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Citations sur Il n'y a pas de Ajar (148)

Nous sommes pour toujours les enfants de nos parents, des mondes qu'ils ont construit et les univers détruits qu'ils ont pleurés, des deuils qu'ils ont eu à faire et des espoirs qu'ils ont placé dans les noms qu'ils nous ont donnés.
Mais nous sommes aussi, et pour toujours, les enfants des livres que nous avons lu, les fils et les filles des textes qui nous ont construits, de leurs mots et de leurs silences.
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L’origine, ça ne compte jamais autant que ce qui t’arrive en route.
Même la science le dit aujourd’hui. C’est prouvé.
Tiens par exemple – tu savais ça ? – il y a des souris dans des laboratoires qui ont complètement grignoté la théorie du génome, et l’ont réduite en miettes avec une simple expérience. Ça s’est passé comme ça : on leur a fait renifler tous les jours un petit morceau d’ail et, simultanément, on leur a balancé un court-jus dans les pattes, genre aïe aïe aïe… Et figure-toi qu’on s’est rendu compte que leurs enfants et leurs petits-enfants, qui ne pouvaient pas être au courant de cette histoire, puisqu’ils avaient été confiés à l’assistance publique des souris avant de recevoir la moindre décharge électrique, eh ben ils en savaient quelque chose. Sans aucune trace génétique de l’expérience vécue par leurs darons, sans aucun traumatisme, ils ont mystérieusement développé une aversion totale à l’ail, sous toutes ses formes : tchik et tchik et tchik… Tu comprends ? Ils se sont souvenus d’un truc qu’ils n’avaient pas vécu et qui n’était pas inscrit dans leur ADN.
Ça veut dire que tu transmets à tes enfants un morceau de ton histoire, qui n’est pourtant pas la leur ! C’est absent de ton génome mais eux, ils le récupèrent quand même. Ça s’appelle l’épigénétique… c’est une filouterie, une arnaque à la génétique.
Et ça ne marche pas que pour les souris. J’ai lu que c’était vrai aussi pour les descendants des survivants de la Shoah. Aux États-Unis, on a testé la théorie sur eux, parce que, de toute façon, ils ont l’habitude des expérimentations humaines, et le résultat est sans équivoque :
On a prouvé que si tes parents ou tes grands-parents sont allés à Auschwitz, même si tu ne le sais pas, même s’ils ne t’ont rien raconté du tout, tu vas réagir différemment au stress.
C’est comme s’il y avait tout un tas d’impacts dans ta vie, des résidus d’histoires qui ne sont pas les tiennes et que tu n’as pas vécues mais dont tu gardes la trace quelque part. Ton ADN n’en sait rien mais ton corps s’en souvient quand même.
Qu’est-ce que ça veut dire ? Que rien n’est purement génétique ! Rien n’est purement quoi que ce soit d’ailleurs… En fait, rien n’est purement. Un bon traumatisme, ça s’imprime sur plusieurs générations. Ça dégouline sans gêne.
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(…) depuis quand l’objectivité serait-elle autre chose que la subjectivité de la majorité ?
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(…) pour se comprendre, il ne faut pas parler la même langue. Il faut toujours rester suffisamment incompréhensible pour avoir une chance de ne pas s’entendre et de mieux se connaître.
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Il en va ainsi des œuvres qui nous marquent comme des auteurs qui les ont offertes au monde : ils font toujours un peu de nous leurs enfants.
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Cet homme connaît la force des mots et des interprétations. Il sait mieux que quiconque que le texte et le monde ne correspondent pas toujours, que les mots ne parviennent pas à décrire la réalité et que, vice-versa, celle-ci n’est pas à la hauteur des promesses des livres. Il y a toujours entre le monde et le langage un rendez-vous raté, un lapin qu’ils se posent mutuellement. Il faudrait pour qu’ils se retrouvent, au choix, changer de monde ou inventer une autre langue. Mais qui sait faire cela ?
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Les juifs se sont toujours débrouillés pour que la définition de leur judaïsme – ce à quoi « ça » tient – reste un indéfinissable, un au-delà de la naissance, de la croyance ou d’une quelconque pratique. Un presque rien qui n’a, au bout du compte, pas grand-chose à voir avec la religion de votre mère, la recette du foie haché, la stricte observance ou l’art de raconter des blagues. Le judaïsme s’assure en toute circonstance que la question de l’identité échappe à toute résolution, et ne tolère aucune définition définitive. La haine qui se déverse contre les juifs à travers l’Histoire n’est pas sans lien avec ce stratagème : tout obsédé de l’identité finira par prendre en grippe celui qui refuse de se laisser enfermer dans une définition. Il sera alors submergé par l’irrépressible envie d’en finir avec lui.
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À travers Ajar, Gary a réussi à dire qu’il existe, pour chaque être, un au-delà de soi ; une possibilité de refuser cette chose à laquelle on donne aujourd’hui un nom vraiment dégoûtant : l’identité.
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Nous sommes, pour toujours, les enfants des livres que nous avons lus, les fils et filles des textes qui nous ont construits, de leurs mots et de leurs silences. (...) Nous sommes toujours les enfants de nos bibliothèques. Nous sommes tous conçus par procréation littérairement assistée.
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A travers Ajar, Gary a réussi à dire qu'il existe, pour chaque être, un au-delà de soi ; une possibilité de refuser cette chose à laquelle on donne aujourd'hui un nom vraiment dégoûtant : l'identité.
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