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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En cet été 2006, Milla, son père et sa mère débarquent sur l'île de Lampedusa. Voilà une décennie que leur maison de famille, usée par manque d'entretien, attend que les pas et les voix résonnent à nouveau sur son plancher et sous son toit. La famille italienne sort doucement de sa torpeur, les dernières années ont été dures. Leur arrivée ici annonce un regain de vitalité pour eux trois. Enfin, ils l'espèrent. La traversée est longue pour chacun d'eux. À l'origine de celle-ci, un drame. La disparition mortelle du frère de Milla, Manuele, encore bébé. Une tragédie qui a faillit en appeler une autre avec la tentative de suicide de sa mère.
À dix-sept ans, Milla avance dans la vie avec pour compagnie la mélancolie et la colère mêlées. Entre une mère fragile émotionnellement, un père impuissant et faible, et le souvenir flou d'un petit frère, l'adolescente s'est repliée sur elle-même. La communication entre elle et ses parents est rare. La tendresse a déserté le foyer pour laisser la place à l'amertume.
En venant sur l'île, les parents comptent refaire les peintures de la maison. le symbole d'un renouveau ? Milla, comme à son habitude, s'échappe. Elle récupère un vélo, et se met à sillonner l'île. Sa rencontre avec Paola, une jeune femme belle, lumineuse, avec la tête sur les épaules va bouleverser son existence.
Paola va réussir à extérioriser sa peine et lui apprendre à regarder autour d'elle. Elle va lui montrer d'abord la beauté de la nature environnante puis elle va lui parler des migrants venant d'Érythrée, de Lybie, d'Éthiopie, du Soudan... qui frôlent l'île dans de frêles embarcations serrés les uns contre les autres, pour se rendre en Europe. Des clandestins. Des hommes, des femmes, des enfants, privés de liberté traversent la mer méditerranée le coeur plein d'espoir, mais le corps criant famine. Elle va lui raconter aussi le courage de certains habitants de Lampedusa qui viennent au secours de ces bateaux de fortune, enfreignant la loi.
Milla ouvre alors grand les yeux qu'elle avait baissés depuis si longtemps, quittant définitivement le refuge dans lequel elle s'était recroquevillée pour rejoindre celui doux et chaud qu'on appelle le foyer, sa famille. Et porte désormais son regard sur autrui, sur ceux qui sont en quête d'un refuge, justement...
Avec intelligence et habileté, l'auteure aborde un sujet lourd, terrible, et toujours d'actualité : l'immigration clandestine. Par le truchement du mal être d'une adolescente, elle constelle le roman de plusieurs récits de jeunes hommes et de jeunes femmes en partance pour l'Europe : Amir, Meloata, Meron, Amanuel et d'autres expriment leurs sentiments, leurs peurs, leurs souffrances, et leur espoir d'accéder enfin à la liberté.
L'écriture est saisissante de réalisme, tour à tour émouvante, percutante et tendre. Aucun apitoiement. On perçoit le travail documentaire qui a été mené pour approcher la vérité. Un roman fort.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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Mila, jeune romaine de 17 ans, retourne, le temps d'un été, à Lampedusa, l'île où elle passait ses vacances enfant. Elle n'y avait pas remis les pieds depuis six ans. La maison familiale, la Pointe des Orangers, est toujours là. La famille est toujours là. Seul n'est plus là, le petit frère de Mila, mort d'une méningite alors qu'il était bébé.
La seule chose qu'elle redoute : passer quatre semaines avec ses parents, parce que juillet est depuis un mois funeste. "Depuis que Manuele était mort, c'était toujours la même chose : où qu'ils soient, Mila avait toujours l'impressionque son père cherchait à remplir le temps, de manière tellement désespérée que c'en était presque comique." La seule solution pour Mila d'échapper à l'ambiance morbide est de trouver un vélo est de partir explorer l'île. Gina, sa tante, va réaliser son voeu et lui prêter une vieille bicyclette Bianchi, d'un vert un brin kitch.
Sa mystérieuse cousine Paola, étudiante au visage de Madone, lui révèlera les secrets de Lampedusa, île paradisiaque, surnommée l'île du Salut.

Les aventures de Mila et De Paola sont entrecoupées, au fil de la lecture, par huit voix, venant de l'autre côté de la Méditerranée, d'Erythrée plus précisément. Les voix de jeunes de leur âge, qui décrivent le calvaire de leur vie dans leur pays natal et leur espoir de trouver une existence plus humaine en Europe. Prendre tous les risques, quitte à le payer de sa vie, ce sera toujours mieux que vivre en Erythrée. Ces huit voix, nous les retrouveront embarquées dans un Zodiaque pour une traversée de l'Enfer.

La narration joue sur le contraste entre la douceur de vivre qui émane de Lampedusa, avec son soleil, ses plages de rêve, le bleu du ciel, les fleurs partout, la langueur des habitants et l'horreur décrite par les Erythréens. Mila a une histoire familiale compliquée depuis la mort de son petit frère, une famille brisée et figée dans la douleur. Elle cherche en Lampedusa un refuge et un espoir d'un futur plus serein. Les migrants Erythréens portent cet espoir en eux également. le lien entre les deux histoires est de cet ordre : Lampedusa, l'île du Salut, l'île des refuges.

C'est l'énigmatique Paola à la beauté quasi mystique, qui révèlera à Mila la face cachée de cette île italienne aux confins de l'Europe : l'île des migrants clandestins, fuyant un véritable camp de travail forcé dans leur pays. Une véritable gifle pour Mila, la gifle qui l'aidera à grandir, surtout quand elle apprendra par la bouche de sa cousine qu'une loi votée en 2006 (la loi Bossi-Fini) a opéré "un durcissement des conditions d'accueil des migrants en Italie". Une loi qui a "conduit à la mise en place de poursuites judiciaires pour toute personne, notamment les pêcheurs qui, recueillant un migrant, se retrouve de fait complice d'immigration illégale".

Un roman magnifiquement écrit, qu'on ne lâche plus, sur un sujet d'actualité, comme souvent avec Annelise Heurtier. On se laisse porter facilement par la poésie de Lampedusa, on est tenu en haleine par les voix des migrants et horrifié par leur condition. Une lecture où l'on ne s'ennuie pas une minute et où l'on finit outré par la loi votée par le gouvernement Berlusconi de l'époque. Heureusement, un livre qui porte l'espoir dans les dernières pages.

Une lecture que j'ai apprécié même si mon horizon d'attente était un peu différent : je m'attendais à un récit davantage centré sur les conditions de vie des migrants survivants à Lampedusa, sur l'accueil réservé, le récit d'une rencontre, ce genre de choses-là.

En tout cas, un roman qui a le mérite de rappeler l'horrible réalité des migrants fuyant leur pays : s'ils fuient, c'est pour tenter de sauver leur vie, pas pour ""profiter" des aides sociales des pays européens", comme le dit très bien l'auteur à la fin du livre. Annelise Heurtier rappelle également que la loi Bossi-Fini "entre en contradiction avec plusieurs textes internationaux tels que la Convention des Nations unies sur les réfugiés", entre autres.
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En 2006, la jeune Mila vient passer quelques semaines avec ses parents sur l'île de Lampedusa, dans sa maison d'enfance qu'elle n'a pas revue depuis sept ans – elle avait alors dix ans. Ce retour ne lui rappelle pas seulement de bons souvenirs, il ré-ouvre aussi les plaies occasionnées par de tragiques événements familiaux.
L'histoire de Mila est entrecoupée de courts récits d'Erythréens subissant la dictature en place et prêts à tout pour quitter cet enfer. Lampedusa est précisément un lieu de passage dans leur exode.
Une rencontre entre ces deux mondes semble se dessiner.
Que cette rencontre se produise, ou non, à travers les personnages mêmes du livre n'a que peu d'importance. En effet le roman met leurs vies en parallèle assez longtemps pour faire percevoir les décalages que l'auteur a voulu mettre en évidence.

L'histoire de Mila est crédible, poignante, et racontée avec finesse (davantage que celle de l'adolescente dans "Là où naissent les nuages" de la même auteur, que j'avais aussi apprécié).
Les récits d'Africains sont encore plus bouleversants mais je les ai trouvés moins agréables à lire. Certainement parce que leurs vies semblent plus désespérées que celle de Mila. Probablement aussi parce que je m'identifiais moins facilement à eux qu'à la jeune Italienne. Mais peut-être également parce que ces voix sont plus dérangeantes pour l'occidental que je suis ?

Une note de l'auteur de deux pages en fin d'ouvrage rappelle le contexte historique. Même si aujourd'hui les Erythréens, ou leurs cadavres, ne sont plus ceux qui échouent le plus sur nos côtes européennes, le propos général reste malheureusement d'actualité…

Cet ouvrage destiné à un public adolescent invite aussi les adultes à réfléchir, et je le recommande donc pour tous, à partir de quinze ans.
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Refuges, ce livre d'Annelise Heurtier, raconte les vacances de Mila avec ses parents sur l’île de Lampedusa. Mais la vie avec ses parents n'a plus jamais été la même depuis la mort de son petit frère Manuel. Dans ce roman, il y a aussi plusieurs petits témoignages de migrants qui racontent comment ils ont fait pour fuir l'Erythré pour éviter le Sawa (service militaire obligatoire qui dure 10 ans). Ce livre se passe dans un cadre réaliste. J’ai plutôt aimé ce livre car il nous montre la vie ailleurs que chez nous, la misère, la terreur... Ce qui nous fait ressentir beaucoup d'émotions.
Antoine
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Lampedusa, un paradis pour les touristes, terre du Salut. Mila y a passé ses premières années en vacances estivales, lieu qui pour sa famille était signe de plénitude, rencontres familiales, jusqu'au jour où un drame familial a touché cette famille unie et tranquille. 6 ans après, ils y retournent, mais mila appréhende de rester enfermer, alors elle décide de partir à l'aventure, visiter, découvrir des endroits insolites, et elle le fera petit à petit en compagnie De Paola.
Parallèlement, se dessine le destin de clandestins qui veulent fuir l'Erythrée, où la torture, les camps militaires, l'interdiction de la presse indépendante, les arrestations sont la vie quotidienne de ces gens. On suit, au fil du roman, leur tragédie, à travers le regard de plusieurs personnes. Un roman qui ne laisse pas indifférent, et qui met le doigt sur cette tragique actualité des réfugiés qui par la Méditerranée transitent (lorsqu'ils y arrivent ...) et qui espèrent arriver en Angleterre.
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Mila revient avec sa famille dans la villa familiale de son enfance, à Lampedusa, pour l'été. Depuis la mort d'une maladie de son petit frère, la famille a du mal à se remettre, surtout la mère et l'adolescente en souffre. Elle décide d'explorer l'île à l'aide d'un vélo et des conseils De Paola, la fille d'une voisine.

En parallèle, on trouve le récit à la première personne d'autres adolescents. Ils n'ont pas cette chance d'être en vacances sur une belle île. Ils souffrent au quotidien dans leur pays : dictature, oppression, violence, souffrance. La douloureuse décision de partir arrive et leur exil sera difficile, dangereux voire mortel.

Mila au fil de son périple va en rencontrer et essayer de les sauver....

Cri d'alarme sur ce drame humain. L'auteur situe le roman en 2006 mais le lecteur sait qu'aujourd'hui ces exils se multiplient sur des radeaux de fortune et des passeurs peu scrupuleux. La quête d'une vie meilleure tourne au cauchemar. Un roman coup de poing.

Lien : http://lespapotisdesophie.ha..
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J'ai trouvé cette histoire très poignante, j'ai découvert pas mal de choses que j'ignorais sur le sort des Érythréens. J'ai trouvé les passages faisant entendre les voix de ces réfugiés vraiment passionnants et j'ai finalement eu plus de mal à rentrer dans l'histoire de la jeune héroïne italienne. Ce livre reste une lecture nécessaire, remplie de pudeur et de drames.
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Refuges. Une île (Lampedusa) baignée de soleil, aux rivages étincelants et sauvages, une jeune fille, Mila, qui aspire à prendre le large pour oublier sa famille endeuillée.
Pas très loin de là, dans un pays en proie à la dictature, six jeunes gens survivent dans la guerre, la terreur et la souffrance. Pour chacun d'eux, une seule issue et peu importe si la mort est peut-être au bout : fuir, rejoindre une terre plus clémente.
Les récits s'entrecroisent, celui de Mila qui goûte une liberté nouvelle et investit l'espace à la fois solaire et sauvage de l'île, et ceux, par touches brèves, des futurs migrants, meurtris, emprisonnés dans leur pays, leur maison, leur famille, subissant de terribles conditions de vie. Chacun d'eux à son tour fait entendre sa voix pour nous dire un morceau de vie.
C'est donc sous le signe du contraste et de l'alternance que Annelise Heurtier a construit son roman. Ce parti pris donne de l'air, le lecteur trouvant ainsi des temps pour respirer alors que l'émotion le prend à la gorge.
Après avoir refermé ce livre, vous n'oublierez ni Mila en prise avec son histoire, ni ces sept jeunes et leur vie saccagée, leur détermination et leur courage.
Un très beau roman qu'il est bon de lire par les temps qui courent.


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Mila revient en vacances sur l'île d'enfance de son père, Lampedusa. Elle semble triste, et rouvrir la maison de vacances ressemble à une épreuve pour elle et ses parents. Mila compte passer le moins de temps possible avec ses parents, et espère pouvoir s'échapper pour visiter l'île. Elle est prise en charge par Paola, une jeune fille originaire de l'île qui lui fait découvrir les plus beaux endroits, loin des touristes. Par Paola, Mila va apprendre que l'île est souvent le lieu d'arrivée des migrants africains qui fuient leur pays.
L'auteure a choisi une manière particulière de confronter les quotidiens des personnages, en alternant l'histoire de Mila et celles des occupants du bateau dont nous apprenons la destinée à la fin du roman, tous ces ados et jeunes adultes qui fuient l'Érythrée dictatoriale.
Un roman très prenant, qui va permettre d'aborder l'immigration et les politiques européennes avec nos élèves.
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Avec ce roman, je découvre la voix et la plume d'Annelise Heurtier, qui s'inspire souvent de faits réels pour écrire ses romans jeunesse.

L'histoire de Mila s'entremêle aux voix de huit Erythréens. Mila est une jeune Italienne de dix-sept ans qui a accepté de passer un mois de vacances à Lampedusa, l'île de ses racines familiales. On l'appelle « l'île du salut » et peut-être trouvera-t-elle l'apaisement à travers les balades à vélo et les paysages de rêve qui s'offrent à ses yeux et à travers l'amitié bienveillante De Paola. C'est que l'atmosphère familiale est lourde et les relations avec sa mère tendues depuis la mort de son petit frère. Les jeunes Erythréens, eux, racontent leur quotidien dans un pays soumis à une terrible répression (« service militaire forcé de 17 à 47 ans, interdiction de la presse indépendante, arrestation et torture des opposants, limitation des déplacements, contrôles d'identité systématiques, giffa, camps d'enfermement… » précise l'auteur en fin de roman) et leur désir, leurs efforts surhumains pour partir et atteindre les rives de l'Europe.

Le parti-pris d'Annelise Heurtier est à la fois sensible et juste. Il y a une part didactique destinée aux adolescents puisqu'elle a choisi de parler des émigrés d'un seul pays, l'Erythrée, dont elle brosse la situation grâce aux « témoignages » successifs d'Amir, Amanuel, Meloata et les autres, mais, grâce à ces récits vivants et réalistes, aucune lourdeur dans ce choix, inspiré par le naufrage d'une embarcation au large de Lampedusa, en octobre 2013, où 366 clandestins africains ont péri noyés (on a d'ailleurs remonté leur bateau il y a quelques semaines pour leur donner une sépulture digne). Elle a volontairement situé son roman en 2006 pour attirer l'attention sur ce pays de la Corne de l'Afrique et pour montrer aussi que les italiens (comme tous les Européens, ajouterais-je) sont divisés sur la question de l'accueil des réfugiés.

J'ai trouvé beaucoup de justesse aussi dans l'histoire de Mila, qui aura eu besoin de beaucoup de temps et d'attention, doublés d'une ouverture aux autres, pour revivre après un deuil étouffant. Et sous la belle plume d'Annelise Heurtier, son parcours de vie est attachant.
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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