AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,8

sur 388 notes
Formidable roman sur les mères absentes ... il m'a fait penser à Delphine de Vigan et son inoubliable"Rien ne s'oppose à la nuit" ... ou aussi, au livre assez méconnu mais indispensable de Clémentine Autain "Dites-lui que je l'aime" ... La douleur des filles dont les mères ont choisi de s'envoler ...
Commenter  J’apprécie          20
Une histoire de mère et fille ou plutôt d'une fille dressant le portrait de sa mère atteinte de maniaco dépression. Elle nous raconte cette mère fantasque, qui disparaît au gré des internements et qui revient toujours de manière fracassante. Bruyante, elle virevolte, parle sans s'arrêter et commet toujours l'irréparable. Une mère qui adore ses filles autant qu'elle les déteste quand tout va de travers, des rôles qui s'inversent et des enfants qui ont le devoir de redoubler de vigilance et de faire en sorte de garder en vie ce parent malade.
C'est dur et violent à lire mais encore plus à vivre et à reconstruire, bravo #violainehuisman
Commenter  J’apprécie          30
Il y a des livres que j'hésite à acheter, pour tout un tas de raisons, mais celui-ci n'a fait aucun doute. Sa couverture, son titre, son thème : tout concordait avec moi.

Après l'avoir refermé, j'ai longtemps cherché la plume de Violaine Huisman dans mes autres lectures. Et pourtant, aujourd'hui, j'ai encore du mal à en dessiner les contours.

« Ta mère est malade, ta mère est maniaco-dépressive. »

Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire pour une enfant ?

Baignée dans une vie de famille fragile, maintenue en équilibre par celle qui pouvait tout faire valser. Avoir une mère comme Catherine, ça revenait à côtoyer l'imprévisible comme un membre de sa famille. Ça prenait beaucoup de place, encore plus en son absence. Et pourtant, la petite fille n'a jamais cessé de l'admirer, sa maman.

De ses yeux d'enfant, Violaine Huisman décortique l'anatomie d'une vie, et sûrement pas la sienne. Avec un style incisif à l'image de Catherine, elle met sur pause la pièce de théâtre de leur quotidien. Et il faut dire que c'était un bien joyeux bordel qu'elles menaient, à elles trois : Violaine, sa soeur et leur reine.

Catherine en était le personnage principal, le clou du spectacle ; celle qui faisait des 32 roues de danse classique au milieu du salon, mais aussi celle qui leur balançait des “pauvres petites connes” en plein visage. Sans la moindre intention de blesser qui que ce soit, c'était juste elle, tout en intensité, accompagnée de ses excès de vérité et ses contradictions.

« Elle pouvait être survoltée ou terrassée, bouffer comme quatre ou se laisser dépérir, elle était excessive en tout. »

Violaine Huisman, fait de l'instabilité de sa mère un héroïsme. Peut-être pour mieux comprendre ses débordements, explorer ses tréfonds ou simplement rendre son humanité à cette écorchée vive.

Et comment ne pas lui dédier son premier roman quand le pilier de la maison menace de s'effondrer à chaque instant ? Parce que, malgré tout, elles s'aimaient à la folie, pour toute la vie, bordel !

« Maman me donna ça, cette confiance absolue, éperdue, cet amour inconditionnel, cette audace avec laquelle j'ébauchai mon indépendance. »
Commenter  J’apprécie          00
J'ai adoré ce roman pour 3 raisons :

1, parce que c'est le récit d'une relation mère-fille. Peut-être que ça me touche particulièrement parce que ma relation avec ma propre mère n'a pas toujours été facile (même si très très loin de ce que vit la narratrice, bien sûr), mais j'ai trouvé le sujet abordé avec brio. le récit est raconté du point de vue de cette petite fille qui voit sa mère sombrer dans la maladie mentale, mais qui garde cette image d'une relation flamboyante, parfois déchirante et violente, mais aussi pleine d'amour et passionnelle. Ce point de vue "enfantin" est sublime et donne à lire une relation complexe, touchante, qui marque durablement cette petite fille, bien au-delà de l'enfance ensuite...

2, parce que c'est aussi un destin de femme, car c'est bien plus qu'une relation mère-fille, c'est aussi le destin de cette femme, la vie ô combien difficile qu'elle a pu vivre, l'amour qu'elle a ressenti, les projets, les espoirs, les passions, les déceptions... Une vie à mille à l'heure, un tourbillon qui ne s'arrête jamais, une montagne russe, où les joies et l'amour sont à la hauteur des profondeurs dans lesquelles elle peut ensuite s'effondrer. Cette femme non-désirée qui se brûle les ailes et rayonne d'une énergie à la limite de l'autodestruction. La partie sur sa vie est envoûtante, on ne peut qu'être touché·e par ce qu'elle vit, tout en comprenant à demi mot la maladie qui se déclare, ce trouble maniaco-dépressif qui lui fait tout vivre dans les extrêmes. C'est vraiment beau et percutant.

3, parce que l'écriture est sublime ; Violaine Huisman signe ici son premier roman et c'est déjà d'une grande beauté ! C'est poétique, parfois cru, à l'image de la personnalité de cette femme, c'est compact, dense, on ne respire plus, emporté dans le même tourbillon qu'elle, dans ses pensées et sa vie qu'elle rêve éclatante et resplendissante. Puis ça se calme, on lâche du lest avant de replonger, c'est vraiment une écriture qui prend aux tripes et au coeur.

A travers ces trois phases, c'est une femme qui rêve profondément d'être libre qui se dessine, coincée dans une société qui ne la comprend pas et essaye de l'enfermer. J'ai adoré, tout simplement.
Commenter  J’apprécie          21
LQue dire de ce premier roman qui m'a bouleversée?

Pour moi qui ai une relation très complexe avec ma mère, ce livre est un véritable défi. Chaque mot me parle, chaque phrase résonne, chaque image me pique. On y retrouve le petit côté déjanté de En attendant Bojangles, de façon encore plus forte ce qui rend l'ouvrage encore plus difficile à lire.

Alors, que je traverse un moment de remise en question assez fort dans l'appréhension de mes rapports aux autres et à moi même, cette lecture est venue me bousculer violemment. Je l'ai commencé, abandonné, repris, il a failli partir à la poubelle...

Néanmoins, j'ai vraiment vraiment beaucoup aimé ce livre.J'ai aimé chaque mot, j'ai aimé le style, j'ai aimé l'histoire, j'ai aimé cette mère en souffrance qui fait souffrir les autres en voulant les protéger et peut-être que j'ai mieux compris la mienne...

Commenter  J’apprécie          00
Fugitive parce que reine 
est un roman autobiographique, il s'agit du premier roman de Violaine Huisman, une lecture envoûtante, passionnante, bouleversante, déchirante.

Une ode à l'amour, une ode à la mère.

Un récit en trois temps, dont le schéma narratif s'articule autour de :
-l'image de la mère par le prisme de sa fille Violaine,
-la femme avant la maternité,
-la mort, le deuil

À travers ce roman, la narratrice raconte l'histoire de Catherine, sa mère, et le lien indéfectible qui les unit. le récit s'ouvre sur le diagnostic posé sur la maladie de sa maman, qui porte désormais un nom : maniaco-dépressive; le monde s'effondre alors autour d'elle, et de ses filles.


Cette première partie s'étiole autour des souvenirs, des accès de violence, l'ambivalence d'une mère tourmentée, à la vie débridée et souvent incompréhensible dans le regard d'une enfant. Témoins de ses multiples variations, Violaine et sa soeur Elsa restent unies et grandissent avec comme modèle une mère excessive, et un père aux abonnés absents. Mais, malgré tout, ce qui ressort de ce chapitre est la tendresse, l'amour qui prend plusieurs formes, qui se juxtaposent parfois aux mélodrames d'une mère excentrique, tyrannique envers ses filles, et dont la mythomanie n'existe que pour rendre sa vie plus supportable, une femme brisée dont on ne peut que comprendre les fêlures à travers la deuxième partie du livre.

La mise à distance est alors nécessaire, le récit se construit désormais à la troisième personne, retour sur la vie de Catherine Cremnitz, de sa naissance à sa mort. Issue d'un viol, son parcours nous est alors raconté de manière plus détachée, son enfance brisée, sa maladie, la recherche fondamentale de ses racines, on comprend alors ce qu'a été sa vie avant l'amour, avant la maternité. 
D'une vie à soi, d'une quête d'identité profonde, qui, un jour, se retrouve bouleversée par ce que peut provoquer la maternité, le chamboulement d'une vie. de l'amante, exigeante envers les hommes, un brin féministe, de l'outrecuidance de la femme libre à la figure maternelle, il n'y a qu'un pas. Cette partie du roman dépeint la construction d'une vie sur la base d'une enfance complexe, d'un passif familial tout aussi déroutant qui vient ajouter une couche au caractère irréparable de la petite enfance et la construction de soi. Aussi manipulée qu'elle a pu parfois être manipulatrice, la danseuse déploie peu à peu ses ailes, a de grandes ambitions, mais la vie s'est dérobée au détriment d'elle-même, l'a faite devenir quelqu'un d'autre, hystérique, violente, parfois dépressive, à côté de la plaque. La souffrance dissimulée depuis l'enfance réapparaît tout à coup sous une nouvelle forme, qui se joue d'elle. Elle a pourtant tout fait pour ne pas reproduire le schéma familial dont elle avait héritée, jouait des coudes et était obsédée par des souvenirs d'enfance dont elle tentait de s'éloigner.

Enfin, la troisième partie évoque la chute, la résignation, le deuil. le dernier voyage d'une reine. Un court chapitre qui brille encore par l'absence du père dans une épreuve ô combien terrible pour ses filles. L'absence, terrible, la souffrance, toujours plus forte.

Une lecture délicieuse pour qui apprécie la poésie, le vocabulaire délicatement choisi et riche. La langue y est parfois crue, à forte raison, pour évoquer une mère aux multiples facettes, qui en a littéralement bavé.
C'est une déclaration d'amour viscérale, l'amour inconditionnel liant deux filles à leur maman. Violaine Huisman signe là un roman autobiographique absolument exquis, saisissant. Effroyablement beau et dur.


La famille décomposée-recomposée, les traumatismes de l'enfance, les difficultés éprouvées dans la maternité, la recherche d'identité, des thèmes dans lesquels chacun peut facilement se retrouver, le portrait d'une femme à travers les yeux de sa fille, un hommage éblouissant, qui m'a complètement envoûtée. Un vrai coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          00
Livre magnifique sur l'amour porté à une mère que l'on pourrait qualifier de défaillante, qui illustre aussi ce que vivent les proches d'une personne à la santé mentale fragile à hauteur d'enfant puis d'adulte. Un livre sur l'amour coûte que coûte, sans pathos, avec une écriture pleine de trouvailles pour faire ressentir la vie qui déborde.
Commenter  J’apprécie          10
(avril 2018) le livre commence par "Le jour de la chute du mur de Berlin, l'année de mes 10 ans, tandis que défilaient sur les écrans du monde entier des images d'embrassades, de larmes de joie, de bras déployés en signe de victoire, ...".

Assister à l'allégresse des bonheurs collectifs quand votre infinitésimal univers personnel s'écroule vous plonge à jamais dans une prison de solitude. Et je me demande combien de vies il nous faut pour en sortir et accueillir notre insignifiance avec gratitude.

J'ai lu les deux premières parties de ce roman avec lenteur et difficulté. Tant d'amour, tant de peine, tant de folies, tant de normes, tant d'aisance, tant de gênes, tant de luxe, tant de luxure. de très belles critiques fleurissent la toile pour saluer ce bouleversant premier roman autobiographique. Je décide donc de m'abstenir, parce que je ne dirai rien de nouveau, et parce que j'ai dévoré la troisième et dernière partie, qui m'a laissée ko debout. Je repense au roman magnifique de Delphine de Vigan, Rien ne s'oppose à la nuit, qui m'avait aussi épuisée psychologiquement.

J'ai mal au ventre. le chagrin m'étreint le coeur. Ma gorge est sèche. Je voudrais embrasser ma mère avec la tendresse qu'elle ne m'a jamais prodiguée et dont aujourd'hui encore je suis ignorante. Je voudrais remercier l'âpreté du destin qui, finalement, est toute relative, puisque nous avons échappé à l'institut médico-légal.

Et je me demande …

Quelle femme d'aujourd'hui, autour de la cinquantaine, née des libertés juste gagnées des années 60-70, n'a pas vécu des bouts de l'enfance de Violaine Huisman ? Quelle femme d'aujourd'hui a bien pu échapper à la détresse de sa mère de ses 20 ans à ses 45 ans ? Quelle femme de la seconde moitié du XXé, belle, intelligente, sensible, singulière a pu endiguer, à corps et à cris, l'impérieuse exigence de sa vie intérieure ?

Si je n'apprécie guère les #balance ton porc comme autant de révoltes désordonnées pouvant nuire à leur juste cause, j'y reconnais les prémisses de la nécessaire lutte de la femme contre son destin kafkaïen de rébellion-soumission. Prisonnière des animus hérités de toutes les premières femmes de sa vie, mère, tante, grand-mère, …, admirée ou conspuée par des hommes guère plus vaillants avec leur anima, comment ne pas devenir maniaco-dépressives ?

Punir la femme qui punit l'homme qui punit la femme. Qui donc a commencé ? Est-ce la question centrale ? Elle doit être d'importance puisqu'elle s'immisce dans la culture ambiante. Je connais un homme capable d'avoir confondu sa femme avec toutes les autres, et l'avoir épuisée puis quittée au nom de tous les hommes victimes de toutes ces femmes.

Je ressens la brutalité d'une grande fatigue intérieure. Où cela s'arrêtera-t-il ? Quand cesserons-nous de confondre femme et féminin, homme et masculin ? Quand comprendrons-nous qu'emprunter ce chemin merveilleux de la complétude nous impose de savoir accueillir auprès de nous l'autre comme le reflet de notre évolution en devenir et de grandir ensemble ?

Je veux me réjouir pour nos filles qu'elles grandissent plus dans ce siècle que dans le précédent. Et qu'elles réalisent que les libertés gagnées sont fragiles, à l'heure où des pays font reculer leurs droits à l'avortement, où d'autres les astreignent encore aux mariages forcés, aux punitions à l'acide, aux excisions, aux voiles de toutes sortes, …. Ma jeune ado de 15 ans s'est offert le livre "Femmes qui courent avec les loups. Histoires et mythes de l'archétype de la Femme Sauvage", de Clarissa Pinkola Estés. C'est un signe d'espoir pour moi.

Et d'en revenir à mon unique responsabilité d'être humain, celle de faire émerger ma vie intérieure et de la vivre.
Commenter  J’apprécie          00
J'avoue ne pas avoir accroché dès le début à cette histoire de mère fantasque qui, durant la moitié du livre, n'a pas trop de sens... La deuxième partie revient sur son histoire, depuis son enfance jusqu'à cette fameuse période fantasque... On comprend un certain nombre de choses... Pour autant, j'ai trouvé très très long ce livre qui se veut être une ode à sa mère de l'autrice
Pas convainquant
Commenter  J’apprécie          40
Au départ, j'ai eu peur de tomber sur un ouvrage à la mode, celui des autrices qui écrivent sur leur mère. Et bien, ce fut un choc. Passé l'incipit flamboyant, les passages décrivant à la fois l'amour fou, passionné d'une mère pour ses filles, mais aussi sa violence, sa démesure, j'ai lu avec avidité ce roman au rythme effréné, comme une danse, avec ses longues phrases au vocabulaire étoffé, aux descriptions de la maladie mentale, de l'amour, du sexe, du désespoir, de la confusion.

Violaine Huisman dresse ici le portrait complexe d'une femme de son temps, dévorée entre ses ambitions et le monde qui l'entoure, les faux-semblants, les illusions, l'aliénation féminine. L'émotion est aussi présente, on ressent à travers les lignes ce trop-plein d'amour, ce déchirement de l'autrice envers sa propre mère.

Un très beau roman, puissant.
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (899) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1722 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}