Prière pour délier les sources d’oraison
Extrait 1
Petite source que tu saignes au ventre de la colline
O ma source qui te mire à l’envers des pierres où la
veine fuit dans le creux des arbres
Toi la source qui gronde en tes bouillons de grottes à
faire chanter les orgues
Petite source au caprice des argiles qui te dévorent
en leur porosité
Je t’appelle à délivrer la terre meulière
Par la vertu des coudriers qui mentent comme ils
tremblent de désirs
…
Prière pour délier les sources d’oraison
Extrait 3
Je prie le Dieu sec et cireux des grandes terres assoiffées
Qu’une petite source délie les eaux prisonnières du
déboisement
Et qu’en se déliant les fontaines reçoivent le bras d’eau
glacé libérant la saison atrachèle au déduit des griffons
Je dis par l’évocation des Saints Pancrace, Jeannet, Elzéard,
Julien, Firmin, Honorat, plantés entre l’Asse et la Bléone
au langage des hommes
Que les eaux des Bronzets, des Allemands, des Pardigons,
des Exubis, de Vaurichard, de la Fouile et des Paurilles
affluent au lit de la Rancure
Que les eaux du Vaudonnier, des Cardaires avec l’Embruissier
et jusqu’en Rabette de Metzel rejoignent les compagnes
de l’Asse
Et je vais écouter le premier filet auréolant l’évier que je lèche
en l’attente d’un doigt aimé.
Pavane de l’autre nature
Extrait 1
Aux paroles qui reviennent de l’herbe
Avec des globes de rosée scintillants
D’herbe fraîche à la veine pâture
Comme l’odeur du foin au petit jour
Toute la verdure passée en paroles
Fanés à coups de fourche qui l’égaillent
Sur le revers où la sauge raidit
Dans la sécheresse aux faces d’épreuve
Je demande aujourd’hui de m’accueillir
…
Oraison, 1er août 1955
Pavane de l’autre nature
Extrait 4
Aux paroles que me souffle le vent
Par le panache fleuri des roseaux
Qui frémissent comme au temps de Midas
Ou les entends-tu trembler de Pascal
Car le vent aura toujours des oracles
Pour ceux-là qui viendront interroger
L’ample cœur d’une nature étrangère
Aux destins des paroles qui se perdent
Je demande l’asile d’une mémoire
…
Oraison, 1er août 1955
Pavane de l’autre nature
Extrait 15
Toute parole épuisant ses reflets
Le consentement me semble excessif
Comme la récrimination osée
Aux paroles pour se faire plaisir
Mais j’appelle à signifier un accord
Aux paroles qui dévorent le sens
De l’autre nature aidée en ses refuges
Comme d’aucuns ont espéré du ciel
Dans les siècles nourris d’allégories
Oraison, 1er août 1955