Citations sur Bad Girl : Classes de littérature (72)
(...) la deuxième personne sera toujours celle que tu préfères, étant donné qu'il n'y a pas assez de place dans le monde pour je, et que il et elle mettraient trop de distance entre toi et tes personnages bien-aimés, tu veux leur parler tout le temps, comme s'ils étaient dans la pièce avec toi, c'est pourquoi, livre après livre, tu diras you, you, you et tu, tu, tu, et il en ira de même, Dorrit, pour ce livre-ci, où ta ville elle-même sera transformée en lettre, et toi, veux veux pas, drôle de petit chamois vaillant devenu dame vieillissante, en femme de lettres (p254)
Tu adores les mots longs car ils t'arriment plus solidement que les mots courts.
Tu apprends le mot le plus long de la langue anglaise :
antidisestablishmentarianism (vingt huit lettres, alors qu'en français, anticonstitutionnellement n'en comporte que vingt six.
(...)
Quand sortira en 1964 le film Mary Poppins, le père achètera le disque et tu apprendras par coeur la chanson Supercalifragilisticexpialidocious.
... avec le peintre pour écouter un petit orchestre brésilien, ton regard sera attiré par une adolescente : visage aux traits réguliers, cheveux mi-longs et lisses, short en jean, grosses sandales, regard direct.
Autant que par sa beauté androgyne, tu es fascinée par son attitude décontractée, ouverte et sans simagrées.
Hélas, après discussion avec le Peintre, tu seras obligée d'admettre que cette fille est un garçon.
IMPOSSIBLE pour une fille, à quatorze ans, d'être à ce point à l'aise dans ses mouvements, à ce point indifférente aux regards sur son corps.
Pourquoi ?
Parce que son corps contient un utérus. Parce qu'il est le corps violable, le corps fécondable, le corps mystère, l' Origine du monde.
C'est cela la source de la coquetterie féminine, même si l'on fait tout - mais alors vraiment tout - pour l'oublier.
Devenir femme, c'est, entre autres, apprendre à jouer la femme, être consciente des regards que l'on porte sur votre corps, et faire semblant de ne pas l'être tout en montrant clairement que vous l'êtes.
Un nombre incroyable de gens peuvent assister à une corrida, regarder le taureau blessé et sanglant sans frémir.
Pas moi, je suis le taureau.
J'ai toujours un peu de mal lorsqu'on coupe les arbres, lorsqu'on chasse l'élan, le lapin ou l'éléphant.
Seules de toutes les femelles de primates, les humaines retravaillent leur apparence dès la prime jeunesse. On les encourage à se maquiller, à changer de couleur de cheveux, à effacer leurs rides, à faire découper de leur ventre de gros morceaux de gras pour les recoudre sur leurs fesses.
Enfin, au bout de quinze jours, ta présence s'impose à Alison sous forme d'absence - de sang, le jour dit.
[...]
Les jours continuent de glisser. On ne peut plus appeler ça un retard. Il faut désormais l'appeler un problème.
PARCE QUE tu étais une enfant non désirée, tu te pâmeras, dès l'âge de dix ans, en entendant les hommes susurrer qu'ils te désirent.
Un jour, pendant le Kaffe Klatch après l'église, te voyant aborder des inconnues en murmurant à chacune : "Tu veux bien être ma maman ?", Kenneth se demande soudain si tu ne souffrirais pas d'un manque d'attention.
La nature de la Femme est d'être coupable, elle est coupable rien qu'en étant là (jeune et attirante), un festin interdit pour les yeux des hommes.