Le goût du silex

D'intenses flashs succincts vinrent agresser l'obscurité paisible de la campagne. L'orage était la réponse d'un ciel accablé par une insolation persistante, depuis plusieurs semaines. La voûte céleste rentrait en crise de nerfs ; sorte de défaillance hormonale météorologique ponctuelle. Les éclairs s'accrurent au fur et à mesure de leur approche. Un vent violent paniqua les arbres, qui ne pouvaient fuir de leur condition de taulard du terroir. L'énorme cheminée hurlait de terreur. J'observais avec impuissance, l'agitation des silhouettes qui se balançaient sur les murs. La baraque accusait les coups, son aplomb par d'ingénieux rafistolages était cette fois-ci mise à l'épreuve. Il suffisait de voir la toiture de Manuel avachie sur le bord de la route pour se faire une idée sommaire, du sort qui pouvait s'abattre sur la nôtre.
— Ohhh ! Fit'chien, ça va tonner fort ! cria Jean à travers sa chambre, mes pauvres bêtes !

Les éléments communiaient en chantant les louanges divines, tandis que l'écho d'un coucou qui s'égosillait à prendre le dessus sur les autres oiseaux de la forêt résonnait entre les colonnes géantes que formaient les troncs. Nous pénétrions dans cet endroit empreint de mysticisme ; le banc de pierre gris où la comtesse posait ses miches débordait aussi de mousse ; les gendarmes de couleurs stendhaliennes y dégustaient de juteux pucerons. Le temps n'avais plus cours à nouveau, comme bien souvent dans ces campagnes.