L'adieu aux armes
Tout d'abord, je dois avouer que, lorsque je suis tombée par hasard sur ce livre, sur les étagères chez mes grands-parents, j'ai reconnu le titre pour l'avoir entendu dans une chanson (
Hemingway, de Garou). Voici la strophe dans laquelle ce titre est cité :
« C' n'est pas "
L'adieu aux armes"
C'est un monde qui disparaît
Les missiles n'ont pas le charme
Du vieux fusil d'
Hemingway
+
Et "
Pour qui sonne le glas"
Dans ce monde "anyway"
Chacun de nous finira
Comme le vieil
Hemingway »
J'ai donc eu envie, par curiosité et pour comprendre peut-être mieux le sens de cette chanson, de lire ce livre. Et me voici donc pour en faire une (longue) critique ^^
Tout d'abord, je dois dire que la seule lecture de ce roman ne m'a pas aidée à comprendre vraiment le sens des paroles de la chanson, j'ai dû faire de petites recherches complémentaires.
J'ai trouvé deux pages qui m'ont paru intéressantes, si ce n'est fiables, du moins ont-elles répondu à quelques questions que je me posais, je me permets donc de les partager ici, pour ceux qui désirent également en savoir plus sur le roman :
- https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Adieu_aux_armes
- http://rosannadelpiano.perso.sfr.fr/ONPA_
Hemingway_html.htm#com
Pour commencer, je reprendrais bien l'expression trouvée sur wikipédia pour définir le texte : « écrit dans un style froid et laconique ». J'aurais même dit « plat » pendant la grande majorité du texte. J'ai trouvé que l'auteur décrivait son quotidien de la guerre de manière totalement détachée, uniforme, sans passion ni sentiments. Une simple description froide et malgré l'écriture à la première personne, pas du tout personnelle. Il semblerait que cela ait été voulu, pour appuyer plus sur la différence entre l'horreur de la guerre et la passion amoureuse, qui constitue l'autre « moitié » de l'histoire.
En parallèle, je me suis demandé s'il s'était vraiment beaucoup renseigné ou s'il avait vécu la guerre pour décrire de manière si « professionnelle » les événements. J'ai découvert au cours de mes recherches que pratiquement toute l'histoire est tirée de son expérience personnelle, mais romancée, et quelques parties ajoutées ou tirées d'autres événements distincts de son engagement lors de la première guerre mondiale. Intéressant.
Je me suis également demandé très longtemps s'il allait se passer quelque chose, dans ce roman.
J'ai pu lire par la suite que l'épisode de la retraite de l'armée italienne était écrit de manière intense, voire dramatique, mais je n'ai pas ressenti cela. Au contraire, c'est un épisode qui aurait pu être plus marquant, pour marquer à quel point il est difficile pour le pays obligé de reculer, de perdre du terrain si durement et chèrement acquis. Enfin, je dois admettre que le suspens était au rendez-vous, ce qui constituait tout de même un changement bienvenu par rapport au début. Et peut-être cela était-il déjà suffisant pour l'époque après tout. Mais aujourd'hui, je trouve que ça n'allait pas assez loin. Disons pour être honnête que c'est à partir de là que j'ai cessé de m'ennuyer, j'ai cru que l'histoire commençait enfin. du moins pour un petit moment.
Puis il y a eu la partie « amoureuse », où les amants s'enfuient, se retrouvent en Suisse après quelques péripéties et rebondissements, et enfin vivent leur vie de couple sans plus penser à rien d'autre. Je me suis là aussi longtemps demandé s'il y avait un message de la part de l'auteur et s'il allait finalement se passer quelque chose d'autre. Mais je voyais la fin du livre arriver, et je me disais qu'il allait tout simplement nous raconter comment il avait ramené sa femme et son enfant aux Etats-Unis une fois ce dernier venu au monde. J'avais l'impression que l'adrénaline (pour le lecteur) était retombée et je me demandais si elle allait remonter ou pas … A un moment tout de même, lorsqu'ils ont dû monter dans un taxi pour rejoindre l'hôpital, je me suis demandé brièvement s'ils n'allaient pas tout simplement avoir un accident et tous mourir –à ce moment-là, je ne savais pas que le personnage principal pouvait autant être identifié à l'auteur lui-même et donc ne pouvait pas mourir encore. Mais lorsque les personnages ont atteint l'hôpital en bonne santé, je me suis fait une raison et me suis préparée à une fin décevante.
C'est donc là qu'est arrivé le CHOC. Si vous lisez ceci, j'espère que vous avez déjà lu le livre car je vais dévoiler la fin.
Finalement, pour moi, l'auteur a mis toute la force de son écriture, toutes les émotions et les sentiments réunis d'un coup et nous les a assénés dans cette fin tragique et cruelle, qu'il nous envoie en pleine figure, presque sans prévenir. du moins, c'est ainsi que je l'ai vécu. Comme si tout ce que l'on aurait dû ressentir durant le roman (compassion, horreur, tristesse), s'était éclipsé pour s'accumuler et n'apparaître que dans le final. J'ai cependant regretté que finalement le roman s'arrête comme ça, le héros déplorant la perte de sa femme et de cet enfant qu'il n'a pas connu ni voulu connaître, puis reprenant le cours de sa vie. J'ai beaucoup de mal à expliquer pourquoi j'ai ressenti une telle émotion dans le texte lors de ce passage final, alors que finalement l'événement ne me semble pas raconté avec plus d'ardeur que le reste. Peut-être ma sensibilité de maman, ou peut-être y a-t-il tout de même un petit quelque chose de plus à cet endroit. Mais quand le personnage principal nous dit pleurer la perte de sa chère Catherine, je le crois et le ressent mieux que lorsqu'il nous disait l'aimer profondément dans les parties précédentes. Comme si l'auteur savait mieux dire la douleur que l'amour. Peut-être. C'est comme ça que je le vois.
Sinon, un élément que j'ai trouvé intéressant dans ce livre, c'est de pouvoir voir une sorte de reflet de la relation entre hommes et femmes dans les années 20-30. Je ne vais pas entrer dans un discours féministe, car on sait très bien quelle était la place des femmes à cette époque, mais dans ce livre, j'ai presque eu l'impression de lire un documentaire sur le sujet, écrit par quelqu'un de l'époque concernée qui plus est. C'est l'intérêt finalement, que j'ai pu porter à un roman réaliste d'un autre siècle, on a un peu l'impression de remonter le temps pour observer.
J'ai pu régaler ma curiosité notamment avec tous les éléments liés à la grossesse et surtout à l'accouchement. Et ici, on voit par exemple la place de l'homme dans ce processus, c'est-à-dire loin ! Personne ne voulait de lui et lui-même ne voulait pas vraiment savoir comment ça se passait. Même de la grossesse, nul mot n'a été écrit, ou si peu, que ça semblait n'avoir aucune importance. Pour l'auteur.
Du point de vue des méthodes médicales, également, l'auteur ayant été ambulancier durant la guerre, explique très bien les rôles et décisions des infirmières et des médecins, tant pour l'accouchement de sa femme que pour sa propre hospitalisation après sa blessure au genou. Là encore, c'est intéressant de voir à quel point la médecine a fait des progrès, concrètement.
En somme, c'est un livre-choc pour moi, qui ne m'a pas laissée indifférente bien que j'ai passé presque 200 pages (sur 280) à me demander pourquoi je l'avais commencé, je ne regrette pas de l'avoir terminé, pour la culture, la curiosité personnelle, et la façon « étrange » à mes yeux de gérer l'émotion, mais il y a fort peu de chances que je le relise un jour. Et je n'ai pas non plus l'intention de lire «
Pour qui sonne le glas », malgré l'allusion qui y est faite dans la même chanson citée en haut de cette critique !