Nouveau spin off pour la série XIII, cette fois-ci pour raconter l'enfance d'un des plus emblématique personnages de la série, et aussi un des plus mystérieux : le major Jones.
Commençons d'abord par ce qui rattache totalement à la série XIII : le graphisme. le trait d'
Eric Henninot est particulièrement respectueux de celui adopté par
William Vance dans la série originale. On aurait presque du mal à discerner des différences, contrairement notamment au travail de
Philippe Berthet pour le tome 2 et Irina (il en avait bien le droit puisque rien n'oblige dans ces spin-offs les dessinateurs à coller totalement au style de base je pense). Il est intéressant de se retrouver ainsi plongé dans un épisode totalement en adéquation, y compris dans la narration et les personnages.
En effet, on retrouve le major Jones, très cohérente avec elle-même dès sa petite enfance, avec un caractère bien trempé mais très enfantin, donc totalement cohérent. Mais on croise également Carrington et on assiste à la création du lien avec Jones... et on pourra également croiser d'autres figures de la série, mais ça je vous laisse le découvrir.
La narration ressemble beaucoup là aussi au travail de van Hamme, de longs dialogues, des jolies filles, de l'action, le tout artistiquement dosé pour soutenir l'attention du lecteur. Même le contexte est intelligemment brossé : alors que la série originale joue de la cinfusion possible avec l'affaire Kennedy, Yann aborde ici le mouvement des drois civiques des Noirs américains, fusionnant en un seul homme
Martin Luther King et
Malcolm X (Marthin Calvin X), ce qui permet une certaine liberté et un hommage appuyé pour ceux qui se sont battus pour une cause juste. Les Blacks Panthers sont également décrits, avec juste un déguisement des noms des leaders.
Ce qui m'a un peu plus étonné (et pour tout dire dérangé) est l'affaire Polanski-Tate abordé beaucoup plus directement. Les quelques modifications choisies volontairement pour ridiculiser
Polanski (puisque "Boltanski" est réalisateur de films érotiques) et le rôle qui lui est donné dans le meurtre de Sharon Tate (Sharon Bate ici, trop légère modification pour suggérer une simple réécriture) sont particulièrement à charge.
Polanski est revenu dans l'actualité en 2009 avec son arrestation et le risque d'extradition de la Suisse vers les Etats-Unis pour répondre de sa condamnation pour viol. Même avec modification (peu subtile) des noms, je trouve limite de transformer la réalité objective de l'affaire Tate et d'enfoncer encore un peu plus
Polanski. Je ne suis pas du tout un adorateur du réalisateur et trouverais absolument normal qu'il paie pour les actes commis... mais je ne comprends pas bien le petit jeu qui consisterait à instiller un doute sur la manière dont se serait déroulé le meurtre de son épouse. On m'a toujours appris qu'on ne tire pas sur les ambulances et il me semble que c'est ce que je vois ici.
Hormis cette gêne que je me devais d'aborder, le livre est vraiment réussi et répond totalement au cahier des charges de l'exercice "XIII mystery". J'ai retrouvé le plaisir de lire un XIII que j'avais parfois perdu avec la série principale où le délayage de l'intrigue pour gagner quelques tomes était parfois trop évident.