Darkness Rebirth Volume 1

Ce tome comprend les épisodes 101 à 105 de la série Darkness, parus en 2012. Ce tome fait suite à Accursed 7 (épisodes 96 à 100) et au crossover Top Cow Artifacts 3 au cours duquel l'univers partagé Top Cow a été refaçonné. le scénario est de David Hine et les dessins de Jeremy Haun.

Le tome commence par un prologue de 5 pages écrites par Ron Marz et illustrées par John Tyler Christopher dans laquelle Jackie Estacado explique à un prisonnier de guerre de gang la conclusion d'Artifacts. L'histoire débute alors que Jackie rentre chez lui dans sa demeure Erewhon, pour être accueilli par Hope (sa fille), et sa préceptrice. Puis il monte à l'étage pour retrouver Jenny Romano, sa femme. Cette dernière le soumet à un ultimatum : soit il se débarrasse de Darkness, soit elle le quitte.

Après avoir accompli autant pour pouvoir disposer de sa famille, Estacado accède à l'exigence de Jenny et demande l'aide d'Aram (un sorcier). La cérémonie réussit et Darkness acquiert une existence propre tout en restant inféodée à Estacado. Ça tombe bien parce que Valko Balgakov (chef de la troisième mafia bulgare par ordre d'importance) a décidé de faire un peu de business sur le territoire d'Estacado. Ce dernier organise la défense avec ses proches lieutenants (Dean, Athena, Paris et Wilson). Danielle Baptiste et Patrick Gleason enquêtent sur un cas d'éviscération sans retenue sur des hommes de main de Balgakov. La chatte des Estacado a mis bas pour la plus grande joie de Hope.

The Darkness est un personnage qui a été créé en 1996, par Garth Ennis et Marc Silvestri, publié par Top Cow, la branche éditoriale chapeautée par Silvestri au sein d'Image Comics. Ces premiers épisodes ont été réédités dans The Darkness Origins 1. Jackie Estacado est un criminel qui a commencé comme tueur à gages de la famille Franchetti, et qui est maintenant à la tête d'une organisation bien implantée à New York, et qui n'hésite pas à se salir les mains en effectuant quelques exécutions lui-même. Il dispose également de superpouvoirs qui lui permettent d'utiliser une force ancienne appelée The Darkness. Cette dernière se manifeste aussi bien sous la forme d'énergie, que de petits diablotins (appelés Darklings) qui obéissent à Estacado.

Avec cette histoire, David Hine dispose d'une grande liberté pour aller explorer des situations nouvelles pour The Darkness. Il conserve bien sûr les composantes essentielles du personnage, à commencer par The Darkness, mais aussi sa propension à la violence, son attachement à sa famille (femme et fille), son aisance financière et son aptitude aux affaires criminelles. L'intelligence d'Hine réside dans sa capacité à montrer comment Jackie Estacado perd le contrôle de tout ce qui l'entoure, une partie après l'autre. le lecteur découvre avec plaisir les actions d'Estacado pour rester maître de ce qui lui tient à coeur, d'autant plus que ces actions ne sont pas entravées par un code moral contraignant. Et dans le même temps, le lecteur assiste à au délitement de ses accomplissements.

Dans la mesure où Hine n'est pas encombré par impedimenta de la continuité, ses rebondissements peuvent mener l'intrigue où bon lui semble. Dans la mesure où le premier événement de taille est la séparation de The Darkness d'avec Estacado, le lecteur a conscience qu'Hine n'hésitera pas à bousculer le personnage, à remettre en cause les certitudes établies. de ce fait chaque nouvel obstacle est source de nouveauté, d'imprévu. Par exemple, impossible de savoir à l'avance ce que cache réellement Valko Balgakov. Il construit ainsi un thriller avec un bon niveau de suspense au fur et à mesure que des forces incompatibles sont mises en mouvement.

Jeremy Haun utilise un style assez réaliste, à l'apparence plus adulte qu'enfantine qui s'accorde bien avec l'ambiance du scénario. Il ne s'agit pas d'un illustrateur démonstratif au style flamboyant, mais ses dessins sont loin d'être insipides. Il sait donner une apparence assez substantielle à la demeure d'Estacado pour que le lecteur puisse y croire, même si elle présente un aspect un peu générique. Les personnages disposent chacun d'une apparence spécifique, même si les formes de visages sont assez interchangeables de l'un à l'autre (avec l'exception appréciable de Valko Balgakov très particulier). Les expressions faciales sont assez variées et nuancées.

La mise en page repose sur 4 à 5 cases en moyenne par page, avec des plans clairs et faciles à lire. L'encrage un peu appuyé apporte la noirceur voulue aux personnages, mais aussi aux manifestations de The Darkness. Pour ces dernières, Haun s'éloigne des petits darklings à la fois mignons et abjects pour privilégier la texture de l'obscurité. Cette approche graphique consolide l'un des thèmes du scénario qui est la possession du corps d'un individu par une force qui pervertit l'âme, sous la forme d'une énergie visqueuse s'insinuant dans le corps, corrompant l'enveloppe charnelle de l'individu. Il s'agit d'une visualisation parlante de la perversion de l'identité.

Chaque chapitre se termine sur un texte de 2 pages qui développe une scène de transition non traitée sous forme de bande dessinée. Je n'ai pas trouvé le résultat très remarquable, encore moins inoubliable. le lecteur trouvera également en fin de volume l'intégralité des couvertures, y compris les variantes de Stjepan Seijic et de Whilce Portacio. À la fin, ce tome comporte une chronologie de The Darkness avec la référence des recueils afférents.

Le redémarrage effectué dans "Artifacts" laisse une grande latitude d'action à David Hine pour qu'il puisse emmener l'histoire où bon lui semble tout en respectant les composantes basiques du personnage. Il déroule un récit amalgamant les activités criminelles de Jackie Estacado, avec les aspects horrifiques de The Darkness, tout en plaçant le besoin de sécurité sentimentale d'Estacado au coeur de l'intrigue. Jeremy Haun utilise un style adapté à la nature du récit et capable de rendre les éléments horrifiques, sans être risibles, ni tomber dans les clichés.