Peut-être avez-vous vu le film " Même heure, l'année prochaine" de Robert Mulligan, (1978 ) ?
Un homme et une femme qui choisissent de ne vivre leur formidable histoire d'amour qu'une fois dans l'année, que quelques jours, en se donnant RV, afin de ne pas bouleverser leurs familles respectives.
Ce roman s'en inspire fortement, sauf que quand tout commence, les deux amants d" Eté après été", sont chacun célibataires !
Et c'est sur ce point que cette histoire est un brin incompréhensible, l'auteure n'étant pas très claire sur le caractère de l'un et l'autre, voulant préserver le côté romantique, ne voulant pas égratigner son "prince charmant", qui à mon humble avis ne l'est pas du tout...
On est en 1993 , alors que Mallory (la vingtaine) vient d'hériter de la maison de sa tante, sur l'île de Nantucket, son frère lui demande s'il peut y célébrer son enterrement de vie de garçon. Elle acceptera, et par un étrange concours de circonstances, elle se retrouvera seule avec Jack (un des amis du frère), et ce qui devait se passer , se passera.
Lui fait une pause avec sa petite-amie ( avec qui il est depuis ses quatorze ans ) ; elle est célibataire. A la fin de ce WE, alors qu'ils sont fous l'un de l'autre, ils ne décideront pas de sortir ensemble, mais de se retrouver au même endroit l'année prochaine. Lui se remettra avec sa petite amie Ursula, mais , année après année, il sera toujours au rendez-vous sur Nantucket...
Pardonnez moi ce mot, mais je les ai trouvé très cons, de ne pas se mettre ensemble... Elle , c'est par romantisme stupide, par manque de confiance en elle, parce qu'elle ne veut pas quitter cette île, parce qu'elle ne rêve pas de grand destin.
Et lui ? Il est palot, balotté par les vents... L'auteure aurait dû plus insister sur la réussite financière, sur l'ambition, on aurait mieux compris.... Outre la "nostalgie fidèle" qui le lie à Ursula ( parce qu'elle a accompagné la soeur jumelle de Jack dans ses derniers instants ), il y a le fait qu'avec cette dernière, une vie formidable sous le signe de la réussite, les attend . Ursula est une énorme bosseuse. Et ça, on ne le sent pas dans le roman, l'admiration qu'il pourrait avoir pour Ursula , leurs échanges intellectuels, les amis qu'ils reçoivent, la gratification à voir les fruits de son travail . On ne voit pas assez le gouffre qu'il y a entre Mallory et le couple Jack/Usula, dés les premiers gains arrivés. On voit que Jack est attiré par la simplicité de la vie de Mallory qui habite une maison au bord de la plage, qui au départ est serveuse , qui vit à l'heure d'été, qui est proche de la nature... Et donc, on ne comprend pas qu'il reste avec Ursula, présentée comme obsédée par son travail, n'accordant que peu de temps à sa famille, trop maigre, ne mangeant jamais, ne sachant pas s'amuser, carriériste. Et on a l'impression que ce Jack adoré de Mallory n'est qu'un homme faible, manipulable qui à aucun moment ne choisit mais se laisse porter par les événements. Aime-t-il le confort de sa vie avec Ursula ?
Quand à l' histoire d'amour entre Mallory et Jack, elle ne fait pas rêver, ils sont malheureux 362 jours par an, ils attendent toute l'année ces fameux trois jours mais ne font rien pour changer la donne. Personne n'est au courant, ils ne sont pas là l'un pour l'autre dans des événements importants de leurs vies, ne construiront rien ensemble... Est-ce ça l'amour ?
Je veux bien entendre, qu'il s'agit d'une certaine forme de romantisme, qui ne veut pas ternir la magie avec des contingeances matérielles, certes...
Mais je les ai tout de même trouvés très cons ! Et masochistes !
Et cet agacement devant les atermoiments de ce couple creusant son propre malheur, n' a tout de même pas terni mon plaisir de lecture , car
Elin Hilderbrand raconte formidablement bien... Et oui, c'est romantique, car de la frustration nait une certaine forme de beauté , et c'est mélodramatique, et ça fonctionne diablement bien, au point qu'on y repense des heures après à ce bouquin, en se demandant ce qu'ils auraient dû faire et à quel moment...
Et puis, il y a la magie du décor. Tous ces étés, ce sable, cette maison, la mer..
Et puis , il y a le temps qui passe, tous ces gens qu'on suit de 1993 jusqu'à nos jours, ces amitiés , la famille, les habitants de l'île.
Et puis, il y a cette formidable idée de placer à chaque début d'année, le n° de l'été, et de quoi y parle-t-on (en 1993, en 2001, en 2018 etc...). Cel
a nous remet dans les rails de l'époque, réveille nos souvenirs, ainsi qu'une certaine forme d'universalité (même si les évênements sont souvent centrés sur les USA ), . Mais ne sommes nous pas tous un peu américains, par les films, les chansons ?
Et puis ça réveille notre nostalgie, et ça, ♫la nostalgie camarade♫, c'est la cerise sur le gâteau de cette singulière et magnifique histoire d'amour. ♫ sous le soleil exactement♫...