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sur 235 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
La femme occidentale d'aujourd'hui est-elle libre ? On entend ici et là qu'il y a désormais guère de différences entre l'homme et la femme – tellement d'évolutions, révolutions ces dernières décennies, contraception, avortement, travail... – ne serait-ce pas qu'un leurre ? Ne se voile-t-on pas les choses ? La réalité n'est-t-elle pas quelque peu déformée... des reflets dans un oeil d'homme ?
Dans cet essai, l'auteure se fie à sa propre expérience, à celles d'ami(e)s, d' écrivains (une jolie évocation d'Anaïs Nin), de peintres, de sculpteurs, de photographes. Défilant sous nos yeux, les âges successifs de la femme : l'enfant qui vient au monde, le premier regard du père sur sa fille lourd de conséquence pour la suite de son existence, l'adolescente qui cherche à plaire, ses premiers pas dans la vie d'adulte , et toujours les regards des hommes sur elle, l'ami, l'amant, le mari... et puis les traits de cette femme qui se tire, l'angoisse de vieillir, de ne plus plaire ?
Tel un miroir grossissant, Nancy Huston dissèque la femme contemporaine. L'importance de l'enfance où tout semble se jouer, l'image qu'elle se doit de renvoyer aujourd'hui à l'époque des photos, de la société de consommation, de la publicité, des produits de beauté qui inondent le marché, de la chirurgie esthétique et de la course à la jeunesse éternelle. Séduction et rivalité n'emprisonnent-elle pas les femmes dans une image, effigie inaccessible ? Quête de perfection...
Des figures mythiques parsèment leur beauté à travers les pages comme Marilyn Monroe, addicte à la photographie et au regard que l'homme pose sur elle (pour combler le manque de son père), Jean Seberg qui à contrario subira sa vie durant la violence des hommes qui ne voit en elle qu'un objet de désir. L'une cherche à capter l'attention de l'homme par besoin viscéral d'être aimée, l'autre tente en vain de le convaincre à regarder au-delà de la beauté. Les deux femmes se suicideront de désespoir.
Plus loin, l'auteure analyse avec justesse la prostitution (et le manque de liberté des femmes encore, pas de symétrie homme-femme) à travers des témoignages et les écrits de Nelly Arcan, philosophe et prostitué canadienne – qui mettra fin à ses jours, elle aussi –.
Si on doit bien admettre que Nancy Huston soulève des points intéressants et offre une argumentation sensible et fine, elle fait également bon nombre de racourcis et use de clichés. La femme est objet, l'homme sujet... Ce dernier est un prédateur qui biologiquement a des pulsions incontrôlables. La femme d'aujourd'hui s'éloigne de la maternité – refusée, écartée, interrompue, empêchée, massacrée selon ses mots. Des généralités gênantes.
Une lecture dont on sort décontenancé, traînant une espèce d'amertume et encore plus d'interrogations qu'au commencement du livre... Toutes les batailles que les femmes ont mené seraient donc vaines, ce ne serait que biologique, les hommes seraient ainsi et voilà, il n'y aurait pas d'évolution possible ? Une sorte de condamnation perpétuelle à subir le regard de l'homme, à être prisonnière d'images factices ? Avec cette lancinante angoisse de voir sa peau se flétrir, enlevant à la femme toute arme de séduction. Personnellement, je ne crois pas que les choses soient si manichéennes, si figées.

Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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Il y a longtemps que je voulais lire cet essai parlant entre autres de la modification du regard porté par une femme sur elle-même du fait de l'emprise masculine de la société, mais aussi et d'une façon franchement fourre-tout de prostitution, de reproduction au côté le plus animal du terme, de Marilyn , de l'industrie de la beauté, du voile, de l'adolescent et de l'adolescente et de leur développement....Seulement voilà, l'auteur s'enlise, s'égare, il y avait des chapitres où je revenais en arrière en me demandant de quoi on était censé parler ce coup-ci déjà. A un moment il faut trancher sur la forme, entre l'accumulation d'anecdotes de sa propre vie et l'essai plus formel, et ce n'est jamais fait, donnant une allure de canard boiteux au tout.
Sur le fond ensuite, c'est plus difficile de me forger un avis. Sur certaines parties, elle a certainement raison, comme quand elle parle de prostitution et sur d'autres....beaucoup, mais alors beaucoup moins, et je crois que cela désert finalement les points intéressants qu'elle soulève.
Avis mitigé donc.
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Comme elle le préfaçait dans "Burqa de chair" de Nelly Arcan, Nancy Huston a été fortement marquée par ses écrits.

Dans cet essai féministe sur l'image, le corps et le regard des hommes (et toutes les conséquences qui en découlent), elle convoque Anaïs Nin, Virginia Woolf, Jean Seberg ou Marilyn MonroeElle s'interroge sur cette société qui sacrifie ses filles et ce qu'elle voit comme des grandes hypocrisies.

A rebours du courant actuel ou seul le genre (et ses multitudes) et donc l'éducation serait responsable, elle met en avant notre animalité de mammifères – sans pour autant nier l'importance de l'apprentissage, de l'éducation, du rôle des pères…

Un essai parfois caricatural dans lequel elle laisse malheureusement de côté toutes les personnes qui ne se retrouveraient pas dans une vision aussi binaire du sexe – et avec possiblement une vision un peu datée des chasseurs-cueilleuses. Pour autant, pourquoi, comment et par quel miracle l'humanité ne serait-elle pas animale et soumise aux lois de l'évolution ?
Lien : https://www.noid.ch/reflets-..
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Dans cet essai, Nancy Huston s'insurge contre la théorie du genre, ce qui peut étonner de la part d'une auteure que je pensais féministe.
« La théorie du genre n'est pas seulement élitiste, elle est irresponsable. »
Le sexe semble prédestiner la femme à la procréation et l'homme à la démonstration de sa force. Il paraît dommage que cet essai puisse se résumer à conclure que filles et garçons deviennent respectivement putes et caïds.
En balayant la naissance, l'adolescence, la vie d'adulte puis la maturité, en s'appuyant sur sa propre expérience et celles de Nelly Arcan, Anaïs Nin, Jean Seberg, Lee Miller et Marylin Monroe, Nancy Huston insiste sur l'importance de l'image de soi pour la femme. Que ce soit en réaction à un père, en soumission à un homme, en réponse à l'avènement de la photographie ou au développement de la photographie, de manière choisie ou contrainte, les femmes ont besoin du regard des autres et se laisse séduire par le désir constant des hommes. N'est-ce pas un peu caricatural?
L'auteur s'étonne que la femme, après avoir durement acquis des droits, se laisse enfermer par le mythe de la beauté. La cosmétique, la chirurgie esthétique augmentent sans cesse leur chiffre d'affaire. Les magazines féminins se vendent bien.
» Suis-je mon corps, ou mon esprit? »
La pilule a fait fuir la terreur ancestrale de la grossesse non désirée. Les femmes se lâchent, oubliant leur mission première de la procréation!
L'émancipation de la femme ne la conduirait-elle donc qu'à deux alternatives: pute ou mannequin.
Les théories exposées ici semblent assez caricaturales, éloignées des théories féministes et peu réjouissantes pour les femmes ramenées à leur lignée animale.

Fort heureusement, les quelques expériences de femmes célèbres donnent un peu d'air à cet essai qui tournent un peu en rond autour du même concept. Dommage, Nancy Huston avait sûrement plus à dire sur le sujet.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Dans cet essai Nancy Huston avance la thèse selon laquelle l'identité sexuelle relèverait à la fois du construit culturel et du biologique. Somme toute c'est du bon sens. Bien sûr la question qui se pose ensuite est de savoir si l'une de ces composantes - culturelle ou biologique - domine l'autre car si le biologique prime le culturel d'aucuns (et même beaucoup) y trouveront la justification ontologique de l'infériorité de l'un des sexes par rapport à l'autre. Et encore ici j'utilise à dessein une formulation neutre car lorsque l'on parle d'infériorité, suivez mon regard, on entend quasi automatiquement qu'il s'agit de l'infériorité de la femme par rapport à l'homme, bien sûr...
Depuis que je suis enfant j'ai toujours été étonnée de ce présupposé, fréquemment énoncé, que la femme serait davantage un être de "nature" que l'homme, être de culture, ce qui immanquablement ramène la femme à un statut entre l'animalité et l'humanité pleine et entière, en quelque sorte. La seule justification de ce quasi axiome réside dans le fait que c'est la femme qui fabrique les enfants alors que l'homme se contente de les semer (à tous vents, comme dirait ce bon Larousse). Et pourtant, et pourtant, quand on voit à quel point les hommes sont dépendants de leurs pulsions sexuelles, qui les gouvernent et les mènent par le bout du nez, à l'encontre parfois d'une rationalité élémentaire, bien bien davantage qu'il n'en est pour les femmes, on en vient à se demander: de qui se moque-t-on ?
J'ai bien aimé cet essai de Nancy Huston, qui me semble correspondre à une vison équilibrée des choses. Le problème est que nos sociétés sont TELLEMENT gouvernées par l'idée que tout ce qui est féminin est moins bien que tout ce qui correspond au masculin, affirmer que le féminin est en partie déterminé biologiquement revient à faire le miel de tous ces phallocrates en tous genre qui y opposeront le construit culturel masculin de référence.
Je ne doute pas de l'honnêteté des intentions de Nancy Huston, elle-même une femme forte qui s'est construit une vie que beaucoup d'hommes pourraient lui envier, mais dans le contexte actuel de régression généralisée de la condition de la femme, y-compris dans nos régions, je me demande un peu ce qui lui a pris de sortir un tel livre...
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C'est très en retard sur la polémique causée par cet essai que je suis tombée dessus par hasard, totalement inconsciente des débats qu'il avait suscités. Cet essai très personnel de Nancy Huston (elle s'appuie à de nombreuses reprises sur son expérience personnelle de jolie fille) est paru en avril 2012 et a été l'occasion d'un débat renouvelé entre les défenseurs de la théorie du genre -la femme ne s'inscrit dans des comportements jugés féminins que parce qu'elle a été éduquée comme une petite fille et a donc assimilé les codes qui y sont rattachés- et les partisans d'une théorie qui considère l'homme et la femme comme des individus fondamentalement différents entre lesquels ne peut exister d'égalité que celle qui reconnaît les particularités de chaque genre (la femme et l'homme ne pouvant donc pas revendiquer une égale condition).

En réalité il me semble que ce débat est un faux débat puisque ces différences sont évidentes. Nancy Huston axe ainsi son discours sur ces différences, dont le postulat de départ est : l'homme est génétiquement programmé pour "essaimer" et féconder le plus de femelles possible, quand la femme, elle, est biologiquement supposée porter des enfants et donc chercher un partenaire fiable, sur lequel elle puisse compter.

Le livre qui, au départ, a pour but de traiter du regard masculin sur la femme, et de la femme regardée, s'ouvre sur ces mots :

Belle comme une image

Des yeux masculins regardent un corps féminin : immense paradigme de notre espèce. pendant les deux mille millénaires de la vie humaine sur terre, le lien chez les mâles entez regard et désir a été une simple donnée de l'existence. L'homme regarde, la femme est regardée. L'homme appréhende le mystère du monde, la femme est ce mystère. L'homme peint, sculpte et dessine le corps fécond; la femme est ce corps.

Certes, les femmes regardent les hommes aussi et les hommes regardent les hommes et les femmes regardent les femmes...Mais le regard de l'homme sur le corps de la femme a ceci de spécifique qu'il est involontaire, inné, programmé dans le "disque dur" génétique du mâle humain pour favoriser la reproduction de l'espèce, et donc difficilement contrôlable. Ses répercussions sont incalculables, et très largement sous-estimées.

Une fois que l'on est sensibilisé à ce thème on le voit partout, pour la bonne raison qu'il est partout. Il fait l'objet de mille proverbes, expressions, commentaires populaires. "Elle m'a tapé dans l'oeil", disent les hommes français; "A l'époque, dit-on plaisamment en anglais, tu n'étais même pas une lueur dans l'oeil de ton père".



Etape 1 : "Mon dieu ce livre est génial !"

J'ai personnellement trouvé que prendre conscience de ces différences hommes/femmes rendait pas mal de choses compréhensibles dans les relations qu'entretiennent au quotidien les deux sexes. de façon très raccourcie on peut en revenir à la vision manichéenne qui consiste à dire que les hommes ne pensent qu'au sexe quand les femmes ont besoin de sentiments. Même si je conteste cette vision des choses qui rabaisse la femme au rang d'être niais, incapable de chercher du plaisir s'il ne débouche pas sur la procréation, cette vision a au moins le mérite d'expliquer les mécanismes inconscients qui président au choix d'un partenaire sexuel (je pense néanmoins que ces mécanismes ont tout intérêt à être dépassés). Les hommes chercheraient ainsi une femme fertile qui permettra la meilleure expression des gènes de l'homme : les hommes recrutent donc au physique. Les femmes de leur côté chercheraient un homme pour les épauler et subvenir à leur besoin et ceux de leur progéniture : les femmes ont recours à l'affect.

Etape 2 : "J'ai raté un épisode ou bien ?"

Et puis soudain, perplexité. Nancy Huston, que je prenais pour une féministe avec son point de vue original sur la séduction, commence à tenir des propos que je n'arrive pas à rapprocher d'un quelconque discours féministe. Elle aborde pourtant de nombreuses questions intéressantes comme celle de la prostitution entre autres. D'une position très classique condamnant la prostitution, l'auteure glisse doucement sur une pente savonneuse jusqu'à un mépris affiché des prostituées.

Le point d'orgue est atteint lorsque Huston joue la carte de la mauvaise foi jusqu'au bout et va jusqu'à proposer un service civique rendant obligatoire la prostitution pour toutes les jeunes filles atteignant la majorité.

Je refais pour vous le raisonnement fallacieux : "la prostitution existe depuis toujours"-> "la prostitution existera toujours car les hommes auront toujours inscrit dans leur gêne le besoin de féconder un maximum de femmes"->"il n'y a rien à faire" ->"Et pourquoi ce serait pas vos filles à toi, toi et toi, qui se prostitueraient ?"->"instaurons la prostitution obligatoire à la place du service militaire pour les filles !"

Je trouve cette attitude indigne d'une personne intelligente qui prétend mener une vraie réflexion sur les questions de genre et par ailleurs je trouve le sujet un peu éloigné du champ de travail défini dans l'introduction...

Etape 3 : "Finissons-en !"

Je finis cette lecture totalement agacée. Je la bâcle et je passe à autre chose. Je suis complètement sidérée par les positions plus ou moins assumées que tiens Nancy Huston au bout de quelques chapitres. On passe du constat de la différence fondamentale qui sépare les hommes et les femmes pour en arriver à une apologie de la maternité. Huston prend des partis tout à fait personnels et contestables sur la société actuelle, nous dépeignant l'image d'une femme soumise et contrainte par l'esthétique contemporaine de la femme mince et lisse. La femme qui ne veut plus enfanter a renoncé à sa destinée biologique et est ainsi aliénée, flottant sans but ni raison d'être dans l'existence. Cet éloge de la destinée biologique de la femme m'assassine, tout comme son mépris pour ceux dont les pratiques sexuelles ne visent pas directement la procréation :

Bien plus qu'ils ne se l'imaginent, les libertins et les queers ressemblent aux moines et aux bonnes soeurs : tous ces anti-breeders (opposants de l'engendrement) s'évertuent à contrer la biologie, à faire un pied de nez à la programmation génétique. Pas de problème. Ils peuvent s'amuser comme ils veulent, que ce soit par l'abstinence ou le fist-fucking ; l'espèce s'en moque car ceux qui la narguent disparaissent sans laisser de trace.


Au final je m'avoue déçue par cet essai dont les débuts me promettaient les joies d'une pensée originale, bien documentée, argumentée et menée par une plume efficace sachant faire la part belle aux expériences personnelles. Des expériences personnelles, oui, une pensée originale, non. Juste une diatribe de plus contre tout ce qui s'éloigne de la norme et ne vise pas entretenir un schéma des relation hommes-femmes séculaire.
Lien : http://erutarettil.wordpress..
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Reflets dans un oeil d'homme est un essai d'un bel intérêt documentaire, intelligemment illustré qui se tacle à présenter un état de fait alarmant - et relativement gênant pour une lectrice – du féminisme actuel enferré dans des contradictions insolubles et sa perplexité croissante face à l'être femme. Dans ses quelques 300 pages publiées par Actes Sud, écrites avec brio et piquant par l'auteure canadienne Nancy Huston, s'étaye le piège inéluctable de la figure féminine entre la nonne (figure non abordée) et la catin qui, malgré des vicissitudes diverses, semble toujours connaître un destin tragique.

Pour répondre à des questions pressantes : Qu'est-ce qu'être femme ? Est-elle un homme comme les autres ? Son être se construit-il ou bien est-il sans aucun espoir de transcendance ? Nancy Huston convoque une kyrielle de modèles féminins du XXème siècle (Jean Seberg, Anaïs Nin) et assez abondamment Nelly Arcan, ce qui fait craindre un certain biais dans l'ouvrage. Car l'auteure estime que le regard masculin ancre la femme dans une position réductrice à son sexe qui lui échappe fondamentalement : objet de désir, de conquête, moyen de perpétuation de l'espèce. Elle réfute le fait que l'on ait dépassé ce stade naturalisant et argue, au contraire et crânement, que nos expressions culturelles (peinture, photographie et cinéma) de la Beauté, de la séduction font une belle roue et solidifient, plutôt que de détruire, les schémas biologiques ! Pour elle, sans trop approfondir cette thèse du regard masculin toujours sexuel et avec un ton souvent péremptoire, il y a « contradiction inextricable qui nie tranquillement la différence des sexes tout en l'exacerbant follement » Entre propagande et coopération, la construction sociale des sexes n'est que trompe-l'oeil… Soit.

Mais à force de torpiller notre naïveté, elle tombe parfois dans un cynisme dévastateur, dans l'excès de noirceur : à affirmer que « l'homme regarde, la femme est regardée » comme paradigme, on ne sait plus sur quel pied danser. On demeure dans un ni…ni, sans approcher de l'équilibre salvateur, celui qui autorise la fillette, la jeune fille, la femme à vouloir plaire en toute maîtrise. le pouvoir et le droit de se théâtraliser selon son gré est nié et Nancy Huston semble cimenter ce vol de la liberté féminine en torpillant l'idée d'un progrès sociétal : « Toutes les filles apprennent qu'il leur faut tenir compte de regard masculin, que ce soit pour l'attirer ou l'éviter. » Hélas !

C'est tout à son honneur que Nancy Huston aborde ce sujet à un moment où (en France, à tout le moins) ré-apparaît un ministère dédiée à la cause féminine. Son ouvrage ne pourra laisser indifférent et constitue le parfait point de (re)départ à toute les polémiques liées aux études du genre et des sexes.

La lecture de l'ouvrage m'a été permise par la Masse critique de Babelio et c'est une découverte stimulante que j'ai pu faire par ce biais !
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Venant d'une féministe, voilà un étrange ouvrage. Il a fait coulé beaucoup d'encre car il tente de battre en brèche la théorie du genre. Théorie pour laquelle les rapports sociaux entre les sexes sont surtout déterminés par la culture. Pour Nancy Huston en revanche, ce qui détermine le masculin et le féminin au niveau social reste du domaine de la Nature. Ca se résume vite : les hommes aiment regarder les filles pour sélectionner la meilleure reproductrice, les femmes (jeunes de préférence) aiment plaire aux hommes et se font belles pour avoir le choix du meilleur reproducteur. Toute la société se serait construite autour de ça ! Ainsi les hommes vont tout faire pour devenir des mâles forts, puissants, plein de fric pour s'assurer d'avoir les meilleures femelles pendant que les femmes (jeunes et fertiles) vont se ruiner en produits de beauté, se charcuter avec la chirurgie esthétique pour tenter d'attirer le mâle fort. Autant dire que le monde se transforme en terrain de compétition avec les conflits inhérents à ce type de situations. En haut de l'échelle les hommes qui ont de l'argent et le physique, faute d'argent mieux vaut avoir du muscle, sinon autant devenir voyou ça marche aussi ! Evidemment c'est plus sophistiqué à lire, les exemples sont plus intellectuels : Anaïs Nin, Lee Miller, Marilyn Monroe... mais on reste vachement sur sa faim car en fait, tout est anecdotique, rien de vraiment scientifique ne vient étayer les affirmations. Des millénaires de culture, de spécificités géographiques sont effacés devant la trivialité du propos : les hommes ne cherchent qu'à éjaculer, les femmes à avoir une progéniture. A partir de cet angle de vue, Nancy Huston disserte sur la maternité seule réelle spécificité féminine mais que les images contemporaines ont effacé, la coquetterie devenu une religion, l'injonction de beauté que les femmes s'imposent avec une violence accrue (chirurgie, maquillage quotidien, ...), la libération de la femme occidentale l'aurait emprisonnée dans "une burqa taille 38" . Nancy Huston interviewe trois de ses amis peintres, des hommes, pour leur demander s'ils ont déjà désiré leurs modèles féminins et en tire la conclusion... que les hommes aiment regarder les filles. Je n'ai pas bien compris à quoi servait ce chapitre. On trouve aussi dans l'ouvrage de longs paraphes sur la prostitution, l'omniprésence de Nelly Arcan - que je ne connaissais pas - une jeune femme qui a connu la prostitution, a écrit ses mémoires et s'est suicidée, des parties de souvenirs personnels ... bref un ensemble un peu décousu tant dans le style que dans le cheminement des idées mais qui se lit malgré tout agréablement même si personnellement il ne m'a pas convaincu. Je préfère ses romans !
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C'est un livre féministe qui décortique les causes du statut de «citoyenne de second ordre », attribué encore à la femme dans beaucoup de pays.
Les solutions sont quasi inexistantes et cet ouvrage dénonce le piège de certaines positions simplistes et irréalistes qui voudraient gommer les différences homme-femme.
Un texte intéressant quoique bien déprimant !
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.... dans un oeil d'homme ou pourquoi pas tout simplement dans le regard de l'autre.

Entre Beauvoir et Sartre ? euh ! prétentieuse !

Je te regarde me regardant et je me vois te regardant qui me regarde ce qui me renvoie mon regard te regardant qui me regarde ! Mais tout cela ne vous regarde pas !

Alors là Nancy Huston fait très fort entre le "magazine féminin" et le "manuel de psycho pour tous à deux balles" je me suis posée la question de ce que je lisais.

Bien sûr Nancy Huston dit que ça la repose d'écrire des 'essais' car écrire des romans l'épuise davantage.

Est-ce vraiment un essai ? peut être. Un thèse de maîtrise de psycho, à voir. Elle a prit des éléments de sa vie pour en faire une compilation et un objet de "réflexion personnelle" sans doute.

Dans cet ouvrage à l'instar d'Infrafouge où Diane Arbus luis sert de fil, Nancy prend pour ligne rouge un personnage réel : Nelly Arcan, aka Isabelle Fortier qui fut prostituée puis suicidée à 31 ans.

Rien n'est vraiment faux dans ce qu'elle nous raconte. L'impact qu'ont eu sur les femmes les divisant profondément le féminisme et la photographie. Mais on est mal à l'aise et désarmée en lisant son ouvrage

Le féminisme, vouloir être respecté en tant qu'être humain à part entière et non comme porteuse d'un vagin et d'un utérus, un faiseuse de gosse ou une mère. Ça c'est être MON ESPRIT
La photographie, qui déboussole plutôt car nous renvoie à notre image que l'on compare à celle des autres que l'on veut égaler, en beauté, en appat sexuel, qui nous renvoie à la faiblesse de la gente féminine : la coquetterie. Ça c'est être MON CORPS

Lire p. 157 :
".. Voilà le double blind, la double contrainte de la modernité à l'endroit des femmes. Il les plonge dans des interrogations sans fin. le vrai moi, se demandent-elles maintenant, est-ce la femelle atavique en moi qui souhaite séduire, être désirée et aimée par les hommes... et le faux, la bonne élève, bonne citoyenne, bonne travailleuse que je fais semblant d'être pour donner le change ? Où au contraire, le vrai moi est-ce la bonne élève, bonne citoyenne, bonne travailleuse, et le faux l'apparence, cette surface plus ou moins trompeuse que je donne à voir au monde ? Où est le vrai et où le faux ? Suis-je mon corps ou mon esprit ?

Voila moi je suis pas d'accord, j'ai l'impression que l'on n'a pas le choix avec elle :
soit on est voilée soit on est violée. Il est vrai que ce sont les mêmes lettres qui composent les deux mots et que l'on a vite fait de pouvoir passer de l'une à l'autre.

De plus dans l'interview que vous trouverez ci-dessous, elle dit que dans son précédent ouvrage "Infrarouge" l'héroïne (pas la coc') est érotomane, elle se gourre car si c'est ça être érotomane le monde en est peuplée, elle n'a qu'a avoir à faire à une vrai érotomane et elle comprendra son bonheur !

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