AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,51

sur 235 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nancy Huston est une grande romancière. "Lignes de faille" compte parmi mes livres favoris. Mais c'est aussi une féministe engagée dont le dernier essai s'inscrit en faux contre les théories constructivistes de l'indifférenciation des sexes.

A rebours de l'idée désormais majoritairement admise que les identités sexuelles sont construites, qu'on ne naît pas femme (ou homme) mais qu'on le devient, Nancy Huston ose réaffirmer le primat de la biologie. Sans doute ne sommes-nous pas des chimpanzés (comme l'a clamé Elisabeth Badinter), mais le sommes nous malgré tout quand même encore un peu. "Le mâle a intérêt à répandre sa semence le plus largement possible dans le plus grand nombre possible de corps de femelles jeunes et bien portantes c'est-à-dire susceptibles de mener une grossesse à terme et de survivre à un accouchement" (p. 22). La femme, elle "n'a pas intérêt à copuler avec le premier venu" et aura "tendance (car intérêt) à choisir ses partenaires avec discernement, préférant un mâle qui lui semble non seulement physiquement fort mais psychiquement fiable, susceptible de rester plusieurs années auprès d'elle et de l'aider à nourrir ses petits" (idem). La preuve - administrée avec cette rigueur scientiste dont seuls les Etats-Unis ont le secret : appelés à indiquer l'odeur qui les attire le plus sur des T-shirts masculins, des jeunes femmes choisissent ceux portés par les hommes dont les anticorps diffèrent le plus des leurs, c'est-à-dire le géniteur potentiel qui fournira à leur descendance la meilleure protection (p. 86).

Nancy Huston dépiste la trace de ces irréductibles différences biologiques dans les regards que s'échangent les hommes et les femmes.
Les hommes regardent les femmes. Bien sûr, rétorquera-t-on, les femmes n'ont pas les yeux dans leurs poches et regardent aussi les hommes ; mais leur regard n'a jamais la même insistance, la même impudeur, la même violence que ceux qui chaque jour déshabillent à leurs corps défendants (!) les jolies filles.
Les femmes sont des "reflets dans un oeil d'homme" (allusion revendiquée au titre du roman de Carson McCullers). Non pas l'objet passif de la concupiscence masculine, mais l'actrice dédoublée de ce regard. Dédoublée car devant son miroir la femme "regardée" devient aussi "regardante". Et si la femme regardée est féminine, la femme regardante est, elle, masculine : elle se porte le regard qu'elle imagine les hommes porter sur elle.
C'est ce qui explique que la coquetterie féminine ait encore de beaux jours devant elle. Et Nancy Huston de souligner le paradoxe d'une société qui nie la différence des sexes mais où les industries de la beauté et de la photographie n'ont jamais autant valorisé, au risque de le réifier, le corps féminin.
On pourrait reprocher à Nancy Huston - et aux déterminismes - sa tendance à la généralisation. Toutes les femmes ne sont pas coquettes, lui fera-t-on remarquer, tandis que l'homme contemporain métrosexuel devient plus soucieux de son apparence et que le corps masculin est lui aussi réifié comme dans les magasins Abercrombie. Mais on s'accordera à reconnaître que la coquetterie est globalement plus féminine : il suffit de se promener ces jours ci dans n'importe quelle station balnéaire pour être frappé du soin que mettent les femmes à se maquiller, à se coiffer et à s'habiller pour sortir tandis que leurs compagnons masculins dépenaillés ne manifestent guère de souci de leur apparence.

En plein débat autour du Mariage pour tous et de la "théorie des genres", l'essai de Nancy Huston se prêtera à des lectures polémiques. Parce que le constructivisme est classé à gauche et le déterminisme à droite, on aura tôt fait de la ranger parmi les penseurs rétrogrades. Ce serait caricaturer une réflexion autrement plus subtile.
Commenter  J’apprécie          563
Il en est hélas souvent ainsi lorsque je lis des essais de Nancy Huston – que je sais très aimée de certains amis : je suis attiré par l'importance du sujet traité, je m'aperçois naturellement de l'adresse avec laquelle il l'est, j'apprends beaucoup parce que c'est bien documenté... mais je n'adhère pas aux thèses soutenues ou bien j'ai de grosses réserves de méthode. Là, c'est exactement le cas.

Le sujet, c'est l'importance du regard que l'homme porte sur la femme, emblème incontestable d'une différence irrévocable entre les sexes, explicable par des raisons génétiques liées à l'impératif de la reproduction. Je le tiens pour fondamental. Mais je conteste qu'il s'inscrive dans une polémique sans fin – donc lassante – contre les théories du genre avec lesquelles il se voudrait contradictoire, alors qu'il ne l'est que de façon apparente et au prix d'une caricature assez fruste de (ce que je commence à savoir sur) celles-ci.

Le point de départ – que je connais très bien pour en avoir été durablement imprégné – c'est l'explication phylogénétique de la beauté due à Richard Dawkins : en dépit de l'absence de fonctionnalité pour la survie, certains traits (comme la fameuse queue du paon) sont sélectionnés et transmis génétiquement pour une simple question esthétique, c'est-à-dire d'attrait reproductif chez le partenaire. Il se trouve que dans de très nombreuses espèces animales c'est le mâle qui est « beau » pour plaire à la femelle, alors que chez Homo sapiens c'est le contraire. Ou relativement. Ou incidemment, en d'autres termes, culturellement. Et voilà ce que Nancy Huston semble ne pas avoir envisagé ou ne pas vouloir envisager.
Oui, chez les humains, le mâle regarde la femelle de façon prédatrice et suivant la stratégie reproductive de la dissémination maximum de ses gènes, stratégie qui ne coïncide pas (pas encore...?) avec celle des femelles. Oui, ce regard distingue un homme d'une femme dont on niera volontiers et l'indifférenciation, qui ferait fi de la biologie, et la construction exclusivement sociale du genre. Oui, celle-là existe autant que celle-ci. Oui, les tenants du tout-culture sont de gauche et ceux du tout-nature sont de droite (voire d'extrême-droite quand l'eugénisme s'en mêle...). Peut-être certaines parmi les théories du genre pèchent-elles du défaut d'oblitérer la nature. Ou bien est-ce le fait d'une philosophie moderne qui avance depuis Descartes dans la direction de réagir à l'anthropomorphisation de Dieu par une déification de l'Homme et de sa volonté, notamment dans la sphère sexuelle... Sans doute, cependant, comme le dit fort justement Belinda Cannone dans La Tentation de Pénélope – elle a aussi ses propres griefs contre les théories du genre, au demeurant – ne rend-on pas de bons services au féminisme en insistant excessivement sur la biologie, au détriment du « neutre »...

Mais revenons au regard masculin étudié par Huston. Après le chapitre initial (« Atavismes et avatars »), deux chapitres évoquent la construction de l'image et la manière d'être vue par la petite fille puis par l'adolescente. Des pages de témoignage autobiographique y apparaissent, très touchantes dans une narration à la seconde personne du pluriel ('Vous') [il faut savoir que Huston écrit ses livres en anglais d'abord, puis s'auto-traduit.]

Ensuite, dans « Genre, quand tu nous tiens », un premier assaut polémique et lancé, et une première contradiction dans l'argumentaire surgit dans « Mâles coquets », lorsqu'il est admis que les femmes aussi regardent les hommes et qu'« elles valorisent [chez eux] la sobriété »... pour de symétriques raisons phylogénétiques ! (p. 85).

Dans le chapitre V « Beauté et violence », à travers les biographies tragiques de certaines icônes de beauté (Jean Seberg, Anaïs Nin, Maryline Monroe...), l'idée est soutenue que « la beauté féminine suscite l'agression » : idée très intéressante mais à mon sens véritablement incompatible avec la biologie, pour le coup. La culture se pointerait-elle déjà ?

En tout cas elle fait irruption dans le ch VI « Changements de code », où il est question textuellement du « code » du regard et de la beauté « national », en particulier français... Alors là, si on n'est pas dans la culture... on est carrément dans le langage !

Ch. VII « Plus sujet et plus objet » : ici débarque avec fracas l'historicité, triomphe du culturel : en l'occurrence l'évolution de la condition féminine au XXème s., caractérisée par l'apparition de la photo et du cinéma, la généralisation du maquillage, le remplacement de l'hystérie par l'anorexie, le suffrage féminin, les concours de « Miss » : en une formule, par des femmes qui « plus elles deviennent sujets, plus elles se font objets » (p. 144).

S'ensuivent deux chapitres très intéressants sur le nu en peinture et sculpture, respectivement côté femmes (motivations pour se montrer nues) et côté hommes implications du regard « professionnel » du nu.

La transition est logique vers deux chapitres très violents et instructifs sur la prostitution : « L'image faite chair, la chair faite image », où l'auteure lance ses dards contre les féministes tenant celle-là pour un « métier comme les autres » ; et « Enseignement des putes », véritable hommage à Nelly Arcan qui me donne une très forte envie de lire cette écrivaine...

Autre chapitre polémique : le XII « Baby or not baby », qui soutient que l'évolution de la condition féminine et en particulier « la roue de l'unisexe » (encore ces théories du genre!) tendraient à effacer la fécondité de femmes – je me demande ce que Huston fait de la réalité démographique française contemporaine, et si la pression sociale exercée actuellement sur les femmes qui refusent d'être mères ne mérite pas une seule phrase d'analyse ou de compassion... Là aussi, un usage très émotionnel des biographies des icônes sus-mentionnées est fait en regardant leurs maternités « refusée, écartée, interrompue, empêchée, massacrée ». Il y a en outre dans ce ch. une énormité : « On ne peut pas à la fois se scandaliser de ce qu'on prépare les petites filles à un avenir incluant la maternité et s'étonner de ce que, devenues mères sans y être préparées, elles fourrent leurs foetus au frigo. » (p. 242) – là où l'excès de polémique devient carrément grotesque.

Ch. XIII « Putes de mère en fille », encore sur ou contre la prostitution : une idée intéressante est avancée, même si elle semble l'être par absurde – et c'est peut-être dommage. C'est celle d'instaurer, afin d'éviter les stigmata annexes, un service prostitutionnel obligatoire pour les jeunes filles sur le modèle exact du service militaire autrefois obligatoire pour les garçons.

Ch. XIV « Pauvres hommes (aussi, parfois) », sur toutes les manières dont le machisme nuit aux hommes aussi.
Ch. XV « Au-delà du miroir... » synthèse de toutes les arguments envenimés contre les théories du genre, qualifiées de « Intelligent design à la française »...

Enfin, après la bibliographie, quelques lettres de lecteurs-trices généralement très enthousiastes, contenant leurs ressenti et/ou leur témoignage inspirés par l'ouvrage.

Bon, je ne vais pas polémiquer à mon tour. Je ferai semblant d'écrire l'une de ces lettres, comportant ma propre vision de ce que la théorie phylogénétique du regard inter-sexe pourrait devenir, dans un avenir plus ou moins proche ; à condition d'accpeter que chez l'être humain le phylogénétisme est aussi, d'abord, ou surtout, une question de culture...

Très chère Nancy Huston,

Imaginons une évolution sociétale où, par effet d'une progressive autonomisation de l'individu et anomisation des rapports de couple, la durée de ces derniers devienne de plus en plus limitée – nous en sommes déjà à une moyenne d'environ cinq ans, et d'une « mode » (au sens statistique) d'environ trois. Imaginons aussi que l'investissement reproductif étant de plus en plus socialisé donc déchargé de la mère individuellement considérée, l'on tende vers une moindre différenciation entre les sexes dans cet investissement. En présence d'une démographie qui, en France en tout cas et en général en Occident, ne témoigne plus d'une sensible « minoration de la fécondité », mais à l'inverse d'une certaine stabilité culturellement et socialement assurée (quand elle n'est pas politiquement induite à la hausse), l'on pourrait voir s'adopter une stratégie reproductive féminine consistant dans l'individualisation généralisée de la maternité hors couple, peut-être en vue d'éviter une succession foisonnante de figures pseudo-paternelles qui se succéderaient (projection de probabilité) au cours de l'enfance de la progéniture. J'entends parler d'un modèle où la maternité serait délibérément planifiée et menée à terme seule, en dehors du couple, réduit donc à la pure fonction de l'épanouissement de sa sexualité, dans un durée ad libitum.
Après tout, sous forme de peur phobique, le mythe de la société des Amazones est présent dès l'aube des sociétés patriarcales occidentales, et Freud aurait pu facilement y voir un avatar du complexe de castration. L'on peut même supposer que cette peur phobique sous-jacente est un moteur puissant du machisme de tout temps – et accidentellement croissant... La ségrégation des femmes du pouvoir, de la vie sociale, de la production de haut rendement afin d'éviter l'éviction des hommes : ça ne tient pas la route ? Ces dernières années, la littérature et la filmographie incarnent avec une fréquence roborative le mythe ancien, sous des aspects d'une étrange post-modernité...
Dans l'éventualité d'une propagation de ce modèle reproductif au-delà d'un certain seuil, quelles seraient les conséquences phylogénétiques notamment sur la beauté et le regard ? Une obligation ou ambition de disposer de partenaires sexuels-reproducteurs occasionnels, éphémères et toujours disponibles, pendant la période la plus longue possible de la vie – dont la durée d'allonge par ailleurs, en tout cas au-delà de la fertilité ; une sexualité prédatrice et volage – autrefois réservée à la stratégie reproductive masculine – qui deviendrait considérablement indifférenciée ; un poids égal des apparences – comme cela a déjà été étudié très sérieusement par des sociologues comme J-F Amadieu – soutenues par une industrie de la beauté, des cosmétiques, de la mode, qui n'aurait aucune raison de se dispenser de cibler les consommateurs hommes autant que les femmes (à supposer qu'elle ne le fasse pas déjà) ; un regard qui de ce fait deviendrait de plus en plus identique ; un développement à terme de la pornographie et de la prostitution destinées à une clientèle féminine (le tourisme sexuel pratiqué par les femmes n'existe-t-il pas déjà?) ; une imbrication des relations de pouvoir et de séduction qui seraient de plus en plus symétrique, complexe et multiforme – mais sans doute tout aussi cruelle, inégalitaire et implacable – cf. Roman à l'eau de bleu d'Isabelle Alonso...
Voyez, tout cela, c'est bien enraciné dans la biologie, dans la génétique, les stratégies reproductives : on n'est pas dans la négation des différences entre masculin et féminin. Et pourtant... tout peut simplement s'inverser par l'effet de la culture. Après la pensée complexe, quand on a surtout à coeur de dénoncer les inégalités de genre et la violence qui s'en ensuit quotidiennement, n'est-ce pas un peu trop facile d'axer quelque trois cents pages de polémique sur la dichotomie nature-culture ?
Très humblement vôtre...
Commenter  J’apprécie          155
Aux très nombreuses et longues critiques très élaborées, j'ajouterai mon simple ressenti sur cet essai de Nancy Huston.
Tout d'abord, Nancy Huston, comme dans ses romans, brille par son érudition, sa culture, sa puissance d'écriture mais aussi par -même pour un sujet aussi polémique-son sens de l'humour.
J'ai, notamment, apprécié qu'elle mêle aux exemples de femmes et écrivaines célèbres sa propre expérience -sexuelle-de femme et de féministe avec une très grande sincérité. Cependant, je dois l'avouer, je me suis -parfois et paradoxalement- quelque peu perdue dans les très longues et parfois lourdes démonstrations et les tournures stylistiques un peu confuses de l'auteur. Ainsi, le discours de Nancy Huston -pourtant clair au départ -ne m'a pas semblé toujours fluide.
Cependant, ce récit reste largement percutant et courageux.
Commenter  J’apprécie          130
Quel beau titre! Clin d'oeil au célèbre roman, Reflets dans un oeil d'or de Carson McCullers adapté au cinéma par John Huston( non, ce n'est pas son père), quelle intelligence dans cet essai de Nancy Huston!
Qui mieux que Nancy Huston pouvait apporter cet éclairage lumineux sur la condition féminine et la condition masculine dans notre société contemporaine?C'est avec maintes références, expériences, exemples que l'auteur nous démontre combien notre époque exacerbe l'image de la femme et par là tend à effacer la réalité de celle qui peut enfanter.
La différence est encore là, n'en déplaise à certains courants sociologiques.
Relisons Françoise Héritier( je vous conseille la lecture de "l'identique et le différent" aux ed.° de l'aube: entretiens avec Caroline Broué)
La réflexion est risquée, parfois dérangeante, toujours très argumentée.
C'est un texte partisan, parfois excessif quand il est question d'un service sexuel obligatoire pour les jeunes femmes... boutade?
C'est un livre qui peut susciter des polémiques.
Mais ne nous trompons pas de débat: il ne s'agit pas de réduire les femmes à leur destin biologique et de rester les bras balants.
Alors lisez ce livre et bravo à Nancy Huston pour son courage!
Commenter  J’apprécie          100
pas spécialiste des essais, pas plus de la condition féminine, je laisse donc les analyses décortiquées à ceux qui s'y connaissent plus que moi.... juste envie de rajouter quelques mots sans prétention....

j'aime les récits de Nancy Huston, j'aime le psychologie, la philo et la condition humaine en général...ce sont les raisons qui m'ont fait choisir ce livre, la couverture que je trouve superbe également...je sais je peux être très futile !
donc ce choix fait, ce que j'ai retiré de sa lecture:
-une vision différente, des explications intéressantes, que j'ai tendance à faire miennes, tant il me semble évident que les rapports homme/femme sont complexes....
- les lettres de lecteurs à la fin complètent intelligemment le propos

-ce que j'ai moins aimé, certaines redites, j'ai eu quelquefois l'impression que l'auteur perdait le fil de sa réflexion, du moins l'ai je ressenti ainsi et cela m'a dérangé juste le temps de me retrouver quelques lignes plus loin...

un livre intéressant pour mieux se connaître et mieux comprendre/accepter l'autre
Commenter  J’apprécie          50
Un essai profond, sensible, intelligent, à l'image de son auteur, et qui permet une lecture très fluide (Nancy Huston a du savoir-faire, c'est avant tout une romancière). Contre les défenseurs de la théorie du genre donc, elle ose réaffirmer qu'une femme est biologiquement différente d'un homme, que naître dans un corps d'homme ou de femme, ce n'est absolument pas anodin, c'est même très signifiant. Elle réfute donc non pas la différence biologique, mais la comparaison autour de cette différence qu'a pu faire notre société, qui traduit encore souvent différent par inférieur. Voilà un féminisme apaisé, tout en nuances, le bénéfice de l'âge ? : dans ce cas alors, vive la vieillesse ;-) !!
Commenter  J’apprécie          40
Nous pensions que, nous femmes du 21 ème siècle avions réussies à nous émanciper, à nous rendre libre de l'influence paternaliste et machiste des hommes et surtout que nous étions considérées comme les égales des hommes.

En lisant, ce livre qui est en fait un essai, je me suis vite aperçue que oui, nous avions fait d'énormes progrès mais que nous n'étions toujours pas à l'abris des tentations de reprise du pouvoir par la gente masculine et d'abaissement du genre féminin.

Pour une société qui se veut égalitaire comme la France, Nancy Huston a réussi à gratter le vernis des beaux discours que l'on fait actuellement aux femmes pour les rassurer. Grâce à de nombreux exemples du monde contemporain, notamment de celui de Marilyn Monroe, ou encore des propos de l'écrivaine québécoise Nelly Arcan tirés de Burqua de chair, l' auteure montre sous diverses formes que la femme est idéalisée et que celle-ci se retrouve toujours dans la situation de la femme objet, ou de la femme soumise .

La lecture de cet essai agit comme un véritable électrochoc et nous met, nous les femmes occidentales devant nos réalités et surtout devant nos responsabilités.
Attention, Nancy Huston, parfois n'y va pas par quatre chemins et nous impose, nous lecteurs des phrases et des images quelquefois un peu abruptes au premier abord, mais dans le fond, il se trouve qu'elle a souvent raison.

Un livre à aborder comme un véritable traité féministe et un combat de femme.
Commenter  J’apprécie          40
Un essai bien construit qui pose la question de la nature masculine ou féminine, mélange d'éducation, de valeurs mais aussi d'impératifs naturels de séduction pour les femmes et de conquête pour les hommes. Non, les différences homme-femme ne sont pas que culturelles et nier cette évidence n'a pas de sens. Mieux vaut les reconnaître pour apprendre à mieux vivre ensemble. de la prostitution à l'étalage des corps féminins dans les sociétés occidentales, Nancy Huston nous démontre, sans jugement et avec une gransde humanité, qu'hommes et femmes ne seront jamais les mêmes.
Commenter  J’apprécie          30
Excellent livre de Nancy Huston ( dont je suis fan)...ce n'est pas un roman cette fois, mais un essai, parfois dérangeant, sur les différences entre les sexes et la sexualité en Occident..je recommande vivement cette lecture à tous ceux et à toutes celles que les rapports hommes/femmes interpellent.Cette lecture met en lumière nos totales contradictions de vie dans notre société d'homme/mâle et de femme/femelle....A lire évidemment !
Commenter  J’apprécie          30
Un essai sur la femme : son évolution et ses reflets chez les hommes.

Instructif !

Nancy Huston nous évoque dans ce livre la femme. Comment le devient-on? Qu'est-ce que cela change dans le regard sur soi et sur les autres ?

Et là on en vient aux origines des espèces, toutes les espèces animales utilisent les femelles pour féconder et le mâle doit être fort pour pouvoir en féconder le plus possible. Jusque là ça va, puis ça coince si on tente de dire la même chose pour les humains. (Je commençais d'ailleurs à faire ma choquée durant ma lecture, la femme ne sert pas qu'à CA !)

Mais Huston s'arrange à nous faire accepter un postulat de départ : les femmes se sentent femmes dans le regard des hommes, elles veulent plaire : se maquiller, s'habiller le matin pour être "présentable" ; mais dans ce cas, n'est-ce pas aussi pour se plaire, se sentir belle pour soi ?

Huston nous parle également de l'enfance d'une fille, une fille qui a été abusé par un homme de sa famille aura continuellement une faille de se sentir aimée, son exemple part de l'inceste à la prostitution. L'auteur déclare qu'un homme allant voir une prostituée accepterait-il que sa fille le fasse? Et oui, ça change tout de suite la donne !

D'ailleurs elle déclare : "Les revenus annuels de l'industrie pornographique sont supérieurs à ceux, cumulés, de Microsoft, Google, Amazon, eBay, Yahoo !, Apple, Netflix et EarthLink." (p.193).

Elle explique la différence entre la nudité dans l'art et le nu pornographique, l'art laisse un mystère, une certaine beauté ; le nu porno est rapide, à l'état brut…

Elle évoque la maternité qui est le centre de la vie d'une femme. Mais elle rétorque que certaines femmes la refuse cette grossesse. Instinct maternel n'est pas inné, il se forge durant notre vie. Certaines femmes peuvent être très maternelles dès le départ (d'ailleurs sans avoir d'enfant, c'est mon cas) ou alors tout le contraire les enfants les font paniquer.
Lien : http://novelenn.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (670) Voir plus



Quiz Voir plus

Les emmerdeuses de la littérature

Les femmes écrivains ont souvent rencontré l'hostilité de leurs confrères. Mais il y a une exception parmi eux, un homme qui les a défendues, lequel?

Houellebecq
Flaubert
Edmond de Goncourt
Maupassant
Eric Zemmour

10 questions
563 lecteurs ont répondu
Thèmes : écriture , féminisme , luttes politiquesCréer un quiz sur ce livre

{* *}