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3,26

sur 185 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Fidèle à son style, Nancy Huston aborde des thématiques compliquées tels l'exil où les tentacules du passé s'agrippent au présent tel des fantômes.

Féministe dans l'âme, elle effleure la condition de la femme sur plusieurs générations et les conséquences désastreuses de leur manque d'instruction.
Par une suite de chapitres à la chronologie volontairement malmenée, sous le prisme d'une réalisation cinématographique, l'auteure nus conduit avec puissance dans un labyrinthe de miroirs où se reflètent les attirances et les répulsions des identités qui finissent par s'entremêler.

La romancière démontre que la petite Histoire, celle des rebelles irlandais et celles des nationalistes québécois, peuvent creuser la grande Histoire.

Tour à tour poétique et rude, vert et fusant, le style s'enroule comme des lianes autour du lecteur, le ligotant à cette histoire étrangement belle où le travail de souvenirs aide parfois à comprendre les évolutions familiales.


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Ce que j'aime et qui me fascine dans les romans de Nancy Huston - et les essais - c'est l'originalité de la trame. L'intrigue n'est jamais linéaire, il y a plusieurs points de vue qui s'emmêlent, donnant une vision cubiste du thème du livre.
Ici, il y a trois parties, qui s'enchaînent systématiquement - 123, 123, 123 etc.
Neil Kerrigan, Irlandais né au début du vingtième siècle, fils de juge , Milo, son petit-fils de sang indien, abandonné par ses parents à Montréal, et Awinita, la mère de Milo, indienne accro à l'héroïne qui se prostitue pour nourrir frères et soeurs vivant dans une réserve canadienne. Trois destins liés les uns aux autres autour du personnage central, Milo, mourant, dont son amant retrace la vie en élaborant avec lui le scénario d'un film biographique.
Nancy Huston ne se contente jamais du plus simple. Angles de vue variés, relations familiales complexes, introspection, et points de vue artistiques sont ses chevaux de bataille.
Ici le regard froid d'une future caméra se confronte à l'amour que porte son amant à Milo, choisissant dans le passé de celui-ci ce qui en a fait l'homme qu'il est, passif, fascinant, plongé dans des moments de noirceur absolue, généreux.
Nancy Huston est tout sauf une écrivaine mièvre et légère, et son intransigeance ainsi que son caractère passionné se lit à chaque page. Je pense que c'est cette intransigeance et cette passion qui me rebute parfois lorsque je reprends la lecture, cette âpreté épuisante qui fait que j'apprécie moins le récit, mais j'ai aimé que ce récit se déroule en Irlande ET au Québec, et cette progression vers un présent de plus en plus proche sur trois périodes différentes. c'est une lecture à tenter, qui ne satisfera pas tout le monde.
Lien : http://pourunmot.blogspot.fr..
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Sur une idée originale, retracer la vie d'un homme, Milo, à partir d'un projet de film et de la construction d'un scénario, Nancy Huston raconte l'histoire de deux familles, l'une irlandaise, l'autre canadienne dont Milo est issu. Psychologiquement, c'est fort et l'histoire est intéressante. Mais voilà, Nancy Huston se perd (et nous perd) dans des salmigondis liguistiques (écrit en anglais pour la plupart du temps, on passe son temps à lire la traduction en bas de page) et si le canadien est une langue savoureuse que j'apprécie, il ne suffit pas en lui-même pour faire un bon récit et on a l'impression à plusieurs reprises qu'Huston patauge dans des redites, répétitions et autres redondances qui justement nous font tourner en rond sans faire avancer pour autant le schmilblick comme dirait le regretté Coluche. Dommage car ce livre avait tout pour être un grand livre et l'idée de calquer les temps forts sur ceux de la capoeira (danse afro-brésilienne) était aussi surpenante que bien vue.
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Ce roman rappelle la structure chère à Nancy Huston.
Trois générations, trois vies qui s'entremêlent, et qui, il faut bien le dire, nous emmêlent un peu en début de lecture.
C'est un roman, ou plutôt un film qui se crée dans le roman.
Un film, ou un roman, qui raconte la vie de Milo, et un peu celle de son père, et beaucoup celle de son grand-père.
Milo , scénariste, est maintenant âgé, et se meurt à l'hôpital. A son chevet, son ami, son amour, un réalisateur américain avec lequel il écrit les scènes de sa vie, à garder ou pas, à couper ou pas.
J'ai eu du mal à entrer dans cette histoire. J'y suis arrivée grâce à l'arbre généalogique en début de livre. Mais malgré tout, les sauts incessants dans le temps, les chapitres, présentés comme des scènes qui sont froidement coupées, m'ont empêchée d'adhérer entièrement à l'histoire.
Certes, il y a toujours la belle écriture et la puissance de Nancy Huston, et même si j'émets certaines réserves sur « Danse Noire », ça n'en demeure pas moins une très belle et inventive histoire.
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Le titre annonce la couleur : très sombre, violent, dérangeant, d'une audace stupéfiante sur le fond comme sur la forme. Avec ce roman qui m'a inspiré des sentiments si contradictoires, les débuts sont difficiles mais je n'ai pas lâché car plus j'avançais, plus les personnages prenaient corps et âme et devenaient compréhensibles et attachants.
C'est l'histoire d'une famille, de quatre générations d'hommes :
- D'abord, le juge Kerrigan, pondéré et pragmatique appartenant à l'élite sociale irlandaise;
- Son fils Neil Kerrigan, jeune avocat idéaliste engagé dans la lutte pour l'indépendance du pays. Emprisonné dans les géoles anglaises, il choisira l'exil à Montréal après sa libération, et un nouveau nom Noirlac pour une nouvelle vie.
- Son fils Declan qui est l'un de ses treize enfants, clairement présenté comme raté et alcoolique.
- Son fils Milo, personnage central du roman, enfant abandonné et confié à des familles d'accueil, né d'une liaison de Declan avec une jeune prostituée indienne junkie, la touchante Awanita, seul élément féminin important du récit.
Je reviens à Milo. En racontant sa vie cabossée, l'auteure se lâche complètement et, dans des scènes hyper réalistes, n'épargne rien de ses souffrances, des violences subies, de sa bisexualité, de son apparente soumission qui est réflexe d'auto-défense. Par le biais des mésaventures de Milo, Nancy Huston crache son dégout et sa colère contre les injustices, les hypocrisies qui ont jalonné le monde et l'époque qu'elle dépeint , dont la soumission des Irlandais, l'anéantissement des Indiens d'Amérique.
On retrouve un peu de l'expérience de l'auteure dans les thèmes de l'enfant abandonné , puis celui de l'exil qu'elle exprime dans un texte magnifique reproduit partiellement en citation.
J'ai particulièrement aimé le personnage de Neil Kerrigan/Noirlac qui rêve d'écrire et se réfère souvent à la poésie de Yeats et à l'œuvre de Joyce, deux célèbres irlandais côtoyés dans sa jeunesse et à qui il voue un véritable culte.
Décembre 1923 : Débordé et dépassé par son innombrable et tumultueuse progéniture, c'est un homme amer, désespéré, nostalgique de sa terre natale, en proie à de "déchirantes frustrations littéraires" "Quand ma vie commencera-t-elle ? gémit-il in petto. Est-ce pire de connaître la grandeur et de la perdre, comme Willie Yeats, ou, comme moi, de ne jamais y goûter ?"
Le choix d'écrire une partie des dialogues en argot anglo-québécois est un peu lassant et ne vous permettra sûrement pas de progresser dans l'exercice de la langue de Shakespeare. C'est pour moi un des défauts du livre.
Roman percutant nourri de théories freudiennes, mêlant l'intime et l'Histoire, il risque de me poursuivre longtemps.
Petit conseil : ne pas se laisser impressionner par les passages crus ou cruels.
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La plume talentueuse de Nancy Huston extrait 3 vies plus ou moins apparentées de leur banalité pour décortiquer à travers une caméra de cinéma leur lot de malheurs, d'ambitions, d'espoirs, de désillusions et parfois de résignations. Les personnages nous emmènent en Irlande au Canada et au Brésil.

L'un d'eux émerge de l'adolescence en pleine querelle d'indépendance entre l'Irlande et l'Angleterre pendant la Première Guerre mondiale, contexte historique très bien documenté et riche d'enseignement. Cette époque du récit nous permet également de (re)découvrir les poésies des fameux poètes irlandais Joyce et Yeats.

Élément de style surprenant, la plupart des dialogues sont rédigés en dialecte anglais, ce qui, passé le premier étonnement ne m'a pas posé problème puisque je lis les 2 langues, mais s'il s'était agi d'une langue différente de l'anglais j'aurais trouvé incongru d'être systématiquement renvoyé à la traduction en petit caractère en bas de page.

Enfin, en entrant dans la vie de l'Indienne Awinita et de Neil l'écrivain en recherche permanente d'inspiration, j'ai retrouvé des personnages qui avaient déjà été brossés de façon quasi identique dans le «Cantique des plaines» du même auteur.

L'alternance des trois histoires au fil des chapitres apporte un rythme soutenu au récit dont la qualité narrative en fait un roman réussi.

Février 2015
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L'histoire raconte celle de plusieurs personnages sur différentes époques et en divers lieux : Milo, Neil et Awinita, de 1914 à 2010, de Dublin à Montréal, en passant par New York. La construction du roman est assez inhabituelle, tout en gardant pourtant une organisation d'écriture très ordonnée. le livre est divisé en dix chapitres avec à chaque fois une section par personnage, toujours dans le même ordre. le récit nous retrace les différentes aventures de Milo, Neil et Awinita, dont les liens familiaux sont présentés en toute première page. Les débuts de lecture ont été un peu difficiles avec tout ces changements de lieu et d'époque, il m'a suffi de repérer ce schéma narratif pour une meilleure immersion...
Lien : http://ontheroadagain6.wordp..
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Comme dans Lignes de Failles, Nancy Huston brosse ici le portrait de plusieurs personnages à plusieurs époques. Mais ici le découpage de chaque partie en trois portraits dans une époque différente altère parfois la compréhension et l'alternance des langues ne facilite pas toujours les choses.

En effet, ce livre est un film dans le roman ou un roman dans le film et chaque personnage s'exprime dans sa langue, c'est-à-dire en anglais ou en français québécois, plus précisément ici, joual, parler populaire voire argotique. Vous comprendrez donc que cela complique un peu les choses. Je me demandais d'ailleurs en commençant le livre quel était l'intérêt d'avoir des traductions sur la moitié des pages, Nancy Huston a elle-même répondu à mon questionnement en expliquant qu'elle ne cherchait pas à paraître savante ni à montrer sa maîtrise des différents parlers mais qu'elle voyait ces traductions un peu comme les sous-titres dans un film. Son explication était intéressante, cela n'en reste pas moins fastidieux à la lecture même quand on maîtrise l'anglais mais pas nécessairement l'argot !

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Milo vit ses dernières heures, le réalisateur Paul Schwarz, à son chevet, rêve leur ultime projet : le film de la vie cahotique et tourmentée de Milo. C'est ainsi que nous découvrons les origines de celui qui s'éteint et nous conduit à travers l'évocation de ses racines de l'Irlande au Canada.

Neil, le grand-père, grandit en Irlande où il fait son droit mais rêve de devenir écrivain. Chassé par son père de la demeure familiale pour avoir soutenu la rébellion contre l'oppresseur anglais, Neil s'embarque en 1918 pour le Canada . Après des débuts difficiles dans cette froide contrée, Neil finit par se marier et fonder une famille nombreuse. Aspirant toujours à devenir écrivain et à ne jamais oublier sa terre natale, il s'adresse à ses fils en anglais, laissant à son épouse le français pour les filles ! Lorsqu'il apprend qu'il a un petit fils, il s'en va le chercher pour le mener chez l'aînée de ses filles qui l'accepte dans sa famille et décelant son intelligence vive le pousse à apprendre, pas toujours avec la tendresse que l'on pourrait attendre d'une tante aimante.

Awanita, jeune prostituée indienne rencontre Declan dans un bar. Il devient son amant régulier et le père de Milo. Alcoolique et sans travail, il est incapable de subvenir aux besoins de la mère et de l'enfant et s'il s'engage à toujours veiller sur son fils, il ne prendra jamais soin de lui. Awanita plonge dans la drogue et ne verra jamais son enfant.

Milo, naît en 1952 d'une mère prostituée indienne et d'un père alcoolique incapable de le prendre en charge. L'enfant est ballotté de famille d'accueil en famille d'accueil. "L'enfant de l'absence est à nouveau enfermé dans le placard... dans un placard, plutôt, pas le même. Il a déjà connu pas mal de placards dans sa courte existence, et il a trouvé le moyen d'y survivre. Il a construit dans sa tête un placard plus sombre encore, y pénètre de son plein gré, verrouille la porte derrière lui. N'appelle personne, n'a besoin de personne, trouve en lui-même ce dont il a besoin. Une fois à l'intérieur, dans le noir du noir, il est heureux car il sait qu'en fermant les yeux il peut convoquer des images, des voix, et qu'elles afflueront. " Et Milo grandit, sauvage et volontaire, bon élève et prêt à tout pour avancer.

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Le roman est découpé en dix parties présentant chacune un moment de la vie des trois protagonistes. Chacune de ces parties porte pour titre un terme de la capoeira, mi danse mi art martial afro-brésilien dont le rythme scande tout le livre ta, ta-da Da, ta, ta-da Da, ta, ta-da Da, ta, ta-da Da... un rythme entêtant pour une vie comme un combat.

Un roman qui alterne entre violence et poésie, douleur et évasion sur fond d'Histoire de l'Irlande et du Québec. Un roman pas facile mais qui mérite que l'on s'y arrête, ne serait-ce que pour l'originalité de cette construction comme un film, avec les bruitages et les "on coupe" que lance le réalisateur et qui nous laissent parfois le souffle coupé nous aussi.
Lien : http://parisiannemusarde.ove..
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Pas mal mais j'étais partiellement déçu.
On peut dire que c'est distrayant, d'accord… Mais c'est vraiment touffu, limite confus.
Des passages intéressants sur l'histoire de l'Irlande.

Du même auteur, je préfère de beaucoup Lignes de Faille et par-dessus tout L'Empreinte de l'Ange.
(critique rédigée en novembre 2020)
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Trois lignes de vie dans ce roman :
Celle d'un Irlandais, issu d'une famille de Dublin qui, pour fuir la quasi guerre civile irlandaise,
fratricide et terrible va immigrer au Québec.
Une jeune Indienne dans l'environnement de blancs canadiens dont on peut dire qu'il fut peu favorable aux Indiens.
Un garçon, Milo, qui sera le lien entre les autres personnages.
Et puis la capoiera, mi danse, mi combat, fil rouge de l'histoire de Milo dont la musique par son rythme évoque aussi le son des tambours indiens, ou les battements du coeur.
L'écriture particulière de Nancy Houston nous entraîne dans cette histoire d'amour et d'amertume.
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