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sur 282 notes
J'imagine que chaque auteur, lorsqu'il commence le projet d'un roman, a en tête certaines ambitions. Et que, si une fois le livre achevé, il peut trouver, à travers les échos de sa réception, la confirmation que ses objectifs d'écriture ont été atteints, c'est alors un livre réussi. Posée en amont de la création, cette question des motivations à écrire a dû aussi en paralyser plus d'un et réduire à néant ce qui n'étaient que velléités. Quand il s'agit, comme pour Anna Hope, d'un auteur ayant déjà rencontré le succès, le défi est légèrement autre : trouver l'inspiration pour faire du neuf selon les recettes des succès antérieurs. Renouveler son écriture mais contenter un lectorat qui revient vers vous à la faveur de vos productions antérieures.
C'est en pensant à tout cela que j'ai abordé la lecture du le Rocher blanc, dernier en date des romans d'Anna Hope. J'avais trouvé Nos espérances tellement parfaites à restituer l'air d'un temps que, malgré le grand plaisir pris à leur lecture, je les ai soupçonnées de devenir vite datées. La Salle de bal et le Chagrin des vivants, chacun dans leur genre, m'avaient également beaucoup plu. J'y ai trouvé à chaque fois un cadre bien précis pour une histoire en immersion dont la narration pleine de finesse laisse toujours sa place au tintement un peut aigrelet d'une fêlure douce-amère.
Et puis le Rocher blanc qui me laisse confuse et un tantinet désappointée là où je pensais, grâce à une grande amie libraire, plastronner d'être de celles qui le découvraient avant sa sortie et me délecter de ce plaisir un peu snob consistant à dire à mes connaissances : « le dernier Anna Hope, tu ne l'as pas encore lu ? Vraiment, tu devrais, une petite merveille ».
Je ne dirai pas cela.
Dans un decrescendo chronologique annoncé dès la table des matières, le roman fait se succéder différentes parties de 2020 à 1775 pour emprunter ensuite le chemin inverse et revenir au monde contemporain. le point commun entre ces épisodes romanesques ? le rocher. Pierre votive à quelques encablures des côtes de l'Amérique latine, fréquentée par les autochtones pour des raisons cultuelles, par des migrants esclavagisés ensuite, un chanteur ressemblant fort à Jim Morrison et une romancière touriste venue y rendre une sorte de culte new-age.
Comme Anna Hope reste une conteuse de talent, on s'attache aux personnages des différentes époques. On ressent le vide dans lequel se meut chacun d'eux, le désespoir blanc qui les habite continuellement. On vit leur désarroi, leur peur et leur inéluctable condamnation. Dans une réflexion qui ramasse en moins de 300 pages l'idéologie de la colonisation, le soft power de la pop music et les délires ethnocentrés de touristes en mal de spiritualité personnalisée est concentrée toute la démesure humaine, l'impuissance à laquelle se résolvent les opprimés, l'inexorable tragédie que contient l'aveugle et suffisante découverte d'un nouveau monde depuis 15e siècle.
Mais il ne faudra pas attendre autre chose. Pas de deus ex machina. Jamais. Pas de rédemption par je ne sais quelle grâce des sentiments. Rien qui sauve. Rien qui transcende ou qui éclaire.
Alors je reviens à ma réflexion initiale sur les motivations à écrire. Il me semble que si l'on n'est pas Beckett, si la beauté de la langue utilisée ne vient pas transcender le seul et frustre dire, c'est un coup d'épée dans l'eau que de raconter uniquement la brisure. Car ce qui aura été brisé, ce n'est pas seulement le destin tragique de tous ces personnages, c'est aussi le pacte avec le lecteur qui, à conditions d'une esthétique séduisante ou de péripéties romanesques trépidantes voire d'une injonction à un engagement politique quelconque, aurait accepté de voir son regard infléchi. Ici, rien de ce genre. On reste prisonniers de la bêtise immémoriale des hommes, à tristement contempler le désastre. Sans échappatoire aucun, pas même esthétique. Déprimant.
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Un peu déroutant dans ses premières pages , le roman prend vite son rythme au gré des pérégrinations d'un minibus qui emporte une dizaine de personnes au fin fond du Mexique, à Nayarit, là ou se trouve un grand rocher blanc qui selon des chamanes serait à l ‘origine du monde.
Dans ce minibus interlope se trouve une écrivaine anglaise , sa fille , son mari.
Elle fait ce voyage après un voeu personnel et parce qu'elle est à la recherche d'un nouveau roman à écrire.Nous sommes en 2020 , au début de la pandémie, seuls quelques mails parfois avertissent l'écrivaine de ce qui se passe en Europe.
Depuis des siècles ce rocher attire des aventuriers en quête de sens , qui cherchent une réponse à l'angoisse de la mort, une reconnexion à la nature , et au fil du voyage, on croise en 1775 un navire espagnol et son jeune lieutenant ,ou une jeune fille qui fuit l'esclavage, un chanteur pacifiste dans les années 60 (copie-conforme à Jim Morrison, )
Malgré ces sauts à travers le temps, tous ces personnages ont la perception du monde ancrée dans la terre, et sont attirés vers ce rocher blanc symbolique.Croyances ancestrales et perception très actuelle de l'écologie .
Belle traduction qui a su garder la poésie qui émane de ce texte.
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Un très beau roman qui s'ouvre sur des personnages et des époques différentes pour nous faire découvrir le rocher blanc qui représente l'origine du monde. Tous ces personnages manquent d'une chose que l'on découvre à la fin du roman et qui est pourtant essentiel pour une vie sereine... si simple à lire, mais pourtant si difficile à ressentir. lâchez prise avec Anna Hoppe et vous verrez...
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