Citations sur L'Iliade (217)
Patrocle, exhortant ses chevaux ainsi qu’Automédon,
Poursuivit Troyens et Lyciens. Pauvre fou ! ce fut là
Sa grande erreur. S’il avait écouté le Péléide,
Il eût échappé à la sombre mort, déesse horrible.
Mais le vouloir de Zeus l’emporte sur celui des hommes.
Il met le brave en fuite et lui arrache la victoire
Sans peine, alors qu’à la bataille il le pousse lui-même.
Ainsi Zeus déchaîna l’ardeur dans le cœur du héros.
Lorsque des courants, formés des neiges fondues de l'hiver, coulent du haut des montagnes et jettent ensemble leurs eaux réunies dans le fond d'un ravin creux, de loin, dans les montagnes, le berger entend le bruit de leurs tourbillons : tels les cris de fureur et d'épouvante que jetaient ces peuples se ruant les uns sur les autres.
Il dit, et, la laissant, se dirige vers ses soufflets. Il les tourne vers le feu et les invite à travailler. Et les soufflets – vingt en tout – de souffler dans les fournaises. Ils lancent un souffle ardent et divers, au service de l’ouvrier, qu’il veuille aller vite ou non, suivant ce qu’exigent Héphæstos et les progrès de son travail. Il jette dans le feu le bronze rigide, l’étain, l’or précieux, l’argent. Il met sur son support une grande enclume. Enfin, dans une main, il prend un marteau solide et, dans l’autre, sa pince à feu.
Il commence par fabriquer un bouclier, grand et fort. Il l’ouvre adroitement de tous les côtés. Il met autour une bordure étincelante – une triple bordure au lumineux éclat. Il y attache un baudrier m d’argent. Le bouclier comprend cinq couches. Héphæstos y crée un décor multiple, fruit de ses savants pensers.
(Iliade - Chant XVIII / 468 - 483 - traduction Paul Mazon - Éditions du Centenaire Les Belles Lettres )
Le soleil se coucha ; le travail des Achéens était fini.
Ils tuèrent des bœufs devant les tentes et prirent leurs repas.
Beaucoup de bateaux étaient venus de Lemnos, apportant
Du vin que leur envoyait Eunios fils de Jason,
Qu'Hypsipyle avait conçu sous Jason, berger de peuples.
Aux Atrides Agamemnon et Ménélas, spécialement,
Le fils de Jason avait donné du vin mille mesures.
Les Achéens chevelus l'achetaient
Les uns contre du bronze, d'autres contre du fer qui brille,
D'autres des peaux, d'autres contre des beaufs,
D'autres contre des esclaves ; il firent grand festin,
2545 – [Folio n° 5522, Chant, VII, v. 465 à 475]
Chacun sacrifiait à l'un des dieux qui toujours vivent (Chant III, v. 400)
Note – le polythéisme ne consiste pas seulement à révérer « les dieux ». Il y a place en lui pour une manière de monothéisme : chacun peut avoir son dieu à lui. Simplement, il se garde d'insulter les autres, et leur rend les hommages qui leur sont dus.
2536 – [Folio n° 5522, p. 599]
Dans un casque de bronze ils secouèrent les sorts (Chant III, ver. 316)
Note - Le sort, « klèros », est un petit objet, quelque chose comme un jeton ; pour le tirage, chacun a le sien, qu’il marque éventuellement d'un signe de lui seul connu.
Le traducteur est amené à utiliser aussi le mot français « sort » pour rendre d'autres mots grecs ; il fait mieux voir les liens qui rattachent le tirage au sort à ce que nous appelons le « destin ».
2533 – [Folio n° 5522, p. 606]
Et l'irréprochable Teukros lui répondit :
- Très-illustre Atréide, pourquoi m'excites-tu quand je suis plein d'ardeur ? Certes, je ferai de mon mieux et selon mes forces. Depuis que nous les repoussons vers Ilios, je tue les guerriers de mes flèches. J'en ai lancé huit, et toutes se sont enfoncées dans la chair des jeunes hommes impétueux; mais je ne puis frapper ce chien enragé !
Il parla ainsi, et il lança une flèche contre Hektôr, plein du désir de l'atteindre, et il le manqua. Et la flèche perça la poitrine de l'irréprochable Gorgythiôn, brave fils de Priamos, qu'avait enfanté la belle Kathanéira, venue d'Aisimè, et semblable aux Déesses par sa beauté. Et, comme un pavot, dans un jardin, penche la tête sous le poids de ses fruits et des rosées printanières, de même le Priamide pencha la tête sous le poids de son casque. Et Teukros lança une autre flèche contre Hektôr, plein du désir de l'atteindre, et il le manqua encore' ; et il perça, près de la mamelle, le brave Arkhéptolémos, conducteur des chevaux de Hektôr; et Arkhéptolémos tomba du char ; ses chevaux rapides reculèrent, et sa vie et sa force furent anéanties. Le regret amer de son compagnon serra le cœur de Hektôr, mais, malgré sa douleur, il le laissa gisant, et il ordonna à son frère Kébriôn de prendre les rênes, et ce dernier obéit.
Comme l'étoile qui s'avance, entourée des autres étoiles, au plein coeur de la nuit, comme l'Etoile du soir, la plus belle qui ait sa place au firmament, ainsi luit la pique acérée qu'Achille brandit dans sa droite, méditant la perte du divin Hector et cherchant des yeux, sur sa belle chair, où elle offrira le moins de résistance.
Soyez hommes, amis, placez la pudeur dans votre cœur et respectez-vous les uns les autres dans ces mêlées terribles. Parmi les hommes qui ont de la pudeur, il y en a plus qui restent saints et sauf qu'il n'y en a de tués : il n'y a donc ni gloire ni salut pour ceux qui fuient.
Je déteste comme les portes d'Hadès celui qui cache une chose dans son cœur et en dit une autre.