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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre qui raconte l'histoire poignante du dernier esclave américain a été interdit de publication pendant plus de 70 ans, car le mythe des Africains pauvres et exploités, qui capturaient et vendaient leurs compatriotes aux esclavagistes, était pour beaucoup un sujet tabou.

L'auteure Zora Neale Hurston retrace avec beaucoup de soin l'histoire d'Olualé Kossola appelé peu de temps après son arrivée en Alabama, Cudjo Lewis. Il a vécu comme beaucoup de gens de son peuple, la traite négrière, les atrocités commises par ceux de son propre peuple et par les Américains. Trop d'entre eux ont été enlevés, traumatisés, enchaînés, affamés et entraînés dans d'autres terres que les leurs. Il raconte son existence précaire dans le navire qui l'a conduit jusqu'à ses nouveaux maîtres, puis les baraquements (maisons) dans lesquels lui et d'autres esclaves ont vécu par la suite. Il finira par parler de sa vie après cette période sombre, le jour où il fut émancipé, sa joie d'être enfin libre malgré la peine qu'il ressent de ne pouvoir retrouver son pays.

La chronique complète sur Songe !
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" le livre est précieux aussi parce qu'il nous fait entrer dans cet abîme de désespoir que les Africains nomment Maafa, « terme swahili signifiant à la fois le désastre et la manière dont les hommes réagissent face à lui. » A l'instar du Samudaripen, de la Shoah, de la Naqba, mais avec une portée infiniment plus vaste, puisqu'elle désigne à la fois le déracinement, l'ethnocide, le génocide, l'esclavage, la traite, et ce pendant des siècles, cette expression porte l'horreur inédite du destin africain, mais aussi de cette résistance profonde, obscure, entêtée à ce qu'on pourrait appeler la nuit sans fin de la dépossession, de la déshumanisation. On ne peut qu'être épouvanté par la vie terrible que raconte Kossoula. La fin de l'esclavage ne verra évidemment pas la fin de ses tribulations. Comme le disait Wilde non sans perspicacité, « Les esclaves se retrouvèrent libres, absolument libres de mourir de faim ». Chassés des plantations sans le moindre dédommagement pour les années de travail gratuit, en butte à un racisme qui n'avait pas fléchi pour l'issue d'une guerre ou un texte de loi, ils devaient travailler dur pour peu. Dans sa naïveté, Kossoula demande à son ex-propriétaire un bout de terre pour s'y installer avec ses compagnes et compagnons, une fois qu'il a compris dans la douleur que jamais le fruit de son travail ne lui permettra de payer le voyage retour vers l'Afrique. le planteur, qui estime avoir toujours été bon avec ses esclaves (et en effet ce n'est pas une brute comme il en existe beaucoup) se met alors en colère, outré, et lui explique qu'il ne lui doit plus rien puisqu'il ne lui appartient plus. Au prix d'années de labeur, les Africains déportés du Clotilda acquièrent alors collectivement un lopin de terre où ils installent leur ville, Africatown (Plateau, en Alabama). Ce sera, pendant toute leur vie, un succédané d'Afrique où pourtant la vie n'est jamais facile. Entre Africains au début, ils sont rejoints par des afro-américains qui n'ont jamais connu l'Afrique, parlent anglais et les considèrent comme des sauvages. Douleur du massacre de sa famille et de l'arrachement, douleur de la déportation, douleur de la nostalgie et du mal du pays, douleur de l'esclavage et de l'humiliation, douleur lancinante et inguérissable du déracinement dans la violence, Kossoula décline toutes les facettes du Maafa. La trentaine d'Africains à rester ensemble, Principalement des Yoruba et des Fon, leur permet de continuer à parler leur langue, ne pas perdre leurs histoires, leurs contes, leurs proverbes, leur mémoire. Mais ils ont une vie d'assiégés, dure et violente, limitée en tout, sans espoir de retour. Malgré la férocité de son sort, Kossoula est un vieillard enjoué, changeant, parfois abattu et grincheux, mais la plupart du temps étonnament disert et avide de bonheur. le lien qui se tisse entre lui et Zora, alors âgée de 38 ans, est plein de fraîcheur et de spontanéité. Déporté à 19 ans, il a une mémoire très précise de tout ce qui s'est passé, et en lui l'Afrique est restée la part la plus intense et la plus lumineuse de sa vie, bien qu'il n'y ait passé que la fugacité de son extrême jeunesse. À l'époque où Zora le rencontre, il a perdu successivement quatre de ses enfants, sa femme, Abila, déportée en même temps que lui, et pour finir son dernier fils. Ne restent auprès de lui que sa belle-fille et ses petits-enfants. Sa famille a constitué pour lui un sanctuaire d'amour et de bonheur, le seul, dans une détresse constante. Mais d'elle aussi il a été dépouillé. Il cultive son jardin. À aucun moment de son récit il ne se présente comme le personnage central de sa propre vie. Il a tout subi, il a fait ce qu'il a pu, il a aimé pourtant, il s'est efforcé de résister à la cruauté du sort. Il est si pauvre que Zora et son éditrice lui porteront secours à plusieurs reprise, lui évitant de sombrer dans l'indigence. Il est devenu un bon chrétien, mais garde, à travers ses paraboles et ses contes, sa vision originelle de l'existence. ( ...) À partir du moment où on est né, on peut être dépossédé de l'avenir et de son destin, mais pas de ses origines. On est tout étonné de voir sortir des griffes d'une insatiable méchanceté ce vieillard qui parle d'amour, et qui sans cesse parle dans un présent aussi long que sa longue, très longue route. "
Lonnie, extrait de l'article paru dans DM
Lien : https://doublemarge.com/barr..
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Ce livre m'a été conseillé par un ami qui l'avait trouvé très intéressant. Moi même je l'ai lu d'une traite. Sa lecture en est simple mais les faits évoqués dans ce "report" de la parole de Cudjo Lewis sont poignants sur la simplicité de sa vie.
On y retrace le témoignage d'un des derniers esclaves qui a vécu aussi en Afrique. Il ne s'agit pas seulement de raconter sa vie d'esclave puis d'homme libre aux USA, même si c'est un témoignage supplémentaire de la réalité de l'esclavage, mais il nous indique surtout comment ces hommes libres ont été capturés par d'autres africains dans le but de les vendre comme esclaves aux Blancs. Leur rêve était de revenir en Afrique et non de terminer leur vie en Amérique. Il montre comment ces hommes et femmes, car le bateau contenait autant d'hommes que de femmes, se sont retrouvés "rejetés" par les esclaves déjà présents qui n'avaient plus ce lien avec l'Afrique et avec un sentiment d'abandon et de trahison de la part d'autres africains.
Zora Neale Hurston recoupe le récit de Cudjo par différentes recherches et sources avérées mais donne toute sa place à sa parole et Deborah G. Plant replace bien son travail dans une étude plus vaste sur l'esclavage.
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Quel document incroyable!! Dans ce livre, petit mais dense, toute la vie d'un yoruba: kossoula, né en terre d'affiky comme il dit, élevé jusqu'à ses 20 ans dans les traditions de son pays, mais enlevé avec bien d'autres après une attaque illégale du roi du Dahomey qui les vend à des blancs..pour les transporter tout aussi illégalement aux USA lors de la dernière cargaison de "bois d'ébène" avant l'abolition de l'esclavage
5 ans esclave..plutôt bien traité il le dit, libéré après 1865, cette date capitale pour les Noirs, il reste sur place, achète un lopin de terre et avec ses amis fonde la première ville noire des états unis Africatown.
Il vit seul en Géorgie en1927, sa femme et ses enfants sont morts, lorsque l'auteure Zora Neale Hurston, archéologue et chercheuse afro-américaine vient l'interroger comme étant le dernier esclave du dernier bateau..encore en vie.
Et en effet c'est une première.. peu de témoignages de l'intérieur.. par les acteurs..noirs et non blancs, sont arrivés jusqu'à nous.
Si environ 60 millions d'hommes et de femmes ont été transportés d'Afrique au Nouveau Monde, en passant par certains ports d'Europe, les récits que nous en avons eus sont majoritairement rédigés par des blancs, pro ou anti abolition.
Ce livre est remarquable par la richesse des détails, la langue superbement traduite, les émotions partagées et la délicatesse de l'auteure.
Très utiles également les préfaces et postfaces qui situent bien le problème,
La qualité des recherches et de la transmission.
Le tempérament de griot de Cudjo Lewis..ajoute bien entendu de la vraie vie au récit, allégeant de ses contes africains l'ambiance parfois pesante de son histoire.
J'avais déjà lu beaucoup de livres sur ce sujet, fait passer des messages datant de l'abolition, des Jim Crow laws et autres..mais rien de cette intensité et de cette approche personnelle, et c'est en cela qu'il est remarquable. Il est brut, sans fioritures et pourtant plein de ressenti personnel dans une langue simple,
Je remercie netgalley pour cette merveilleuse découverte.
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One of the most poignant, moving and emotional non fiction stories I've ever read, it took me one night to get to the last page... I would have loved if there were more details about Cudjo's slave life. I didn't regret my reading... it is worth a film adaptation. I loved it, Rest in peace Poor Cudjo !
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Kossoula, dernier esclave, nous conte son histoire.
La perte de sa liberté, les chaînes, la nouvelle liberté et les luttes.
Son récit mêle la grande histoire avec la petite, plus personnelle, tout aussi terrible.
J'ai aimé le caractère vrai, les contes parlés que nous trouvons en annexe.
A lire, au même titre que Frederick Douglass.
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L'esclavage, on connaît tous le mot et ce fameux commerce triangulaire. Mais il faut se l'avouer, les programmes scolaires aiment minimiser les événements quand ils ne sont pas glorieux pour notre histoire. Mais l'histoire, c'est avant tout protéger la mémoire, faire parler ceux qui ne parlent plus, comprendre ce qu'il s'est passé et dans la mesure du possible apprendre de nos erreurs. Cudjo Lewis (Kossola-O-Lo-Loo-Ay), est un des derniers survivants du dernier bateau arrivé aux Etats Unis. Et tout le livre est imprégné de la douleur, de la déchirure profonde qu'il a subie en étant arraché à son pays. Les choses sont écrites avec beaucoup de recul comme un observateur. Leur récit reste-t'il objectif, ça ne l'est jamais vraiment, on sent une sincérité dans l'écriture. Cudjo est un véritable conteur, et parfois il préfère raconter des contes et des histoires au lieu de parler de lui et de sa vie. Mais j'apprécie ce côté authentique chez lui.
Lien : http://souslaplumedelline.wi..
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