[…] c'est justement qu'en on se trouve en difficulté et qu'on est sorti du droit chemin, quand on aurait le plus grand besoin qu'on vous corrige, qu'on répugne justement le plus à rentrer dans la bonne voie et à aller trouver son correcteur normal.
Si nous pouvions rendre un homme plus heureux et plus serein, nous devrions le faire dans tous les cas, que l'on nous en prie ou non.
Pour régner, il n'est nullement nécessaire d'être sot et brutal, mais il faut se plaire constamment à une activité orientée vers l'extérieur, il faut la passion de s'identifier avec ses buts et ses propos, et aussi assurément de la rapidité et une certaine absence de scrupules dans les choix des moyens de réussir.
Les hommes vraiment grands de l'histoire universelle ou bien ont médité, ou bien ont trouvé sans s'en rendre compte la voie qui aboutit où nous mène la méditation.
Chacun de nous n'est rien de plus qu'humain, rien de plus qu'un essai, une étape.
Il avait déjà fait personnellement l’expérience que la foi et le doute vont de pair, qu’ils se conditionnent l’un l’autre, comme l’inspiration et l’expiration.
Nous approchons d'une époque critique ; partout on en sent les prémices, le monde s'apprête une fois de plus à déplacer son centre de gravité. Il se prépare des changements de pouvoir, ils ne s'effectueront pas sans guerre ni sans violence, et ce n'est pas seulement une menace pour la paix, mais une menace pour la vie et la liberté qui s'annonce du fond de l'Orient.
N'est ce pas un monde artificiel, stérilisé, châtré par vos maîtres d'école , est ce plus qu'un monde tronqué et en trompe-l'oeil, que cet univers où vous végétez lâchement, monde sans vices, sans passions, sans faim, sans sève ni sel, monde sans famille, sans mères sans enfants, et même sans femmes ou peu s'en faut ! La vie instinctive y est domptée par la méditation ; ce qui est dangereux, casse-cou, gros de responsabilité, comme l'économie, le droit, la politique, on l'a, depuis des générations, abandonné à d'autres ; on y mène lâchement sa vie de parasite, bien à l'abri, délivré du souci de se nourrir, sans obligations trop fastidieuses et, pour que cela ne devienne pas trop ennuyeux, on se consacre diligemment à toutes ces spécialités d'érudits, on compte de syllabes et de lettres, on fait de la musique et on joue au jeu des perles de verre, tandis qu'à l'extérieur, dans la crasse du siècle, de pauvres gens harcelés vivent la vie véritable et font le vrai travail.
Ces luttes pour la "liberté" de l'esprit eurent lieu, elles aussi, et leur conséquence fut que précisément à cette époque tardive des pages de variétés l'esprit jouit effectivement d'une liberté inouïe, qu'il ne pouvait plus supporter: il avait entièrement triomphé de la tutelle de l'Eglise, partiellement de celle de l'Etat, mais n'avait pas encore trouvé une loi véritable qu'il eut formulé lui-même et qu'il respectât.
Nous sommes faits pour reconnaître avec précision les antinomies, tout d'abord en leur qualité d'antinomies, mais ensuite en tant que pôles d'une unité