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3,88

sur 403 notes
Ma première rencontre avec Ed Cercueil et Fossoyeur, deux gars sympathiques et qui ne bégayent pas quand il faut défourailler le 38. le coup de la levure me fait hurler de rire encore aujourd'hui. Mais je pensais à l'époque que pour trouver une pomme au carré de ce calibre, il fallait être dans un Harlem pauvre et à l'acculturation troublée. Quel ne fut pas ma surprise quelques mois plus tard de lire dans la feuille de chou locale qu'une riche commerçante suisse avait donné dans le panneau avec la même escroquerie. J'ai gardé pendant des décennies l'article découpé dans la tranche de ma reine des pommes. J'en souris encore.
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Après « Les femmes de Brewster Place », je me suis plongée dans le premier roman policier de Chester Himes « La reine des pommes », roman écrit, en 1957, à la demande de Marcel Duhamel pour la collection « Série noire ». L'auteur vivait alors à Paris et l'a écrit en français.

Ce polar m'a embarquée, ou plutôt réembarquée car je l'avais lu il y a près de deux décennies, à New-York dans le quartier noir de Harlem où la naïveté incroyable du héros malgré lui, Jackson, dit la Reine des pommes tant sa crédulité flirte avec la bêtise consommée, va entraîner une succession de situations aussi rocambolesques que burlesques avec une pointe de cruauté.

Jackson vit à la colle avec la sulfureuse Imabelle, une superbe femme « à la peau couleur banane ». C'est un bon gars, pas très malin mais sympathique, petit, rondelet et un peu chauve. Il travaille dans une entreprise de pompes funèbres dont il conduit un des corbillards. Il est tellement épris qu'il ne voit absolument pas que sa dulcinée le dupe de manière éhontée. D'ailleurs il souhaite l'épouser et pour ce faire il faut de l'argent. Or, sa fortune ne s'élève qu'à 1500 dollars. Il est pauvre, fauché et désespéré. Mais, la belle et splendide Imabelle a un plan, elle qui connaît un type qui connaît un type qui lui-même connaît un gus qui peut transformer un billet de dix dollars en un billet de cent. Rendez-vous est pris dans une chambre louche pour la transformation des billets et la route vers la richesse. Sauf que, au beau milieu de tout, alors que Jackson peut atteindre la richesse, la police débarque et notre héros malgré lui se fait épingler tandis que Imabelle et ses amis se font la malle, l'abandonnant à son triste sort. Il est plus que fauché et une seule solution s'offre à lui afin de recouvrer la liberté : « emprunter » dans le coffre-fort de son entreprise de quoi verser le bakchiche. Notre naïf Jackson met le doigt dans un engrenage qui l'emmènera de Charybe en Scylla, toujours persuadé qu'il doit sauver Imabelle des griffes des escrocs. Il croisera la route de deux flics de Harlem réputés pour avoir la gâchette facile, Ed Cercueil et Joe Fossoyeur, versions noires de l'inspecteur Harry, ce qui veut bien dire ce que cela veut dire … quand on tombe entre leurs mains impitoyables on peut faire ses prières. Au coeur du sac de noeuds, une malle remplie de pépites d'or, une malle qui fait courir beaucoup de monde, la nuit, dans les rues de Harlem. de cavalcades en planques, de frayeurs en découverte de cadavre, Jackson, aidé par son frère Goldy, petit escroc junkie traversti en bonne-soeur, tentera de retrouver sa belle et de reprendre une vie normale.

Avec « La reine des pommes », roman policier jubilatoire, Chester Himes observe et raconte avec justesse et une énorme dose d'humour les travers de la situation des Noirs sans avoir recours au cynisme et encore moins à la caricature. Ed Cercueil et Joe Fossoyeur sont noirs mais avant tout ils sont là pour faire respecter l'ordre dans un milieu qui a perdu nombre de ses repères, notamment moraux. Derrière l'humour, parfois grinçant, l'auteur pointe le sordide, le glauque et la misère sociale et culturelle d'une population abandonnée à elle-même. Derrière le rire, car je dois souligner que le rire est à chaque détour de page, Chester Himes montre combien l'Amérique blanche bloque les Noirs dans leur désir d'émancipation et leur envie de décrocher les meilleures places dans la société.

Nota Bene : j'ai eu, plus d'une fois, l'impression de me trouver dans un film de Quentin Tarentino avec en bande son la musique de James Brown.
Lien : https://chatperlitpopette.wo..
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Découverte d'un auteur méconnu semble-t-il et d'un policier des années 50 qui sent bon les films ou séries télévisées de mon enfance.

Harlem. Dans une piaule défraîchie, Jackson, accompagné de sa moitié Imabelle, est convaincu d'avoir enfin le bon filon : par un procédé chimique, ses billets de 10$ vont se transformer en billets de 100. Mais ... tout va basculer ... intervention d'un flic véreux, fuite des arnaqueurs, vol de son patron pour rembourser une dette, etc. Tout va s'enchaîner tout au long du roman. Basculant du loufoque dans le sordide.

Et pourtant, Jackson, c'est le bon gars. Bon chrétien, honnête, amoureux de sa moitié, mais surtout d'une naïveté confondante. Un poissard. Quoi qu'il fasse, ça tourne à la catastrophe. Plus on avance, plus Jackson s'enfonce.

Au final, le tout donne un rompol presque touchant avec ce personnage attachant. Et en filigrane, Chester Hilmes dresse le portrait de la société de son temps. Une sorte de chronique sociale sous couvert d'un aimable divertissement. Intéressant.
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Harlem 1950
Jackson vit avec Imabelle. le moins que l'on puisse dire est qu'il est naïf : il a rencontré une paire d'aigrefins et croit leurs sornettes : les lascars ont la recette pour changer les billets de 10 dollars en billets de 100 !! Comme dira Goldy le frère de Jackson « tu es vraiment la reine des pommes »
J'ai trouvé ce petit roman noir excellent. Tout d'abord l'intrigue est sans faille : une tentative d'arnaque, puis une deuxième.... une course poursuite mémorable...
Les personnages sont fabuleux (dans le sens ils semblent sortis d'une fable) : mention particulière aux frères jumeaux Goldy et Jackson.
Les situations sont cocasses et bien décrites (j'ai vu Jackson dévaler les rues de Harlem en roulant à tombeau ouvert dans son corbillard, oui je sais c'est mal de rire quand le corbillard en question lâche son passager de l'arrière ...)
C'est vraiment un livre très surprenant où on bascule du rire au drame en quelques minutes ...à la fois cocasse par les situations décrites et terribles par la description des années 50 où le racisme est très présent.
A lire !
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Peut-être aurais-je dû voir le film ? J'ai trouvé ce livre très visuel avec des courses poursuites de corbillard et voitures dans Harlem, des scènes de ‘tire sur tout ce qui bouge'. Des passages qui m'ont fait sourire, sans plus. L'idée du truand déguisé en bonne soeur semant la bonne parole est excellente. Ce roman rocambolesque a-t-il mal vieilli où serait-ce que ce n'est pas le genre d'histoire qui me passionne ? de plus, je n'ai pas toujours saisi le langage. Bien, sans plus.
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Soit Jackson ,Candide dodu ,chauffeur de corbillard de son état amoureux d'Imabelle à « la peau couleur de banane » et qui pour ses beaux yeux se fait rouler dans la farine par une bande de petits escrocs , soit une malle pleine de vraies pépites de faux or , soit une bonne soeur qui est un homme …. Mixez le tout dans un Harlem déjanté , ajoutez du vrai sang , secouez sur un rythme de boogie -woogie et pimentez avec deux flics aux noms aussi mortels que leurs instruments de travail et vous avez une (vraie) pépite de roman noir .
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Tout d'abord merci à Mme la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, pour son hommage-bévue à Toni Morrison, ça m'a donné illico envie de jeter un oeil par la petite porte, pas si petite que ça d'ailleurs et de réparer un gros oubli : lire un bouquin de Chester Himes. C'est chose faite avec la Reine des Pommes - pour une fois, un beau titre en traduction. Au terme de ma lecture, je ne puis qu'être atterré d'avoir ignoré cet auteur si longtemps. Pour du noir, c'est du noir. Réussir en plus à faire de toute cette misère une histoire pleine d'humour - macabre certes - c'est un beau tour de force, avec une histoire d'amour en prime, c'est encore mieux. Toutes les descriptions du Harlem de cette époque (années 50-60) sont aux petits oignons : le tripot de jeu de dés, la fumerie, le commissariat, la station de métro. L'action n'est pas en reste avec la course-poursuite d'un corbillard à travers un marché... L'ensemble est parfaitement découpé et cadencé pour en faire un film - le plus dur serait la reconstitution de l'époque. Quelqu'un s'y est d'ailleurs employé dans les années 90 mais je ne sais pas ce que cela a donné. Les critiques avaient l'air plutôt bonnes. Grâce aux dictionnaires électroniques, je l'ai lu en anglais, pour être bien dans le bain et laisser les mots choisis avec grand art par l'auteur, frapper mon imagination pour recréer ce monde, sa violence et sa vérité.
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Une superbe découverte - faite complètement par hasard alors que, comme souvent, je flânais à la librairie.

Classé dans la catégorie "roman noir", ce polar fait rire, horrifie, et divertit tout à la fois grâce à une intrigue riche en rebondissements. le récit se déroule dans le Harlem noir des années 50 et nous présente plusieurs personnages hauts en couleurs - à commencer par Jackson, une "pomme" qui se fait arnaquer de tous les côtés sans s'en apercevoir le moins du monde. L'humour noir est omniprésent, il est question de course-poursuites en corbillard, d'un frère magouilleur déguisé en bonne soeur qui vend des places pour le paradis, d'un révérend qui ne manque pas de répartie... le roman se lit avec grand plaisir et m'a souvent donné l'impression d'être en train de regarder un film, tant les dialogues et descriptions sont imagés et vivants. J'ai très envie de découvrir d'autres livres de cet auteur!

Une petite critique, le livre est décrit comme "une enquête d'Ed Cercueil et Fossoyeur Jones" mais on les voit assez peu. On sort du livre sans les connaître et j'aurais aimé en savoir plus sur leur psychologie et leur motivation.
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Dans ce roman noir, il est question d'arnaques, de pépites d'or, de Harlem, d'un corbillard et de Jackson incrédule benêt qui traverse toute cette histoire pour l'amour de sa belle à la peau couleur de banane.
C'est drôle, sanglant, trépidant et aussi un témoignage de la vie des noirs aux États-Unis en dehors des clichés.
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La Reine des pommes, des galériens qui rencontrent des galériens, des inspecteurs branquignoles qui font face à des brigands foireux, des combines et du sang et au milieu Jackson, la Reine des Pommes. Chester Himes avec son style bien à lui nous emmène dans ce Harlem poisseux et tragique où tout va vite, surtout la mort. Je ne puis être impartiale, Chester est un pote.
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