grand cru millésimé ou d'un simple assemblage - toujours élaborée avec précision, sans artifice ou effet littéraire. Un champagne peut-être un peu sec parfois, une écriture un peu trop épurée à mon goût par moments.

Largement autobiographique comme le dit lui-même Hemingway en introduction :
" Cet ouvrage contient des matériaux tirés des remises de ma mémoire et de mon coeur. Même si l'on a trafiqué la première, et si le second n'est plus. "
C'est en cela que l'oeuvre prend toute sa valeur et a suscité mon intérêt. On ne croise pas tous les jours Gertrude Stein, Scott Fitzgerald, Ezra Pound, James Joyce... que l'auteur ressuscite pour son lecteur de façon très vivante avec des anecdotes souvent savoureuses.
Hemingway nous livre ici par touches des éléments de sa méthode de travail en cours d'élaboration, et ça, c'est aussi tout à fait passionnant.

Ode à l'amour, l'amitié, l'inspiration artistique, le talent sans oublier une vue panoramique somptueuse sur Paris !

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Paris est une fête, là-dessus je suis bien d'accord avec Hemingway... Pourtant, cette lecture n'a pas été la fête brillante et fascinante que j'espérais.

Le titre de travail qu'Hemingway avait donné à ce livre était 'Vignettes parisiennes', et c'est exactement de cela qu'il s'agit : une succession de morceaux de bravoure sur le Paris des années 20, celui qu'il a connu lorsqu'il y vivait avec sa première femme Hadley. Celui d'Ezra Pound, de la librairie de Sylvia Beach, des courses, des troquets, de la Closerie des Lilas, de Scott Fitzgerald, de Gertrude Stein, des jours de faim et des petits secrets d'amoureux qu'il partage avec Hadley.

Nul doute qu'Hemingway ait un talent fou pour faire revivre ses années folles et insouciantes ou pour décrire ses amis artistes, qu'ils soient fous, répugnants ou simplement gentils. Nul doute non plus que les passionnés de Paris se réjouiront de suivre ses itinéraires place de la Contrescarpe ou le long de la Seine. Nul doute enfin qu'Hemingway ait soigneusement travaillé ce texte, comme le montrent les fragments écrits et réécrits, rassemblés en fin d'ouvrage.

Cela dit, il s'agit d'une collection d'instantanés. Des instantanés certes justes et admirables, mais pas toujours liés entre eux et souvent un peu froids. J'ai parfois regretté de ne pas avoir l'histoire et les émotions, celles de sa vie avec Hadley et leur petit Bumby. Disons que j'avais bien aimé 'Madame Hemingway', le récit de cette période vue par les yeux d'Hadley, et que j'attendais d'en avoir le pendant masculin et plus littéraire. Hemingway a choisi de faire autre chose... Tant pis et tant mieux.

Challenge Nobel 14/15.
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Je suppose que j'ai pris ce livre en mains pour en revendiquer le titre, comme un exorcisme contre les manifestations guerrieres de differents camps, contre les tags antisemites qui souillent les murs de la ville.

Paris est une fete. L'edition francaise du livre arbore ce titre mais l'original c'est "A moveable feast". La fete y est mais elle est mobile, portable, elle ne se passe pas qu'a Paris, mais aussi en Autriche.

Laissons le titre et ouvrons le livre. C'est le dernier d'Hemingway, paru après sa mort, après son suicide. Sachant cela ma lecture en a ete influencee. J'y ai vu un chant de cygne ou Hem (comme l'appellent ses connaissances dans le livre) se rememore le temps enchante ou il etait capable d'aimer, de boire, de jouer, de boxer, de voyager, de lire, et en meme temps d'ecrire.

Mais je suis conscient que c'est une lecture tres conditionnee. En fait, tout le livre ne tourne peut-etre qu'autour d'une passion: l'ecriture. Et de la discipline qui en decoule et qu'il s'etait impose a Paris dans sa jeunesse. Ne jamais boire après manger, ni avant d'ecrire, ni pendant l'ecriture. Par contre, a la fin d'une journee feconde, il s'octroie un verre de kirsh. Il renonce au journalisme et a ses emoluments parce que ca gene le travail de l'ecrivain. Quand il s'apercoit que les courses de chevaux lui volent trop de temps, il arrete, malgre ce que ca lui rapporte – car il a des tuyaux. Quand il mire une jeune fille qui s'installe pres de lui au café, il pense " tu m'appartiens, comme Paris m'appartient, mais moi j'appartiens a ce cahier et a ce crayon".

Les faits rapportes ne sont pas peut-etre pas rigoureusement autobiographiques, vu que l'auteur lui-meme indique dans sa preface q'on peut considerer le livre comme une oeuvre de fiction. Pour moi ils sont autobiographiques dans leur essence, sinon dans les details. Un americain pour qui Paris est un décor ou se rencontrent des Anglophones. Dans tous les portraits qu'il brosse (entre autres Gertrude Stein, Ezra Pound, Ford Madox Ford, Scott Fitzgerald), pas un francais (j'en ai peut-etre rate un?). Enfin, pas un ecrivain francais. Que des garcons de café et des concierges. C'est un peu choquant, l'autosuffisance anglosaxonne. Mais je me resaissis vite et je me dis qu'au XXeme siècle Paris n'aurait pas ete tout a fait Paris sans les etrangers, du moins en litterature. Bien sur Fargue garde une place de choix dans mon coeur, et beaucoup d'autres que je ne nommerai pas pour que ca ne devienne pas une liste. Mais Paris sans tous ces americains de la "generation perdue"? Sans Miller? Paris sans les "mitteleuropeens" de l'entre-deux-guerres? Sans les flaneries dans ses passages a la Walter Benjamin? Sans les saouleries dans ses cafes a la Joseph Roth? Sans les sudamericains de la seconde moitie du siècle? Sans le Marelle de Cortazar? Sans ces chinois qui s'y decouvrent et finissent par y recevoir le Nobel? On a fete Paris dans toutes les langues. Et ca continuera. Paris a ete une fete. Paris est une fete. Paris sera une fete. Paris continuera d'etre accueillant. Pourvu que les tags disparaissent.
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"Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine..."
(G. Apollinaire)

Michel-Ange a dit qu'il n'a jamais créé aucune statue, car elles vivaient déjà toutes dans le bloc de marbre de Carrare, et tout ce qu'il avait à faire était de les en libérer. "Paris est une fête" aurait très bien pu naître de façon similaire. Hemingway a seulement ramassé les souvenirs et les mots que le vent a dispersés aux quatre coins de Paris.
Et pourtant, on a failli ne jamais pouvoir s'en délecter.

Les dernières années d'Hemingway, qui comptait toute sa vie sur sa robustesse et sur son élan vital, étaient assombries par la dépression, une maladie chronique du foie, de l'hypertension, et pire encore - il commença à perdre la mémoire. Lui, toujours si fier de sa capacité dickensienne à retenir les noms et les lieux...
En novembre 1956, il a retrouvé au sous-sol de l'hôtel Ritz deux valises bourrées de notes de son séjour parisien en compagnie de sa première femme Hadley, et les retravailler sous forme de ce livre était probablement une sorte de thérapie.
"Maintenant, jamais, il n'écrirait les choses qu'il avait gardées pour les écrire jusqu'à ce qu'il eut assez appris pour les écrire bien. En tout cas, cela lui éviterait d'échouer dans sa tentative. Peut-être n'arrivait-on jamais à les écrire, et peut-être était-ce pour cela qu'on les remettait à plus tard et qu'on ne pouvait pas se résoudre à commencer", réfléchit le héros des "Neiges du Kilimandjaro", l'écrivain Harry, sur le point de mourir. Et comme première de ces choses, il nomme Paris.
Hemingway a réussi in extremis, et trois ans après sa mort, grâce à sa quatrième femme Mary Welsh, le livre est parti à la rencontre de ses lecteurs.

Qui n'aimerait pas "Paris est une fête" ? Certes, ce n'est pas pour ces "vignettes parisiennes" qu'Hemingway a reçu le Nobel, mais même son fan le plus aguerri peut parfois ressentir une certaine lassitude à la vingtième description détaillée de la chasse au koudou. Tandis que ce charmant livret ne peut ennuyer ni offenser personne.
Hemingway n'a jamais vraiment séparé la réalité de la fiction, et sa forme prosaïque mal définie reste aussi légère et pétillante que le vin blanc de Mâcon dont il est souvent question dans ces sketches parisiens.
On s'immerge avec bonheur dans cette vie bohème, où la tâche la plus difficile de la journée était de se lever avant midi, et écrire quelques pages avant de se recoucher le soir. La vie entre bars, cafés, hippodromes, littérature et rencontres au gré du hasard. C'est au lecteur de décider s'il a envie de sauter le chapitre sur l'obscur poète Ralph Cheever Dunning, et lire plutôt celui sur l'éclatante grandeur d'Ezra Pound ou celles sur Gertrude Stein, dont on sait déjà un peu plus ; si ce n'est qu'elle a beaucoup influencé le propre style d'Hemingway, même s'il ne voulait jamais l'admettre. Vous serez touchés par la rencontre avec le barde aveugle d'"Ulysse", James Joyce, et à chaque apparition de F. M. Ford ou Wyndham Lewis, vous ressentirez une très forte envie de les frapper sur la tête avec un croissant. Sans parler d'inoubliables passages tragicomiques sur le triste chevalier de la nouvelle prose américaine, F. S. Fitzgerald. Et Zelda, bien sûr...

Tout ce beau monde mis à part, le livre est aussi un intéressant témoignage sur son auteur, qui se laisse aller à une douce nostalgie. On sait qu'Hemingway était plutôt susceptible, et habitué à régler ses comptes par de mordantes allusions littéraires. On sait aussi qu'il n'était pas exactement un modèle de constance amoureuse, et qu'il savait aller durement (néanmoins honnêtement) à la poursuite de sa carrière. Mais ici on a affaire à un jeune Hemingway vertueux, un innocent écrivain débutant plein d'audace et de rêves, et un mari aimant, heureux de vivre d'amour et d'eau fraîche.
Il fait revivre le Paris des années perdues de sa jeunesse, où le vin et la nourriture étaient bon marché, et où on pensait assister à quelque chose qui ressemblait à la grande renaissance des arts ; ces temps que personne n'a alors estimés à leur juste valeur, et tout le monde l'a regretté après.
Boulevards au printemps, cafés où on pourrait passer la journée entière à écrire devant un seul verre sans être dérangé par les serveurs, et la joie... que ce soit en observant les mots qui s'alignent aisément sur le papier, ou la belle inconnue qui attend un amant anonyme dans le même café.

"Paris" se lit facilement et laisse une agréable impression. Il coule comme la Valse n°2 de Chostakovitch. 5/5 à cette beauté pure ; qu'elle vive à jamais comme souvenir des temps insouciants !
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De quoi sont faits nos souvenirs
ET
qui s'en soucie ?


Paris est une fête” n'est pas un roman à thèse. C'est un livre qui se prétend autobiographique et qui décrit ces années, juste après la première guerre mondiale, que Hemingway avait passé à Paris. L'auteur ne nie pas avoir largement retravaillé la réalité.

Il s'agit d'une collection de vignettes décrivant des conversations, des séances d'écriture au café, des repas parfois mémorables, toujours très arrosés, des vacances prises en Suisse ou à la Côte d'Azur,avec sa femme et leur bébé : le cheminement qui mène le journaliste-écrivain à abandonner le journalisme et sa précarité toute relative pour tenter l'aventure de l'écriture, connaître une franche misère, mais, peu à peu, se construire une certaine aisance. Nous sommes encore loin des parties de pêche en haute mer et des safaris en Afrique !

Paris, même s'il n'est pas un personnage au sens balzacien du terme, est toujours présent à l'arrière-plan: le Luxembourg, le boulevard Saint-Michel, l'église St. Etienne-du-Mont, voir la librairie Shakespeare & Company ou la Brasserie Lipp. Paris, qui change, virevolte, tournoie, surprend mais reste toujours elle-même. Quelle meilleure scène pour cet homme curieux de la vie, affamé d'expériences, mais surtout obsédé d'écriture ? Il y croise bon nombre d'auteurs, de peintres et de rédacteurs, observant chacun, parlant avec tous, se protégeant derrière un humour sec comme le gin le plus pur. Souvent, il les juge, en mettant quelques balles dans le mille.

Hemingway lui-même se montre en homme calme, quoique colérique, sûr de son talent, de sa force, des succès à obtenir, de son couple même. Rien ne peut le dévier de sa trajectoire : “ tu as écrit, tu écriras encore… “ se dit-il quand l'inspiration vient à manquer.

L'auteur écrit ces lignes à l'autre extrémité de sa vie. “Paris est une Fête” montre déjà un Hemingway passablement alcoolisé. Dans les dernières vignettes, on descend un ou deux verres de rhum le matin, en travaillant, puis le déjeuner est précédé d'un ou deux apéritifs , arrosé d'une ou deux carafes de vin par personne, vous prendrez bien un petit digestif, l'après -midi on se promène, on rencontre des amis, on passe au café, un petit whisky par ci, un cognac par la, et puis il y a le repas du soir et d'éventuelles sorties. Dans la mesure où les finances le permettent. Les finances, justement, vont de mieux en mieux. Quand Hemingway écrit “Paris”, plus de trente années plus tard, c'est un homme à la santé chancelante. Un homme qui souffre, aussi, d'une dépression sévère. A tel point qu'on lui a prescrit des électrochocs. Vers cette fin des années cinquante, c'est une thérapie qui efface progressivement la mémoire à long terme, et qui aplanit les émotions. Exactement ce dont vit un écrivain.Ainsi est-ce l'Hemingway du crépuscule qui nous conte les aurores de sa vie d'auteur, telles qu'il veut s'en souvenir. Un testament ? Non, sans doute une série de contes plus ou moins véridiques, comme le sont nos souvenirs du bon vieux temps.






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critiques presse (3)
Lexpress
27 juillet 2011
Mieux qu'une simple réédition, Paris est une fête d'Ernest Hemingway paraît aujourd'hui dans une version augmentée, plus fidèle à l'esprit de l'auteur et commentée par ses descendants. Un must.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
27 juin 2011
Oui, une fête perpétuelle, un hymne à la joie, une quête quasi mystique de "la vraie vie". Et un livre culte qui n'a pas pris une seule ride.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LePoint
16 juin 2011
Ah ! ce titre ! Il dit tout. Il dit, surtout, que quand on a vécu à Paris ce que lui, Hemingway, y a vécu en ce temps-là, quand tout le monde avait du talent et que le cours du dollar transformait en nabab n'importe quel exilé
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (217) Voir plus Ajouter une citation
[…]  Il y avait tant d’arbres dans la ville, que vous pouviez voir le printemps se rapprocher de jour en jour jusqu’au moment où une nuit de vent chaud l’instillerait dans la place, entre le soir et le matin. Parfois d’ailleurs les lourdes pluies froides le faisaient battre en retraite et il semblait qu’il ne viendrait jamais et que ce serait une saison de moins dans votre vie. C’était le seul moment de vraie tristesse à Paris, car il y avait là quelque chose d’anormal. Vous vous attendez à être triste en automne. Une partie de vous-même meurt chaque année, quand les feuilles tombent des arbres dont les branches demeurent nues sous le vent et la froide lumière hivernale ; mais vous savez déjà qu’il y aura toujours un printemps, que le fleuve coulera de nouveau après la fonte des glaces. Aussi, quand les pluies froides tenaient bon et tuaient le printemps, on eût dit la mort inexplicable d’un adolescent.
Et même si le printemps finissaient toujours par venir, il était terrifiant de penser qu’il avait failli succomber.
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Quand je cessai de m’intéresser professionnellement aux courses, je me sentis heureux, mais j’avais conscience d’un vide en moi. J’appris à la même époque, que tout ce qu’on abandonne, bon ou mauvais, laisse un sentiment de vide. Mais si c’était quelque chose de mauvais, le vide se comblait tout seul. Dans le cas contraire, il fallait trouver quelque chose de meilleur pour refaire le plein. 
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C’est dans cette chambre que j’appris à ne pas penser à mon récit entre le moment où je cessais d’écrire et le moment où je me remettais au travail, le lendemain. Ainsi, mon subconscient était à l’œuvre et en même temps je pouvais écouter les gens et tout voir, du moins je l’espérais; je m’instruirais, de la sorte ; et je lirais aussi afin de ne pas penser à mon œuvre au point de devenir incapable de l’écrire. En descendant l’escalier, quand j’avais bien travaillé, aidé par la chance autant que par ma discipline, je me sentais merveilleusement bien et j’étais libre de me promener n’importe où dans Paris.

Si je descendais, par des rues toujours différentes, vers le jardin du Luxembourg, l’après-midi, je pouvais marcher dans les allées, et ensuite entrer au musée du Luxembourg où se trouvaient des tableaux dont la plupart ont été transférés au Louvre où au Jeu de Paume. J’y allais presque tous les jours pour les Cézannes et pour voir les Manets et les Monets et les autres Impressionnistes que j’avais découverts pour la première fois à l’Institut artistique de Chicago. Les tableaux de Cézanne m’apprenaient qu’il ne suffirait pas d’écrire des phrases simples et vraies pour que mes œuvres acquièrent la dimension que je tentais de leur donner. J’apprenais beaucoup de choses en contemplant les Cezannes mais je ne savais pas m’exprimer assez bien pour l’expliquer à quelqu’un. 
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- Qu'est-ce qu'une canaille ? demandai-je. N'est-ce pas quelqu'un qu'on a envie d'étriller jusqu'à ce que mort s'ensuive ?
- Pas nécessairement, dit Ford.
- Ezra est-il un homme du monde ? demandai-je.
- Naturellement pas, dit Ford. Il est américain.
- Un Américain ne peut-il être un homme du monde ?
- Peut-être John Quinn, expliqua Ford. Certains de vos ambassadeurs.
- Myron T. Herrick ?
- Peut-être.
- Henry James était-il un homme du monde ?
- Presque.
- Êtes-vous un homme du monde ?
- Naturellement. J'étais officier de sa Majesté.
- C'est très compliqué, dis-je. Suis-je un homme du monde ?
- En aucune façon, dit Ford.
- Alors, pourquoi buvez-vous en ma compagnie ?
- C'est en qualité de confrère. Je prends un verre avec un jeune écrivain qui promet.
- Vous avez bien de la bonté, dis-je.
- Vous pourriez être tenu pour un homme du monde en Italie, dit Ford avec magnanimité.
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Scott Fitzgerald m'interrogea sans fard:
- Ernest, dites-moi; est-ce que votre femme et vous avez couché ensemble avant d'être mariés?
- Je ne sais pas.
- Comment, vous ne savez pas? Qu'est-ce que vous voulez dire?
- Je ne m'en souviens pas.
- Mais comment pourriez-vous avoir oublié une chose aussi importante?
- je ne sais pas, dis-je. Bizarre, n'est-ce pas?
- C'est pis que bizarre, dit Scott. Il faut que vous soyez capable de vous en souvenir.
- Je regrette. C'est désolant, n'est-ce pas?
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