" CRIME RACISTE ? »
Hiver Arctique est un roman policier islandais d'
Arnaldur Indridason, publié en 2010 aux éditions Points, traitant d'immigration. le roman met en scène le commissaire Erlendur Sveinsson (ou Erlendur) et son coéquipier Sigurdur Oli. Après avoir traité de la Seconde Guerre Mondiale dans La Femme en
Vert et de la Guerre Froide dans son précédent roman,
l'Homme du Lac, le voici qui s'intéresse au sujet de l'immigration, sujet sensible. Nous y décelons des références littéraires, philosophiques, mais aussi cinématographiques, musicales et historiques.
Il s'agit de la septième enquête du commissaire Erlendur, la première étant
les Fils de la Poussière, datant de 1997. Les personnages principaux sont le commissaire Erlendur, son coéquipier Sigurdur Oli, la mère de la victime, Sunee, son frère Virote et le frère de cette dernière, Niran. Les autres personnages dont les enfants du commissaire, la femme de l'adjoint sont au second plan. Enfin, la supérieure d'Erlendur tient un rôle très secondaire.
le commissaire y est décrit comme quelqu'un de froid, ne s'occupant pas assez de ses enfants, et préoccupé par la mort de son frère. Celle ci va même jusqu'à le hanter dans son sommeil. Il n'est pas très bavard et très discret, il est pensif.
Son prénom signifie étranger, ce qui explique sa nature peu extravertie. le commissaire peut être assimilé à Hercule Poirot car, comme lui, il écoute et va sur le terrain à la recherche d'indices. Nous pouvons y voir aussi une référence au
Docteur Watson, l'adjoint de
Sherlock Holmes, car il réfléchit beaucoup et est surtout attentif aux émotions.
le coéquipier est tout le contraire de celui ci, bavard, émettant des hypothèses, et est marié à Bergthora, obnubilée par la question des enfants, ce à quoi Sigurdur Oli lui répond qu'il n'a jamais le temps d'y penser. Sa femme le lui reproche sans cesse et trouve qu'il ressemble à Erlendur, car celui ci ne s'est jamais occupé de ses enfants. Il peut être comparé à
Sherlock Holmes, car il est aussi bavard que lui, il s'investit beaucoup dans ses recherches, faisant des interrogatoires et des expériences.
Dès le début du livre, nous sentons une atmosphère glaciale et mystérieuse. Il s'ouvre sur le meurtre d'un enfant asiatique, Elias. Sa mère, Sunee, d'origine thaïlandaise est très inquiète quant au sujet du sort de son fils et de son frère, Niran, qui est turbulent, bagarreur et en même temps très proche et protecteur de son frère. Nous nous croirons dans un film hitchockien, Sueurs Froides (1958), Rebecca (1940) ou Psychose (1960), car nous sommes constamment sur nos gardes, et comme dans les séries, les polars nordiques sont en général bien ficelés car l'assassin n'est pas celui qu'on croit.
Nous sentons que l'oncle, Virote, a quelque chose à cacher car il n'est pas très clair. Les enquêteurs croient en la thèse d'un crime raciste et, durant l'enquête de voisinage, nous apprenons que tout le monde avait des préjugés mais que personne n'aurait fait de mal à la victime. Erlendur se demande même comment on peut assassiner un enfant. Pourtant, le meurtre est banal, la victime étant tuée d'un coup de tournevis dans la poitrine. Tout laisse croire que c'est un simple règlement de compte entre jeunes ayant mal tourné. Erlendur qualifiera ce crime de « meurtre banal », comme tous les meurtres islandais.
Nous pouvons penser à la chanson Danger (1985) d'ACDC, car on ne sait pas à qui se fier et l'on apprend que Niran sait ou cache quelque chose, mais quoi ? Lui aurait-on fait du chantage ? Aurait-il vu l'assassin de son frère ? Serait-il intervenu au mauvais moment ? Par la suite, nous apprenons aussi que Kjartan, le professeur d'islandais, avait eu des propos jugés racistes par les migrants, on ne sait pas comment les interpréter.
Toujours est-il que l'auteur s'amuse avec nous car il nous donne des fausses pistes. La première de couverture représente un décor sombre, avec peu de lumière pour nous donner une idée de ce que va être l'ambiance et l'attitude des habitants face au meurtre.
ARNALDUR INDRIDASON est marqué en lettres capitales blanches, pour nous éconduire, et le titre est en jaune pour souligner le mépris des étrangers ou du moins comment les habitants les perçoivent. Un thriller palpitant et surprenant dans lequel
Arnaldur Indridason nous surprend. Comme dans tous les polars scandinaves, il est difficile de débusquer l'assassin donc... Restez attentifs et ouvrez l'oeil. A lire jusqu'au bout... si vous avez de la patience.