Si cette série n'est pas toujours excellente, je gage malgré tout qu'elle est souvent pertinente, au pire intéressante, en moyenne enrichissante.
L'Homme du Lac appartient à toutes les catégories à la fois. On retrouve finalement un canevas similaire à celui de
la femme en vert : plusieurs voix distante de cinquante ans se mêlent et nourrissent l'intrigue et l'enquête d'Erlendur. A cette trame plutôt classique du roman noir, Arnaldur ajoute un relief historique et ouvre une page méconnue de l'histoire islandaise : le moment tant attendue où a petite île a basculé dans la modernité. La construction de la base américaine sur la lande de Keflavik a ouvert la voie à un espionnage soviétique et globalement, a réveillé les Islandais sur le régime qu'ils souhaitaient adopter pour leur gouvernance. Libéraux et socialistes se sont donc affrontés là-bas aussi.
L'Homme du Lac est une nouvelle fois prétexte au croisement des intrigues et joue sur les sujets liés à la disparition. C'est l'image de cette femme prisonnière de ses souvenirs, attendant un mari qui ne viendra jamais, debout devant une boulangerie, un paquet à la main, c'est cette image qui convainc Erlendur de solutionner cette vieille enquête bâclée à l'époque des faits. Arnaldur écrit d'ailleurs : "il a disparu et cependant... dans un sens, il ne disparaîtra jamais, observa-t-elle, un sourire plein de tristesse sur les lèvres. "
Le roman prend la route de Leipzig en ex-RDA où plusieurs étudiants islandais s'étaient vu offrir d'étudier dans la célèbre université par le Parti? Tous partageaient les idéaux socialistes et se prirent de plein-fouet la réalité de la reconstruction en Allemagne de l'est et particulièrement l'espionnage de chacun par chacun mis en place par la Stasi.
Passionnant par bien des aspects, le roman d'Arnaldur se perd un peu en redite et si la solution de l'énigme apparaît clair dès le milieu du livre, c'est tout de même avec bonheur que la seconde moitié se dévore. Néanmoins, une action plus resserrée aurait sans doute donner plus de rythme au roman, mais est-ce seulement ce que l'on attend lorsqu'on se dirige vers les romans d'Arnaldur ?