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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Servir le peuple.
C'est un cri, c'est un ordre, c'est une injonction, que dis-je c'est une injonction, c'est une jubilation !
Petit Wu, jeune paysan naïf, fraîchement marié et conscrit exemplaire devient l'ordonnance d'un colonel de l'Armée populaire de libération. Tout se passe pour le mieux jusqu'au jour où le colonel, militaire ambitieux, s'absente pour deux mois à Pékin, confiant l'intendance de sa maison à Petit Wu, maison dans laquelle vit la femme de son supérieur. Petit Wu doit très vite répondre à l'injonction de celle-ci. « Tu dois servir le peuple, Petit Wu ! »
Servir le peuple. Ce célèbre slogan de la Révolution culturelle devient brusquement dans la bouche pulpeuse de la femme du colonel une injonction qui prend une tout autre saveur...
Dans ce roman graphique furieusement débridé, Alex W. Inker adapte de manière inspirée le roman éponyme de Yan Lianke. La couverture annonce la couleur. Une couverture rouge qui n'est pas s'en rappeler un célèbre petit livre de la même couleur. On voit un jeune soldat au garde-à-vous, à la tenue débraillée, vêtu d'un marcel affichant l'étoile révolutionnaire, tenant à la main une bouilloire. Et en arrière-plan on devine la forme lascive d'un corps féminin abandonné dans l'attente...
Le ton est déjà donné dans la forme de cet objet graphique insolite, révolutionnaire à sa façon.
Servir le peuple devient alors une injonction frénétique, sans entrave, à obéir aux ordres de la jeune femme qui se fait appeler Tante Liu, ou Soeur Liu cela dépend des moments, obéir debout, allongé, obéir dans toutes les positions inimaginables où il est possible de servir le peuple, se pliant à toutes les exigences de la femme du colonel en bon petit soldat révolutionnaire, accédant à tous ses désirs. Celle-ci va ainsi initier le jeune homme encore un peu effarouché aux joies du patriotisme. Et les amants ne manquent pas alors d'imagination pour servir ce peuple insatiable...
Mais le jeu des amants a besoin de saveur et de piment... L'attention, - ou la tension, écrivez-le comme vous voulez, du jeune amant Petit Wu se relâche.
Le désir s'étiole, Tante Liu commence à s'ennuyer, à s'agacer même... Un jour, par mégarde, le jeune homme fait tomber une petite statuette à l'effigie de Mao Tsé-toung qui se brise en mille morceaux à ses pieds. La femme du colonel entre en furie, menaçant de dénoncer Petit Wu auprès de sa hiérarchie. C'est alors que le corps du jeune homme montre brusquement une émotion qui ne laisse pas indifférente la sensuelle Tante Liu. Et voilà nos amants repartis à servir le peuple dans toute son extase... !
Alors le jeu amoureux devient peu à peu une transgression, un acte contre-révolutionnaire...
Détournant le slogan du Grand Timonier clamé lors de la Révolution culturelle, le propos de Yan Lianke et le dessin d'Alex-W-Inker en font une satire coquine et libertaire. Ici la doctrine révolutionnaire en prend un sérieux coup aux reins. Et c'est jubilatoire...
Le trait d'Alex W. Inker est grossier, outrancier, comme le sont les dictateurs, comme l'est ce slogan, comme l'est la servitude volontaire. Chaque planche traduit de manière naïve la propagande maoïste, en en faisant une sorte de pastiche réjouissant.
Retrouvant ici l'âme de Yan Lianke, j'ai adoré le ton insolent, ubuesque, absurde jusqu'à la caricature, de cette BD inspirante et féroce, terriblement lucide contre l'ordre politique chinois en place. Toujours en place...

" Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. "
Étienne de la Boétie
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Voici un livre tout à fait étonnant.
D'Alex W. Inker j'avais beaucoup aimé "Fourmies la rouge", mais avant de voir le dessin, je n'avais pas fait attention que c'était le même auteur.

Nous suivons le jeune Wu, un paysan courageux et travailleur qui souhaite, par et grâce au communisme, s'élever dans la société et avant tout dans le parti avec l'idée de "Servir le peuple". Mais malgré tous ses efforts, rien ne se passe comme il le voudrait. Les candidats sont tellement nombreux et leur volonté égale. Il finit tout de même, à force de persévérance, par devenir ordonnance d'un colonel. Et il verra ses aspirations récompensées mais pas par la voie à laquelle il avait naturellement pensé...

J'ai comme pour son autre ouvrage beaucoup aimé le dessin et les couleurs. J'ai été moins touché et aussi étonné par le scénario même si je l'ai trouvé intéressant et parfois drôle. Mais je ne m'attendais pas du tout à cela. Je pensais me plonger dans un roman graphique historique et découvrir le communisme chinois et son développement. En fait, pas tellement. Et surtout il y a ces nombreuses pages plus proche d'Emmanuelle que de Mao.

Une lecture rapide et qui personnellement n'a pas été désagréable même si parfois un peu longue. Et surtout j'aime beaucoup le dessin D'Alex W. Inker.
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Une belle couverture rouge ... un toucher soyeux ... des dorures en relief ... un représentant du peuple au garde à vous ... ce petit bonhomme avec son maillot à l'étoile rouge très fier .... dessiné avec sa bouilloire à la main ... un beau slogan "servir le peuple" ... une belle histoire ?
Une histoire d'un jeune paysan, Petit Wu, dont la seule ambition est de vivre tranquillement dans son village ... il étudie et l'administration le pousse à exercer des responsabilités .... comme il est bien éduqué, il en fait toujours plus que ce qu'on lui demande ....
On ne lui apprend pas à réfléchir, on lui apprend à obéir et à servir le peuple .... toujours servir l'autorité qui détient la sagesse et le savoir de ce qui est bon pour le peuple ... jusqu'où faudra t il aller pour servir le peuple ?
Les dessins sont représentatifs de la façon de dessiner le peuple sous la révolution du grand maître .... des dessins simples, des gens tranquilles, bien portants et soumis à l'autorité avec un grand plaisir.
Il n'y a guère d'espoir dans cette mission, faire ce qu'on doit faire, le faire bien et même mieux que les autres ... toujours mieux que les autres !
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On reste dans l'adaptation de livre avec Servir le peuple, un roman de l'écrivain satiriste chinois Yan Lianke. Servir le peuple est un ouvrage subversif qui détourne allégrement le slogan de la Révolution Culturelle chinoise. Comme un clin d'oeil au fameux petit livre de rouge de Mao, c'est avant tout la magnifique couverture de cette BD qui a attiré mon regard, avec ce petit soldat débraillé et une silhouette de femme alanguie en toile de fond. Petit Wu est désireux de plaire, à sa mère, à sa femme et à son chef de village qui le pousse à rejoindre l'armée pour gravir les échelons et intégrer le Parti Communiste. Désireux de bien faire, il apprend par coeur les slogans maoïstes pour éblouir ses supérieurs. Et il finit par se faire remarquer par le colonel qui le prend à son service. Petit Wu fait alors la connaissance de le jeune épouse du Colonel, sexuellement insatisfaite, et qui somme Petit Wu de bien servir le peuple et de combler chacun de ses désirs en citant Mao, vidant ainsi la doctrine de toute substance à force d'employer les citations à tort et à travers. Surtout que les deux jeunes gens découvrent rapidement qu'accomplir des actes contre-révolutionnaires décuplent leur plaisir et leur jouissance.

Servir le peuple est une BD intéressante, à ne pas mettre entre toutes les mains en raison de son contenu sexuellement explicite, servie par un dessin qui semble s'inspirer des affiches de propagande de l'époque maoïste. Naïf et minimaliste, le graphisme permet de saisir en peu d'efforts la situation des personnages, la misère dans laquelle vit la famille de Petit Wu, la vie quotidienne dans la Chine maoïste, l'omniprésence de la propagande du Parti.
Lien : https://enquetelitteraire.wo..
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Voilà un roman graphique que j'ai trouvé très déstabilisant.
Le graphisme est tantôt poétique avec des couleurs pastels étonnamment en adéquation avec l'histoire et des visages très expressifs et tantôt perplexe avec des visages grossiers notamment la bouche et dessiné de manière inégale rendant les personnages complexe avec un âge du coup difficilement identifiable.
J'ai le même sentiment au niveau de l'histoire. Une histoire d'amour interdite mais très touchante malgré la cruauté qu'elle dégage. Beaucoup de justesse mais manquant parfois d'approfondissement. Leur histoire dangereuse n'alerte a aucun moment les supérieurs hiérarchiques alors que pourtant cela devrait....
A vous maintenant de faire votre propre opinion.
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