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Citations sur Il n'y a pas de Ajar (148)

Tu le sais bien, toi aussi : parfois, on est les enfants de nos parents biologiques ou adoptifs ... Mais on est toujours ceux de nos bibliothèques, les fils et les filles des histoires qu'on a lues ou entendues. On est tous conçus par procréation littérairement assistée.
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Je crois que c’est la pire chose qui puisse arriver dans l’existence : ne manquer ni de sel, ni de tendresse, ni d’amour … parce que alors, il n’y a aucune raison de se mettre à parler, à écrire ou à créer. Si t’es complètement toi-même, alors y’a rien dire.
C’est le mutisme de la plénitude.
Et c’est là qu’elle attaque et qu’elle s’accroche, cette saloperie. Tu sais : « l’identité », comme ils l’appellent tous. C’est fou comme elle les obsède aujourd’hui. Tu as remarqué ? Elle est partout. Elle bouffe toute la place : elle fait se sentir « bien chez soi » à la maison et en manque de rien. Et c’est comme ça qu’on devient muet, con, antisémite, et parfois les trois à la fois.
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Et voilà comment plein de gens t'affirment aujourd'hui qu'ils sont complètement eux-mêmes, quand ils ne sont plus qu'un bout d'eux-mêmes, et de préférence le morceau qui a souffert ou a été discréminé. Et d'ailleurs y'a personne d'autre qu'eux-mêmes pour les comprendre.
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Et dans cette tenaille identitaire politico-religieuse, je pense encore et toujours à Romain Gary, et à à tout ce que son œuvre a tenté de torpiller, en choisissant constamment de dire qu'il est permis et salutaire de ne pas se laisser définir par son nom ou sa naissance. Permis et salutaire de se glisser dans la peau d'un autre qui n'a rien à voir avec nous.Permis et salutaire de juger un homme pour ce qu'il fait et non pour ce dont il hérite.

( p.18)
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Il n'y a pas de Ajar

Un monologue contre l'identité

Romain Gary " L' humour est une affirmation de supériorité de l'homme sur ce qui lui arrive".
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Je crois que c’est la pire chose qui puisse arriver dans l’existence : ne manquer ni de sel, ni de tendresse, ni d’amour… parce qu’alors il n’y a aucune raison de se mettre à parler, à écrire ou à créer. Si t’es complètement, immanquablement toi-même, alors y’a rien à dire.
C’est le mutisme de la plénitude. 
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A peine né, ce double littéraire lui rapporte un deuxième prix Goncourt, en plus de celui qu'il avait gagné sous son premier nom d'auteur. L'affaire Gary/Ajar devient la plus grande supercherie du XXème siècle.
Voilà comment un homme se met à écrire simultanément sous un nom et sous un autre et signe là une stratégie de survie littéraire - ou de survie tout court - un stratagème qui rendrait jaloux tous les désespérés de la terre : renaître de son vivant et déjouer le morbide qui vient toujours de la conscience d'être arrivé quelque part. Gary réussit ainsi à sortir de l'impasse existentielle dans laquelle tombe tout homme reconnu pour son œuvre.
Il retrouve un avenir.
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Depuis des années, je lis l’œuvre de Gary/Ajar, convaincue qu’elle détient un message subliminal qui ne s’adresse qu’à moi. Je ne cesse d’y chercher une clé d’accès à ma vie, un passe-partout qu’un jour, un homme aux multiples identités a déposé.
Le pire est que je ne suis pas seule. J’ai croisé bien des êtres qui souffrent d’une pathologie similaire, et considèrent que l’entreprise littéraire de Romain Gary, sa réinvention de lui-même les raconte, ou dit quelque chose de ce qu’ils aspirent à faire. Tous ont en commun de croire que cet homme est venu raconter un peu leur histoire, et que ses textes en disent davantage sur eux, lecteurs, que sur lui, auteur.
Si je devais tenter de définir ce qui relie les passionnés de Romain Gary que j’ai pu rencontrer, je dirais qu’il y a en eux une profonde mélancolie, très exactement proportionnelle à leur passion de vivre. Une volonté farouche de redonner à la vie la puissance des promesses qu’elle a faites un jour, et qu’elle peine à tenir. L’œuvre de Gary/Ajar est le livre de chevet des gens qui ne sont pas prêts à se résoudre ni au rétrécissement de l’existence ni à celui du langage, mais qui croient qu’il est donné de réinventer l’un comme l’autre. Ne jamais finir de dire ou de « se » dire. Refuser qu’un texte ou un homme ait définitivement été compris. Et croire dur comme fer qu’il pourra toujours faire l’objet d’un malentendu.
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(p.51)
Jusqu'à l'age de douze ans, il n'a pas dit une seule phrase, pas énoncé la moindre syllabe. Il était muet, comme une carpe. Ses parents, extrêmement inquiets, ont tout essayé pour le faire parler mais rien à faire : pas un mot ne sortait de sa bouche. Et puis un soir, à table, au moment où personne ne s'y attend, il se tourne soudain vers son père et il lui dit :
- Passe moi le sel !

Alors là, tu imagines la stupéfaction familiale. Sa mère explose en sanglots et le couvre de baisers. Le père, bouleversé, lui dit :
- Mon fils, tu sais parler ? Pourquoi as-tu attendu toutes ces années ? Pourquoi n'as-tu rien dit jusqu'à ce soir ?
Et là, le fils répond, très calmement :
- Ben, jusqu'ici, tout allait bien !

Je crois que c'est la pire chose qui puisse arriver dans l'existence : ne manquer ni de sel, ni de tendresse, ni d'amour... parce que alors, il n'y a aucune raison de se mettre à parler, à écrire ou à créer. Si t'es complètement, immanquablement toi-même, alors y'a rien à dire.
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(p.17)
Et dans cette tenaille identitaire politico-religieuse, je pense encore et toujours à Romain Gary, et à tout ce que son œuvre a tenté de torpiller, en choisissant constamment de dire qu'il est permis et salutaire de ne pas se laisser définir par son nom ou sa naissance. Permis et salutaire de se glisser dans la peau d'un autre qui n'a rien à voir avec nous Permis et salutaire de juger un homme pour ce qu'il fait et non par ce dont il hérite. D'exiger pour l'autre une égalité, non pas parce qu'il est comme nous, mais précisément parce qu'il n'est pas comme nous, et que son étrangeté nous oblige.
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