L'auteur
Henri Heine déclara qu' «Il y a dans Les Elixirs du diable les choses les plus terribles, les plus effrayantes que puisse imaginer l'esprit humain».
Voilà de quoi donner immédiatement le ton de ce singulier roman gothique, qui, à côté du Moine de
Matthew Gregory Lewis, brille d'une aura de noirceur d'une beauté absolue ! Et pour cause, tout ce que l'esprit et l'âme peuvent souffrir de plus effroyable se retrouve ici distillé, tel un philtre empoisonné, au fil des pages : dédoublement de personnalité, faux souvenirs, rêves, folie, obsession, apparitions, violence et pactes infernaux.
Sous la forme d'un manuscrit - remarquablement bien écrit - nous découvrons le récit de la vie du frère Médard, capucin échappé du couvent, auquel sera offert le choix du bon ou du mauvais chemin. Livré au monde, s'abandonnant à tous les excès et à d'abominables actes passionnels, le Frère Médard oscillera tour à tour entre beauté sensuelle et spirituelle, récolant avec peine les morceaux de son âme fragmentée et tourmentée par une existence qui peu à peu se dédouble et lui échappe.
Et, si l'absorption du mystérieux Élixir diabolique n'est pas étranger au réveil subit des vices du moine, une sombre histoire de malédiction familiale, pesant sur le personnage tel l'empreinte du péché originel, n'aura cesse de faire basculer son existence entre l'ombre la plus épaisse et la lumière divine, à travers un incroyable jeu de miroirs où les voyages des personnages qu'il croise deviennent peu à peu le reflet de son propre cheminement spirituel.
L'amour d'une femme, l'amour de l'art sous toutes ses formes, et celui, sacré, de la Sainte Vierge Marie et de Sainte Rosalie, confèrent à ce tableau inquiétant d'incroyables rayons de lumière et d'espoir, guidant sans bruit des pas du moine maudit égaré dans son royaume.
Voyage bouleversant, le témoignage du Frère Médard résonne en moi comme un combat sacré pour le salut et la rédemption, liant tour à tour l'amour sacré et l'amour profane, construction et déconstruction de la psyché, jusqu'à un final triomphant.