Un bon livre dans son genre.
Un vieil inspecteur islandais reprend une enquête ancienne, après sa retraite, lorsque le cadavre d'un homme disparu des années plus tôt ressurgit d'un glacier qui n'a pas attendu la COP 36 pour admettre la réalité du réchauffement climatique.
C'est bien écrit. Pas de grandes envolées poétiques ou philosophiques, mais des phrases bien construites et qui coulent bien, simplement mais efficacement. Pas beaucoup d'émotion non plus, le genre du livre est clairement « policier » et il s'y tient (hormis lorsque l'inspecteur évoque sa femme disparue, et là ce sont des passages très touchants, au contraire).
Sans être hyper originale, l'intrigue est suffisamment tortueuse, avec son lot de fausses pistes et d'indices à récupérer à droite et à gauche. Elle se construit peu à peu, sans que l'on puisse en trouver la clef avant les dernières pages, comme dans un
Agatha Christie. Au final tout se tient et forme un joli puzzle (rien de tiré par les cheveux, ça j'aime !).
Les personnages secondaires sont nombreux (un peu trop pour un cerveau fatigué qui lit le soir, peut-être ?). Chacun d'eux ne se contente pas de passer dans l'histoire, mais possède un passé, quelques lignes pour décrire une anecdote, une faute, un drame, une classe sociale ou une ancienne adresse. En général, voire jamais (sans vouloir divulgâcher des secrets) ces informations ne sont pas utiles à l'intrigue, néanmoins cela donne de la consistance à chaque rencontre, même si celle-ci s'avère être une fausse piste.
J'ai été en revanche un peu gêné par l'accumulation de noms de lieux islandais (rues, glaciers, villes, quartiers…) que j'ai eu parfois du mal à retenir. de plus, cela me fait penser à un mauvais Levy, quand celui-ci empile ses lignes façon guide touristique (d'accord, Levy c'est à New-York, et ici on est en Islande, c'est quand même mieux).
Une deuxième petit bémol dans sa façon d'écrire : l'auteur use parfois (abuse ?) des retours en arrière, à l'intérieur de la même page, voire du même paragraphe. Par exemple, il commence à décrire une action (X se met en route pour aller voir Y) mais aussitôt après il revient sur des événements antérieurs (la veille, il a rencontré quelqu'un d'autre) ou même « très antérieurs » (des détails sur son enfance, par exemple), avant de revenir à l'instant présent. Personnellement, je trouve que ces allers-retours rapides font un peu perdre le fil du récit, sans apporter de réelle plus-value à la construction de l'histoire. Je ne suis pas contre les retours en arrière, mais dans ce cas ils doivent être justifiés et ne pas déstabiliser le lecteur – hormis si c'est voulu, bien entendu -.
Mais bon, mis à part ces deux petites remarques qui n'engagent que moi, je range sans hésiter «
ce que savait la nuit » dans la catégorie des bons bouquins policiers, bien écrits et agréables à lire.
Lien :
https://marc-torres.fr/