Il y a un âge pour mieux comprendre les ressorts cachés d'une oeuvre … Jusqu'ici, j'avais considéré ce vingt et unième album des aventures de Tintin comme relativement « plat », regrettant qu'il ne s'y passât pratiquement rien … Quelle lecture superficielle …
Car certains critiques le considèrent comme un chef d'oeuvre ! Publié en planches hebdomadaires à partir de 1961, les mésaventures de la cantatrice milanaise ont été édités en album en 1963.
Effectivement, l'intrigue – assez ténue – se déroule toute entière en un seul lieu : le château de Moulinsart et son parc.
Un cadre idéal pour laisser à l'auteur libre cours à sa vision critique de la société de son temps : préjugés racistes à l'égard des Tziganes, sans-gêne pyramidal des « emmerdeurs » qui envahissent votre quiétude : au premier chef la diva, l'assureur, les médias … la désinvolture des artisans. La scène de l'intrusion d'une équipe de télévision m'a rappelé un souvenir précis d'un tournage à la maison en 2014.
C'est surtout un festival de malentendus – au sens propre comme au sens figuré - de quiproquos, lapsus plus ou moins révélateurs.
Une succession de running gags inégalée dans toute la production de
Hergé : la marche brisée de l'escalier sera plus tard rejointe par le sparadrap du capitaine, toujours montré en victime (très consentante …) que l'on voit désormais attifé comme un gentleman-farmer.
Tintin, dans cet épisode, n'accomplit pas de prouesses physiques considérables. Il se contente d'observer, de refermer chaque nouvelle piste sans issue … et trouve, comme toujours le fin mot de l'affaire.
Quant à Bianca, l'héroïne, elle n'est jamais apparue aussi toxique. Il est vrai que
Hergé, à l'époque, était en plein divorce !
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