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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Yasushi Inoue livre un magistral récit autobiographique pour évoquer les dernières années de vie de sa mère et la mémoire qui s'en va.

L'auteur, en racontant dans le détail les faits et gestes de sa mère octogénaire se place en observateur attentif des ravages de ce qu'on appelle aujourd'hui la maladie d'Alzheimer, qui a bien évidemment toujours existé.

Son point de vue est passionnant à plus d'un titre : en premier lieu, la narration factuelle est le plus possible dépassionnée, débarrassée de tout pathos, d'excès d'émotion. Cela nous donne un récit analytique, aux airs de reportage « psycho-médical », assez fascinant quant à l'observation des mécanismes du vieillissement cérébral.

Ainsi, Inoue constate un mouvement de retour en enfance, et s'en réjouit presque pour sa mère, qui semble en éprouver une forme de bonheur. Il préfère cela à une véritable sénilité qui signerait l'anéantissement total de l'esprit. Il nous montre bien l'alternance de moments de lucidité qui illustrent l'intelligence foncière de cette femme, avec des moments de perte de mémoire et de vides immenses et absolument consternants voire effrayants : le fait de prendre son frère ou ses enfants pour des étrangers par exemple, voire des étrangers morts…

Inoue nous donne à voir comment l'ensemble des membres de sa famille appréhendent la situation, réagissent et s'adaptent, chacun avec ses armes et son caractère à ce contexte très difficile où l'on voit un être cher pourtant encore par ailleurs en forme physique se détériorer inexorablement sur le plan mental, perdant ainsi une grande part d'autonomie.

Un témoignage éclairant, sans concession, le narrateur nous montrant combien la maladie a pu aggraver des défauts de caractère déjà bien prégnant chez sa mère...à moins même que cette femme orgueilleuse et un peu égoïste ne joue parfois, voire, qui sait, simule et exagère par intérêt et esprit d'indépendance les symptômes dont elle est victime ?
On a tous connu des vieux gâteux ayant des accès de méchanceté !

Un récit bien écrit, qui démontre une fois de plus l'immense talent de cet écrivain majeur de la littérature japonaise du XXème siècle, aussi à l'aise dans cette oeuvre autobiographique et intimiste que dans le drame court et intense (Le célébrissime le fusil de chasse) ou dans la grande fresque historique (Le château de Yodo).
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Vieillir, c'est renoncer toujours un peu plus chaque jour.
On espère tous pouvoir tenir jusqu'au bout dans la dignité mais ce n'est pas donné à tous. Entre frayeur par anticipation, tristesse et parfois amusement, notre regard sur la vieillesse de nos proches ne cesse de varier. Notre affection pour eux (et pour nous-mêmes) nous pousse à essayer de comprendre les processus en cours, à excuser leur lubies, à les accompagner de notre mieux.
Lorsque que l'on prend de l'âge, on a tous vu comme Yasushi Inoué, un de nos proches errer ainsi aux portes de la mort. On aurait aimer agir comme la famille unie et aimante de l'auteur envers cette vieille dame mais cela n'a pas toujours été possible malheureusement nous laissant dans la culpabilité de n'avoir pas fait au mieux.
Ce texte qui oscille entre la froide observation des faits et la tendresse pour cette mère nous touche bien sûr pour toutes ces raisons.
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« Grand-Mère » a 75 ans quand son époux meurt, elle est très vive, toute menue et active. Elle vit seule, chez elle, puis au fur et à mesure qu'elle avance en âge, ses enfants, puis sa petite-fille, viennent s'occuper d'elle. Au bout de quelque temps, on l'emmène d'une maison à l'autre, chez l'un, chez l'autre, en fonction des disponibilités, chacun refilant le paquet sans grande résistance qu'est devenue une vieille dame de 89 ans. Car il faut bien le dire, Grand-Mère n'a plus toute sa tête : elle régresse, revit ses années de bonheur, les décennies joyeuses et dynamiques, l'adolescence puis l'amour de ses six ans. Va-t-elle finir par sucer son pouce, comme cette autre vieille femme dont on parle ?

Ici, on ne parle pas d'Alzheimer, on parle seulement de sénilité. Insomnies, hallucinations, désir de marcher la nuit, le jour, dans la maison, obsessions. Seul le corps résiste.

Il est terrible de voir cette vieille dame trimballée ainsi, revivant ses souvenirs d'autrefois en gommant littéralement ce qui l'unit à ses enfants. Même son époux disparaît de son paysage mental.
Est-ce ainsi que les vieilles dames vivent, au Japon et ailleurs ?

L'auteur raconte, avec un faux détachement, la décrépitude mentale, le sentiment de trop-plein par moments, celui de culpabilité et d'impuissance des aidants. Il s'agit de sa propre mère. On ne peut qu'avoir de l'empathie pour elle, pour eux, pour lui. Si même au Japon les anciens deviennent des fardeaux, que va-t-il en être de nos sociétés égoïstes et ingrates ?

Un sujet lourd, déprimant, qui ne va que s'accentuer dans les années à venir. Un partage touchant également.
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Yasushi Inoue a signé là un livre qui sort de son registre habituel et qui mérite notre attention. Il évoque, sans pathos mais sans froideur, la vieillesse de sa propre mère.
Octogénaire, elle a sombré dans ce qui semble être une forme de maladie d'Alzheimer: elle a perdu complètement sa mémoire immédiate, ce qui engendre d'innombrables radotages et obsessions. Ses quatre enfants se relaient avec dévouement pour la prendre en charge; mais ils s'y épuisent. Leur mère ne supporte pas ces séjours à gauche et à droite: son idée fixe, c'est de se fixer dans son village où elle croit se sentir bien. le plus remarquable, c'est l'effet de retour en enfance, vers l'âge de neuf-dix ans, puis plus tôt encore. Non seulement son esprit ignore maintenant la quasi-totalité de son existence, mais il reflète seulement ce qu'elle était longtemps avant d'être adulte. Naturellement elle finit par mourir, sous les apparences d'une poupée...
Il y a de la mélancolie dans ce livre, mais pas tant que ça: l'auteur maîtrise ses sentiments. Il se veut surtout le témoin d'une déchéance longue, inéluctable et harassante pour les autres.
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Dans "Histoire de ma mère" Inoué nous fait le récit des dernières années de la vie de sa mère. Agée de 84 ans à la mort de son mari, elle-ci est prise en charge par Yasushi Inoué et sa famille. Rapidement ils se rendent compte qu'elle commence à perdre la mémoire. Elle est atteinte de la maladie d'Alzheimer. Elle commence à répéter les mêmes phrases, ne se souvient que des moments pénibles de sa vie, et progressivement ne reconnait plus ses enfants, prend sa fille pour sa grand-mère....

Un roman qui m'a touché d'une part par l'écriture d'Inoué, d'autre part, car j'ai retrouvé dans cette dame plusieurs membres de ma famille....on ne peut s'empêcher de se projeter...et si demain je deviens cette charge pour mes enfants...si je leur fait supporter ma dégradation.
Nous serons nombreux à nous reconnaitre dans l'auteur.....et nombreux à avoir peur d'être un jour comme cette vieille dame....

Un roman sur la famille, les tensions, les angoisses, les peurs et l'impuissance de la famille, la déchéance dont on a peur mais qui ne perturbe pas le malade, qui progressivement semble vivre heureux dans son monde, un monde nouveau, sans rapport avec celui de ceux qui l'entoure

Émouvant
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Ce livre d'un remarquable modernisme traite de la démence sénile et des conséquences pour l'entourage familial.
En 1960, un homme parle de la vieillesse de sa mère qui est touchée peu à peu de démence sénile. Alors que les relations des enfants étaient assez distante avec le père, il existe une forte affection pour cette mère à la personnalité aimante. Chacun s'occupe tour à tour avec affection de cette personne âgée qui perd peu à peu ses souvenirs. Elle se remémore les différents époques, les personnes et ses émotions pour disparaître ensuite. Tous les membres de la famille (enfants, petits enfants, soeur et frère...) font face tout en étant affectés par cette situation. Ils l'accompagnent jour après jour pour l'aider à vivre au mieux alors qu'elle perçoit parfois malgré tout sa décrépitude.
J'ai été très touchée par la grand humanité et tendresse qui se dégage de ce récit. Cette attention constante et aimante pour accompagner un proche au cours de ses dernières années ne peut qu'interpeller, où à notre époque, les personnes âgées sont souvent délaissées ou abandonner à des institutions. Les conséquences et les symptômes de cette maladie sont remarquablement décrits. de même, les émotions, les questionnements et le ressenti des proches sont évoquées avec justesse et délicatesse. L'accompagnement avec respect et tendresse est une questions centrale pour tous les membres de la famille et cela interroge notre propre capacité à faire face à cette maladie. L'écriture de Yasushi Inoue est toujours aussi délicate et resitue avec beaucoup de finesse la vieillesse ainsi que la place et le ressenti des aidants. Un très belle lecture.
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L'ultime voyage, celui de l'ombre, se fait dans la conscience du retour éternel des saisons. la phrase est active. le personnage de la mère, loin de se révolter ou de désespérer, semble accompagner sa propre perte, se retirant doucement pour finir néanmoins dans un sursaut de vigueur. Il va sans dire que le cortège de drames et de misères sont présents d'un bout à l'autre de cet ouvrage. le fils qui raconte n'est pas en première ligne, mais bien ses soeurs. Question peut-être de culture, car l'auteur est japonais. Ici, on cache à une aïeule sa maladie et la réalité de sa fin annoncée. Par amour ? Par compassion ? Par tradition ? Au pays du Soleil levant, la vieillesse serait un moment qu'on voit fleurir comme une floraison ultime. Un livre dur mais traité d'une manière à la fois crue et poétique.
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Histoire de ma mère

Histoire de ma mère est le récit des 5 dernières années de la vie de la mère de Yasushi Inoué atteinte de la maladie d'Alzheimer. A partir de la mort de son père l'auteur et sa famille prennent en charge la mère, c'est à ce moment que la famille se rend compte de son état de santé.
...
Même si c'était un peu triste j'ai beaucoup aimé ce roman qui montre certains aspects de la vie quotidienne au Japon dans les années 70, comme les fêtes familiales organisées pour la mère par exemple.

Yasushi Inoue (靖井上) est un écrivain japonais aussi célèbre que productif, né le 6 mai 1907 à Tōkyō. Il est le fils d'un chirurgien militaire et a été élevé par une maîtresse de son arrière grand-père, qu'il appelait...
Lien : http://carol-knows-good-blog..
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