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3,26

sur 185 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tu sais, Milo, pour faire un bon film, faut captiver le public pendant les 10 premières minutes. Si pendant ce laps de temps, il rentre dedans, alors après on peut en faire ce qu'on veut. 10 minutes, simplement. Et je rajouterai que c'est pareil pour la littérature.

Tu sais, Milo, t'as eu une sacrée vie. Et si on tournait un film pour raconter cette histoire fabuleuse, TA VIE. Ok, l'hôpital, le lit sur lequel tu passes tes derniers jours, l'occasion de faire le point sur ta vie. Je t'aime Milo. Par quoi, on commence ? Présenter les personnages… On a 5 minutes pour mettre en place les héros et 5 autres pour dessiner toute la trame du scénario. Ensuite, on pourra tirer sur autant de ficelles qu'on voudra. le début est primordial.

Un bébé, posé sur une poubelle derrière une église, emmitouflé dans une vieille couverture. Il crie, il braille, il a faim, il a froid. Voilà la première image qu'on retiendra de ta vie, Milo. le public va d'entrée pleurer de toutes ses larmes. T'es d'accord avec moi, Nancy ? Il faut de l'émotion pure mélangée avec une pointe de torpeur et de dégoût. Tabarnak !

Une seconde image, ton grand-père Neil Kerrigan. Un nom bien irlandais. 1910, par là. Avant la guerre. Non, pendant la guerre, celle contre ces maudits anglais, celle qui déchirera l'Irlande. Neil rêve d'être poète comme ses compatriotes Yeats et Joyce. Il sera comme eux, même talent. Il luttera, combattra, trahira, avant de s'exiler sous la pression familiale. Une chance pour écrire, tu ne peux pas écrire en Irlande, en ce temps-là, regarde Joyce et Yeats, eux aussi sont partis. le peloton d'exécution ou un fond de cale pour traverser l'Atlantique. Ça pue la merde et le vomi, chaleur étouffante, sensation éprouvante. Tabarnak ! Ne pas ménager le public. D'accord Milo ? Nancy, tu me suis aussi ?

Troisième personnage – les gens vont l'adorer – une pute enceinte dans un bar qui boit avec un client avant de monter dans une chambre. Awinita, elle est indienne. TA MERE. Une paumée, une droguée, scènes de fellation et de sodomie. Mais pas trop, Milo. Il ne faut pas se mettre à dos les bien-pensants et risquer une interdiction des moins de 18 ans. Je propose de faire ça dans la pénombre, en contre jour, de suggérer plus que de montrer. du son plutôt que des images. Des cris, de la chaleur humaine et du désespoir à gogo. Avec elle, cette pute indienne et enceinte, le public sera accroché, ça fera un bon film. Tabarnak ! le meilleur film. Quel scénario Nancy !

Retour sur ce bébé, TOI. Trimballé de familles d'accueil en placards, des brimades, des injustices, un viol, des fugues, des émois. Ton grand-père et ses bouquins, ce père absent, cette mère que tu n'as pas connue, le cinéma, moi. TOI + MOI. Tout le monde va pleurer, personne ne pourra rester insensible à ta destinée. Bon allez, Milo, repose-toi. Je ne vais pas raconter ici, tous les malheurs qui composent ta vie. Mais ton histoire, elle fait un bouquin formidable, puissant, du drame, de l'émotion et des paysages, l'Irlande, le Canada, la chambre d'une pute, le ventre de ta mère et toi, Milo sur ton lit avant le dernier souffle. Et je rajouterai en fond sonore cette musique du Brésil qui trotte dans notre tête depuis quelques années, celle de la Capoeira. Milo, et si on appelait ton film « Danse Noire ». Tabarnak !
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Ca part un peu dans tous les sens
mais, comme les sens sont diablement sollicités,
j'entre volontiers dans cette danse,
quitte à perdre pied et sens,
tel une transe.
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Inutile de préciser que je suis grande fan de Nancy Huston !... Mais je le fais quand même puisque ma critique était trop courte ! 250 caractères exigés !
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Ce livre me fascine...Entre poésie et cynisme, cruauté et immense amour, joie de vivre et désespoir. le récit est un film, dont les images défilent sous nos yeux par la force des mots; Encore une fois, Nancy Huston nous entraîne dans les méandres de l'âme humaine, de l'histoire d'une vie que va s'achever. le mélange des langues ( anglais, français), des mots et de la lancinante mélopée accompagnant la capoeira m'a un peu déroutée au début mais il faut, pour aimer ce livre, se laisser emporter par toutes les formes de langage.
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D'abord , il y a l'étonnement car ce roman est raconté comme s'il s'agissait d'un scénario destiné à être un film. La caméra qui filme selon différents plans, la musique, les scène qui seront coupées ou élaguées. Milo se meurt du sida sur un lit d'hôpital et son compagnon réalisateur lui raconte ce film. L'histoire de Milo celui qu'il aime. Et pour connaître qui est Milo, ce qui l'a forgé ou ce qui lui a manqué, il faut remonter son ascendance.
Direction l'Irlande où son grand-père Neil Kerrigan, fils d'un juge, rêve de poésie et d'écriture comme son ami James Joyce alors que le pays s'enflamme contre l'occupant britannique. Destiné à être avocat, Neil se rebelle et part au Canada en 1914 changeant son nom au passage. Marié et père d'une fratrie nombreuse, L'Irlande coule toujours dans son sang mais il a abandonné par dépit ses ambitions.
Milo, fils d'une Indienne prostituée Awinata qui l'a abandonné, est placé à l'orphelinat puis dans des familles. Il résiste à la maltraitance en s'abonnant à son imagination. C'est son grand-père Neil qui viendra le récupérer alors qu'il a une dizaine d'années. La complicité qui s'établie entre eux deux dérange les autres membres de la famille qui aiment rappeler à Milo qu'il est le fils d'une prostituée et d'un bon à rien. Mais Milo se construira malgré tout. Mais même en coupant les ponts, il ne pourra jamais effacer certains souvenirs qui sont ancrés en lui comme ses racines.

Ce roman brasse les langues : le français, l'anglais, le québecquois ( avec des expressions propres) et la chronologie ce qui demande une exigence mais nous fait tanguer également. Et il y a un rythme qui s'impose naturellement quand on lit, cadencé au diapason de la musique de la capoeira, une danse du Brésil. le pays de la mère de Milo.
Les mots claquent, sonnent et résonnent ! Car il y a cette mixité des origines, des douleurs, de l'écrit et du cinéma. Nancy Huston écrit sans tabou sur la drogue, la prostitution, l'exil, la solitude, les guerres petites ou grandes, l'identité sans jamais perdre son lecteur.
Puissant, ambitieux et audacieux, il s'agit d'un roman qui secoue mais qui sait également parler au coeur !

Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Plus qu'un livre, un film avant tout !
Nancy Huston nous livre ici le script de la rétrospective d'une vie, à vous d'y apposer vos images et de participer à la réalisation. En bref, un exercice de style époustouflant
L'écriture est fluide et la lecture facile malgré les "indications scéniques" et les discours en anglais parfois argotique.
Une très bon, beau roman en cette rentrée littéraire !
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Trois destins liés, trois histoires singulières, trois vies malmenées.
La noirceur de ces vies est bouleversante. Certaines situations sont outrageusement dures.

Nancy Huston s'avère une fois de plus brillante. Elle mène de main de maître une trame originale, parvient à m'indigner, à m'interroger, à m'émouvoir.
J'imagine un travail d'écriture de titan. Respect.

Seul bémol : mon anglais étant loin d'être exemplaire, les traductions en bas de page beaucoup trop envahissantes rompent le rythme et l'attention. En effet, les allers-retours sont périlleux et rendent la lecture difficile.
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C'est avec plaisir que j'ai retrouvé Nancy Huston, avec ce roman construit, il me semble, selon le même modèle que l'excellent "Lignes de faille".
Sur fond musical de Capoiera, trois personnages, à trois époques, de l'Irlande à Montréal en passant par le Brésil et New York: Neil Kerrigan alias Neil Noirlac qu'on découvre en Irlande au début du siècle. Il est le père de Declan Noirlac, que l'on suit à Montréal dans les années 1950, lui même père de Milo, dont on écoute la voix, alors qu'il se meurt du Sida en 2010. C'est sur son lit de mort, à l'hôpital, que Milo devenu scénariste de talent, transmet ses souvenirs à son amant, Paul Schwartz, élaborant ainsi le film de sa vie.
J'ai une nouvelle fois été emportée, sans retenue, par le récit de ces vies et surtout par le destin de Milo: une belle personne qui conquiert son destin et sa liberté avec classe et courage, démontrant qu'il n'y a pas de fatalité.
Mon préféré, s'il en faut, reste "Dolce Agonia", mais c'est un bon cru.
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Roman très structuré qui présentent 3 personnages sur trois périodes:
Neil, le grand-père irlandais exilé au Québec, poète écrivain inabouti
Awinita, la mère prostituée indienne qui choisit de ne pas garder son bébé
Milo, l'enfant balloté de familles d'accueil en familles d'accueil, recueilli plus tard par son grand-père.
Il faut rentrer dans le roman, s'habituer à l'alternance des langues, découvrir d'autres personnages pour découvrir la vie de Milo.Je me suis laissée entrainer par tout cela. Seul un détail de la fin m'a gênée. Bonne lecture.
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Il faut bien dire que les premières pages ont été difficiles pour moi car je ne m'attendais pas à cette écriture. Tout d'abord ce roman est en français et en anglais canadien (la traduction en québecois), bref le changement de langue fréquemment dans ce livre m'a perturbée. Et puis le rythme du livre est, à mon avis, unique. Ce livre est écrit comme un film. C'est un scénario qui nous est raconté. Ce roman est avant tout une preuve d'un amour immense.

Paul est l'amant de Milo qui vit les derniers instants de sa vie, il meurt peu à peu du sida et comme un dernier hommage à l'homme qu'il a tant aimé, Paul nous raconte la vie de son amant.

On traverse les époques, en suivant 3 personnages : Neil, le grand père de Milo ; Awinita, sa mère et Milo lui même. Ce roman nous fait également voyager géographiquement puisqu'on traverse l'Irlande, le Québec, l'Amérique du Sud.

Ce livre a du rythme et je me suis rendue compte que plus ma lecture avançait et plus j'étais éprise de l'histoire. Plus les pages se tournaient et plus j'avais envie de comprendre qui était Milo, d'où il venait, ses origines. Ce roman est la dernière danse de Milo, le dernier projet d'une vie, le film de la vie qui passe devant les yeux quand la dernière heure a sonnée.

Pour moi ce roman est une belle découverte et une belle surprise. Une fois passé les premières difficultés pour rentrer dans cet univers si singulier, j'ai pris un réel plaisir à lire ce roman.

Lien : http://luniversdemathilde.wo..
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Si j'ai un conseil à vous donner : lisez ce livre en une ou deux fois mais ne le lisez pas de façon morcelée, un petit peu chaque jour pendant une semaine…

J'ai eu un peu de mal à entrer dedans… (un tout petit peu et pas très longtemps)… ensuite je l'ai avalé en peu de temps, prise dans le rythme et ne souhaitant pas en sortir. Malheureusement, j'ai fini les 50 dernières pages (et oui j'ai une vie en dehors de la lecture…) par petits bouts de rien du tout et ce n'était pas bon du tout…

Ce roman a une construction tout à fait originale et qui peut dérouter, on suit la vie de trois personnages (grand-père, mère, enfant), du début du vingtième siècle à nos jours, l'enfant est en fin de vie au moment de la narration du roman… les autres sont morts. Histoire de l'indépendance de l'Irlande, querelles entre exilés de langue anglaise et ceux de langue française au Canada (ce qui explique le recours à l'anglais dans le texte, la recherche de l'identité d'un exilé irlandais), et puis l'exclusion, le racisme, la prostitution, l'exil etc… autant de thèmes abordés dans ce livre et qui en font un texte dense, riche et envoûtant.
Je parlais de construction originale et je n'ai pas développé : ce roman est présenté comme un film, un réalisateur explique comment il filmerait les différentes étapes de la vie de son ami, Milo, qui se meurt du sida. Et ça c'est une belle performance, parce qu'on les voit, les plans imaginés par le réalisateur ! Et on s'interroge avec lui sur l'utilité d'évoquer telle ou telle scène de telle ou telle manière…

Ce qui a rebuté certains lecteurs, l'alternance des dialogues en français et en anglais, m'a beaucoup amusée d'autant plus que les traductions étaient souvent faites en québécois et j'avais l'impression de les lire avec l'accent, tabarnak ! Et puis, je n'ai pas toujours eu besoin des traductions de bas de page… Cela veut-il dire que je lis de mieux en mieux l'anglais ? Bah oui, je crois bien ! (et c'était de l'anglais parlé…)
Lien : http://krolfranca.wordpress...
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