AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
72 pages
Sans Escale (01/09/2023)
4.67/5   6 notes
Résumé :
Transgressif, ce texte aborde une thématique taboue, rarement explorée : l’inceste mère-fille. Paloma Hermine Hidalgo est, pour ce livre, la lauréate 2021 de la Bourse Gina Chenouard de la SGDL.
« Prendre corps. Reprendre corps. Se déposséder de toutes les dépossessions. C’est ce qui est bouleversant dans cette poésie qui va compter dans les années à venir par une esthétique qui met en mouvement une éthique inversée. Ce total dépouillement si proche du rêve q... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La préface de Dominique Sampiero est merveilleusement dépliée. On ressent d'emblée une connivence. Complice de ce sublime écrin, il nous invite à franchir le seuil de la tablée des dimanches.
Il nous prévient : ce texte est grandiose. L'épure et le plein, l'inoubliable et cette liberté d'écriture qui ne cède rien.
Comme si nous avions un bandeau devant les yeux et que l'on tourne dans tous les sens. le bandeau tombe et c'est la révélation.
Lire cette métamorphose, ce qu'un ressac a brusqué sur une mer (fille) (femme) lucide et autonome. « Ce total dépouillement si proche du rêve quand il nous recouvre, preuve de l'état d'écriture comme abandon au réel qui nous revient en pleine figure quand nous avons tout perdu, est poignant, bouleversant. C'est ce qui fait la force émouvante de ce livre ». D.S.
« Mourir. Un soir, trop rabougries pour jouer encore, les poupées montent au ciel, près de Dieu, qui les change en cristaux ». P. H. H.
La poésie, entrelacs, le désir lave de volcan, l'ardeur d'un feu qui brusque l'entendu. Paloma Hermine Hidalgo écrit comme si elle peignait le regard, le tremblant, le langage des corps qui se retournent à contre sens. le rêve qui attise la rémanence. D'écorce elle se pare en rose. D'une rose, la voici fillette. Unique, altière, un modèle, comme une hirondelle qui migre et se pose selon ses désirs sur un nuage, une courbe, un rappel pavlovien, les sens aux aguets près à frissonner. Des voiles qui frappent au vent, dignes et souveraines, certifiées. le blé regain et les soupirs réconciliés.
Les sensations, les pulsions comme des étoiles de mer sur son corps qui devient si transparent que ses mots sont Babel, à apprendre par coeur, cri et jouissance.
Chacun des fragments est l'éclat d'une grenade juteuse qui propulse ses graines. Ces dernières comme des retenues d'eau, essentielles et félines. Les fantasmes échappés par la grande porte, « Rien, le ciel peut-être » est inouï, sensuel et habité de détails, d'images, de métaphores. Une capacité exhaustive, prose envoûtante, une épopée draps froissés, de sucre, de miel, de cris et de larmes. La sexualité comme la pleine lune qui ne ment pas. La tombée du jour comme un nid-cocon.
Écoutez : « La lune et ses phases, les étoiles marines éprouvent dans leur chair, l'attrait de la cime et du tronc ».
La langue chante, virevolte, douce, comprise et déesse. Fresque vivante, vivifiante, ici, règne l'inné don. L'héroïsme d'écriture. « Et tu crawles, brunie, t'ensoleillant les tresses : paupière en orgasme ; lèvres fouillées du va-et-vient d'embruns ».
L'acuité boréale. Les paraboles comme des caresses qui excellent l'irradiant magnétisme. Chaque crépitement est le feu de St Jean. « Et le sel de tes doigts rompu à m'étoiler ».
L'avidité d'une perspective. L'oeuvre qui rejoint le port de l'essentialisme.
« Rien, le ciel peut-être, triomphe et multitude. La musique verbale est une couleur suspendue à la vie même.
« Moi, mes sucs ; lèche, coeur prodigue ».
« Or c'est la loi des tribades, ma mie, que saignent plus que les pampres nos treilles de baisers ».
Femme absolue, foisonnante, luxuriante, comme du lierre suspendu à l'écho de ses lèvres.
La littérature spéculative, comme une nage dans un lac glacé. « Neige a pour corps un fruit ».
« Rien, le ciel peut-être » est dans la Sélection finale du prix Apollinaire Découverte 2023.
Les Éditions Sans Escale viennent de publier « ce magnificat brûlé d'oubli...». P. H. H.
L'auteure a bénéficié en 2021 du soutien de la Bourse Chenouard de création de poésie, remise par la SGDL, pour écrire ce livre.
Magistral.
Commenter  J’apprécie          30
La découverte d'une voix poétique est toujours enthousiasmante. le recueil de Paloma Hermina Hidalgo nous entraîne sur des terres que les poètes d'aujourd'hui ont peut-être oubliées. Une célébration, une messe blanche, un sacrifice subit et désiré. Pour quelle divinité ? Non, il ne s'agit pas d'un Sabbat, ni d'une fête païenne au bord de l'océan. Neige, enfant innocent livré à l'appétit d'éros se mesure à la vie. « Je voudrais être une poupée pour qu'on me touche ». le bain sacré, bain d'algues et d'écume, pour laver quelle peur ou assouvir quel désir inconnu. L'ambiguïté. Neige est un fruit qu'on pèle et qu'on déguste. Ce jeu de poupées éminemment t érotique, fait penser aux poupées désarticulées de Hans Bellmer. Désarticulation des corps dont les étreintes lascives prennent forme de jardins exotiques, de plantes et de fleurs, d'amoncellements d'objets hétéroclites, ou se noient dans des métaphores aquatiques. Croyant lire un conte pour enfant vous vous apercevez que vous lisez Pierre Louÿs ou Georges Bataille.
Il y a dans ces poèmes comme un parfum de peintures, de l'Ophélia de John Everett Millais et de son corps fleuri flottant entre des berges douces et néanmoins inquiétantes, des foisonnants bouquets d'Odilon Redon, du symbolisme de Gaston Bussière dans ses portraits de princesses blondes aux couleurs somptueuses et voluptueuses. Entrelacs de lianes et de rameaux, de fouillis et d'exubérance botanique comme dans les contes de l'enfance, l'esprit retrouve la nature sauvage et pure des origines, un paradis perdu. Clameurs et caresses, petite Neige et grande poupée se fondent l'une dans l'autre, corps en souffrance ou en extase, Paloma Hermina Hidalgo nous balade avec sa langue aux multiples entrées, avec son vocabulaire précieux et cru, dans un jardin de chair et de sensations.
Vertige, ravissement écrit Dominique Sampiero dans sa préface. Vous ne sortirez pas indemne de ce recueil, et cette voix très particulière, riche, à la fois légère et grave vous habitera pour longtemps.
Commenter  J’apprécie          10
Cette critique est susceptible d'être biaisée. Babelio ne garantit pas son authenticité

Une écriture époustouflante, baroque, mystique, obscène, proche de l'oraison, pour dire ce que personne n'a peut-être jamais dit en littérature, voire en art : l'inceste entre une mère et sa fille. Je n'ai jamais lu un texte semblable. Une révélation.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
  
  
  
  
Je te magnifierai, Maman, si tu me donnes la main – mais quel crime t’enseigne à m’offrir ces lèvres, à darder en alliance ta bouche de tribade ? j’y suce la fleur, moi, dans l’ellipse hortensia – roseurs d’ancolie où le monde brasille en camaïeu lippu ; l’aube, le crépuscule, crépitant de l’onagre, du sang réverbéré aux fibres de tendresse. Un rapt, une féérie, ventre mystique de la bourbe – toi, qui fut ma mère.
Commenter  J’apprécie          20
  
  
  
  
Ne brûle pas, chérie, de ces anciens tourments qu’à l’ombre des glycines j’ai voulu t’infliger. Ce que j’ai pu commettre, frivole, nymphette, je m’en blâme plus encore que de t’avoir giflée. Catin, fruit pendu au verger : quelle force est d’amour, si rudement patiente, et qui ne se flétrit ? Tant qu’à tes yeux j’eus quelque attrait, qu’à nulle poutrone n’alla ta tendresse, et à ses doigts ton suc, j’ai vécu plus comblée qu’une reine de Palmyre.
Commenter  J’apprécie          00
  
  
  
  
Nativité. Voile-moi de festons, langes, cédrats confits, pistaches, pour ton désir à pâle dentelure. L’alcôve : notre crèche. Dans le ciel, derrière l’astre à queue, trompettent les anges – musettes, hautbois, tambours de Basques s’étoilent en messe païenne. Tu danserais presque, madone, comme au sein danserait ton enfant. Bêtes, orgues, météores, en soufflerie – concorde universelle.
Commenter  J’apprécie          00
  
  
  
  
Je te magnifierai, putain, si tu me donnes la main – plante docile qui, dans sa pause muette, sans mouvement ni tiédeur, se refuse en toute chose. Donne : je te sacrifierai colombe, pur agneau, te ferai l’offrande d’os de seiche, de corne de narval – s’il s’en échoue sur la côte.
Commenter  J’apprécie          00

Video de Paloma Hermine Hidalgo (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paloma Hermine Hidalgo
Avec Rim Battal, Vanille Bouyagui, Jacques Darras, Guillaume Decourt, Chloé Delaume, Arthur H, Paloma Hermina Hidalgo, Abellatif Laâbi, Christophe Manon, Virginie Poitrasson, Jean Portante, Omar Youssef Souleimane, Milène Tournier… Accompagnés par Lola Malique (violoncelle) et Pierre Demange (percussions)
Cette anthologie du Printemps des Poètes 2024 rassemble 116 poètes contemporains et des textes pour la plupart inédits. Tous partagent notre quotidien autour de la thématique de la grâce. Leurs écrits sont d'une diversité et d'une richesse stimulantes. Ils offrent un large panorama de la poésie francophone de notre époque. Pour en donner un aperçu ce soir, douze poètes en lecture, accompagnés de musique.
À lire – Ces instants de grâce dans l'éternité, Anthologie de poésie réunie et présentée par Jean-Yves Reuzeau, Castor Astral, 2024.
+ Lire la suite
autres livres classés : poésie en proseVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (7) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1226 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}