D’innombrables historiens des religions se sont depuis efforcés de rattacher le gnosticisme chrétien — cet ensemble de doctrines et de rites puisant à un même fond commun de spéculations, d’images et de mythes — à une source antérieure au christianisme. C’est ainsi que la gnose a été rattachée à l’Égypte, à la Babylonie, à l’Iran, aux religions de mystères du monde méditerranéen, à la philosophie grecque, à l’ésotérisme judaïque, voire même à l’Inde. Loin d’être l’effet d’une réflexion pervertie de certains esprits sur les données chrétiennes, le gnosticisme apparaîtra finalement aux yeux de l’orientaliste comme un phénomène de « syncrétisme », plus ou moins fortuit, entre le christianisme et des croyances foncièrement étrangères à ce dernier. Les travaux des spécialistes allemands (Kessler, W. Brandt, Anz, Reitzenstein, Bousset) ont permis de se libérer ainsi de la perspective hérésiologique pour l’étude des gnoses chrétiennes : « À proprement parler, elles ne sont pas des hérésies immanentes au christianisme, mais les résultats d’une rencontre et d’une jonction entre la nouvelle religion et un courant d’idées et de sentiments qui existait avant elle ou qui lui était primitivement étranger et le demeurera dans son essence. » Depuis une trentaine d’années, on tend même à donner le nom de « gnostiques » à d’autres courants que les gnoses chrétiennes hétérodoxes et leurs ramifications dualistes postérieures (manichéisme, catharisme) : des gnosticismes extérieurs au christianisme (comme le mandéisme et l’hermétisme stricto sensu) ; l’alchimie ; la Kabbale juive ; l’Ismaélisme et les hérésies musulmanes dérivées ; certaines doctrines « ésotériques » modernes.
[…] le gnosticisme prend une tout autre allure chez les « occultistes » et « théosophes » contemporains ; au lieu d’hérétiques pervers ou délirants, nous trouvons des hommes détenteurs d’initiations prestigieuses, initiés aux mystères orientaux, possédant des connaissances occultes ignorées du commun des mortels et secrètement transmises à de rares « maîtres » ; la gnose, c’est la connaissance totale, incommensurablement supérieure à la foi et à la raison. Le gnosticisme sera alors rattaché à la sagesse primordiale originelle, source des diverses religions particulières. […]
L’extrême diversité des spéculations gnostiques est indéniable : « Il serait plus exact de parler des gnosticismes que du gnosticisme. » Même diversité dans le domaine du culte et des rites, où les élans les plus ascétiques s’opposent aux pratiques les plus innommables : les deux pôles extrêmes de la mysticité se retrouvent dans les « mystères » et les initiations des gnostiques.
Pourtant, il est aisé de découvrir comme un « air de famille » indéniable entre les divers gnosticismes, en dépit des multiples divergences et oppositions qui s’y manifestent.
Nostradamus ou le prophète en son pays : débat
Tribunal de l'impossible : Débat avec
Michel SUBIELA, le docteur
Gaston FERDIERE (vice-Président de la
société française de l'expression),
Serge HUTIN (écrivain),
Jean-Pierre DUBOIS-DUMEE (journaliste),
André BARBAULT (astrologue) et Michel ROUZÉ (journaliste
scientifique). Peut-on accorder
foi aux célèbres centuries de
Nostradamus ?