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sur 235 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Dans cet essai, Nancy Huston tente de revenir sur la théorie des genres, l'idée que la différence entre les sexes est socialement construite. Pour elle, homme et femme sont bel et bien différends dès la naissance, et nous ne pouvons nous affranchir de cette frontière biologique. Nier cette différence est même un grand danger dans lequel nous sommes tombés et qui aujourd'hui aliène la femme. Nancy Huston affirme que notre principale altérité, le fait de pouvoir porter un enfant ou non - a de nombreuses implications sur nos rapports, et notre façon de vivre la séduction.

Bon autant le dire tout de suite, cet essai m'a scandalisée. Tellement choquée d'ailleurs que mon pauvre compagnon n'en pouvait plus de m'entendre lui lire tous les passages qui me faisaient sauter au plafond.

Je suis plutôt d'accord avec le postulat de départ, les hommes et les femmes ont d'indéniables différences biologiques (bon, ensuite, de nombreuses différences sont présentes dès le départ aussi entre hommes et entre femmes, la nature fait preuve de beaucoup d'inventivité quand il s'agit de l'altérité). Par contre, je ne suis d'accord avec quasi aucune conclusion que Nancy Huston en tire.

Certains extraits qui m'ont donc fait sauter au plafond :

P30: -"Sommes-nous si logiques que cela, nous autres femmes occidentales, à exiger de pouvoir nous balader tous charmes dehors sans être dérangées ? " Euh... Pardon, mais n'est-ce pas justement l'excuse minable du violeur depuis des siècles, de diaboliser la femme et de la décrire comme vile tentatrice : "elle l'a bien cherchée, hein, elle s'habille comme une salope" ???

P80: - "Certes il existe des couples gay monogames sur le long terme, mais c'est l'exception : même s'ils vivent en couple, la majorité des hommes homosexuels aiment circuler dans les villes, zones, forêts, back rooms, bars, saunas, où ils peuvent, sans se nommer et sans projet de se revoir, se rencontrer, se frôler, se tester, se poser quelques questions de base, se mettre d'accord et sa faire jouir de manière convenue." Mais elle vient d'où cette généralité ? D'une conversation au PMU du coin ? D'une manif pour tous ? Car Nancy Huston ne donne aucun chiffre, aucune stat pour étayer ses propos... Elle devrait d'ailleurs peut-être aller jeter un coup d'oeil à celles du divorce et de l'infidélité chez les hétéros, elles ne sont pas mal non plus !!!

P159: -"Et la femme occidentale de se retrouver dans cette situation plus qu'étrange : au nom de la liberté, on l'incite, d'abord à dépenser tout son argent pour se faire belle, ensuite, à se considérer comme l'égale de son copain ou de son conjoint, et enfin, à accepter qu'il se masturbe en regardant des images de viol sur Internet." Là j'ai carrément du lire deux fois cet extrait. Mais de qui parle-t-elle ? Qui accepte que son copain regarde des images de viol sur Internet ? Comment un cas de perversion devient sous sa plume une généralité ? Et puis, a-t-on encore vraiment besoin de dire que toutes les filles ne se maquillent pas, et oui, la plupart des garçons sont aussi coquets ?

P209: - "Que ce soit dans la prostitution ou dans la pornographie, les hommes qui acceptent d'être payés pour une prestation sexuelle en sont moins atteints que les femmes, pour la bonne raison que cet acte est plus en conformité avec leur sexualité habituelle qu'avec celle des femmes." Là, déjà, je ne sais plus si je dois rire ou pleurer, mais ce qui vient après... : " Comme on l'a vu, la plupart des hommes, qu'ils soient hétéros ou gays, apprécient (aussi) des contacts sexuels impersonnels, le plaisir pour le plaisir, la variété pour la variété; ils ne s'y sentent pas plus impliqués que cela et n'en sont pas plus émus que cela, pour une raison toute simple mais qu'on n'évoque jamais, à savoir que leur corps ne peut pas porter un enfant". Ah oui, c'est vrai, les femmes n'aiment pas le sexe pour le sexe, mais c'est normal elles sont programmées pour être mères.

P236: -"La maternité jette un bâton dans la roue de l'identité entre les sexes, telle que tentent de la faire tourner nos idéologies. Elle change les femmes : dans leur rapport à elles-mêmes, à leur corps, à leur désir, à leur amoureux. Celui-ci est souvent jaloux, et pour cause, des attentions dont sa bien aimée couvre leur rejeton pendant les premiers mois ou les premières années de sa vie." La maternité change le couple, pas uniquement la femme, et un homme qui se lève la nuit, change, joue, s'occupe de son bébé n'a juste pas le temps d'être jaloux !

Ensuite, j'ai aussi été très agacée par la façon dont Nancy Huston construit sa pensée, développe son argumentaire. Je ne lis que très peu d'essais, mais appuyer sa théorie quasiment uniquement par des interviews de copains sur leur façon de regarder les filles, ou des extraits de roman, je ne trouve pas ça très convaincant. Par exemple , à un moment elle justifie que les garçons ont plus besoin de se masturber que les filles, en citant Murakami !!!!

Nous avons aussi de beaux passages de psychologie de comptoir, lorsqu'elle essaie d'expliquer la prostitution par le rapport au père.

Bref, Nancy Huston fait beaucoup de généralités pour faire avancer sa thèse, mais elle en oublie que l'humanité n'est qu'une question de cas particuliers.

Alors oui, que nous sommes différends biologiquement, c'est indiscutable. Que ce ne soit pas la même chose de grandir avec un penis ou un vagin, bien sûr. Et que la femme soit depuis plusieurs siècles prisonnière du regard des hommes, le sexe historiquement dirigeant, je suis d'accord.

Mais expliquer cette aliénation par des traits biologiques, et bien, je trouve ça dangereux. Car c'est aussi parce que les jeunes filles croient l'adage populaire "les garçons ont biologiquement besoin de se soulager", qu'elles se laissent parfois faire. C'est aussi parce qu'on leur fait croire qu'elles sont faites pour la maternité et non pour le plaisir, qu'elle n'ose pas découvrir leur corps comme le font les garçons. Il est peut-être temps de changer nos modes d'éducation en matière de genre, de sexe, de sexualité...

Je reste persuadée que même la nature, l'inné est difficile à étiqueter et qu'il a des milliers de façons d'être femme, des milliers de façons d'être homme... A chacun de les inventer.

Céline

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Grosse déception avec cette lecture, énorme indignation aussi, et une bien mauvaise surprise de la part de cette auteure que j'apprécie d'habitude !
Pourquoi autant de clichés, sur la maternité, la séduction, les femmes, les homos ?
Pourquoi ces déductions mal argumentées ou ces arguments manipulés ?
Pourquoi ces opinions dignes de partis politiques infréquentables ?
Un livre que j'aurais pu balancer à la poubelle, s'il n'avait appartenu à la bibliothèque.
(lu 2013)
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Je n'ai pas du tout apprécié ce livre. Alors, certes, cet essai se lit facilement, comme un roman, mais l'auteure ne nuance à aucun moment son propos. le raisonnement est souvent bancal et la manière de traiter le sujet est extrêmement biaisée : les femme données comme référence comme Nelly Arcan, Marylin Monroë, etc., sont des femmes au destin torturé, dans lesquelles en tant que femme on ne se reconnaît absolument pas...
L'auteure ne cite aucune étude de référence, aucune parole de spécialiste ni de femme "ordinaire" (c'est-à-dire n'ayant pas de problème psychologique ou de prostitution). En outre, la thèse de cet essai, selon laquelle la femme serait biologiquement constituée pour plaire à l'homme car son but ultime serait la maternité et que les hommes seraient tous des obsédés prêts à sauter sur tout ce qui bouge est, à mon sens, dangereuse...
Bref, passez votre chemin...
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Une horreur ce livre. Je me suis forcée à le terminer. J'ai été choquée par la façon qu'elle a de justifier les agressions mineures ou majeures de l'homme sur la femme... c'est primitif et franchement honteux de la part d'une soi disant féministe.
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