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Autre roman de Yasushi Inoue, autre avis mitigé. Je n'ai pas détesté, loin de là, mais ce roman (à mon avis) ne s'est pas démarqué non plus. Il s'agit de la biographie romancée d'un personnage hors du commun, Yamamoto Kansuke. « Nain, borgne, boiteux, de teint noir et marqué de petite vérole », sans doute des cicatrices ici et là. Eh bien, cet être repoussant devient un brillant stratège et général de l'époque Sengoku (celle des samouraïs, bien que l'intrigue se déroule avant l'arrivée des grands comme Nabunaga, Hideyoshi ou Ieyasu). Les brèves (et incomplètes) recherches que j'ai effectué sur lui ne mentionnent aucun nanisme mais tout le reste semble assez fidèle à la description qu'en font les annales japonaises. Le physique si ingrat et repoussant de Kansuke amène les seigneurs et généraux de l'époque à faire peu de cas de lui. Toutefois, le chef du clan Takeda voit du potentiel en lui et en fait son stratège principal. Les succès s'accumulent rapidement. J'aime beaucoup les personnages « underdogs ». Originaux, laissés pour compte, mais qui finissent par démontrer leur valeur. Enfin, pas trop. le secret de la réussite de Kansuke, c'est qu'il passe inaperçu, qu'il est dénigré. Une telle prémisse aurait pu donner une histoire très intéressante. Malheureusement, Yasushi Inoue s'est contenté d'en produire un récit chronologique, événement par événement. Parfois, c'était plutôt ennuyeux. Peut-être parce que j'en suis à mon énième roman de cet auteur qui se situe à la même époque. Des batailles, j'en ai lues plusieurs descriptions… Même si elles sont toutes différentes, elles finissent toujours par se ressembler un peu. Non? Au final, le lecteur en découvre peu sur Yamamoto Kansuke. D'où lui viennent ses dons? Sa fougue et sa détermination, vers quoi d'autre pouvait-il bien les diriger? On sait qu'il s'est fait moine et ne rêve qu'à se retirer, mais pas avant d'avoir assuré la grandeur au clan Takeda. D'ailleurs, il joue en secret les messagers entre les différentes épouses du seigneur Shingen (la première dame et les concubines) mais son amour chaste et pur empêche des développements intéressants de ce côté. Avec un protagoniste si mat, plus blanc que blanc, j'avais l'impression de faire du sur place. On est loin des Miyamoto Musashi aventurier et autrement original que le Japon a su produire vers la même époque. Comme je l'écrivais plus haut, je n'ai pas détesté le sabre des Takeda mais il ne m'a pas marqué non plus. Je crains de l'avoir oublié d'ici quelques semaines. Pour tout dire, il m'a surtout donné envie de replonger dans la série Game of Thrones afin de lire un portrait beaucoup plus intéressant de nain, Tyrion Lannister, avec son lourd passé, son penchant pour l'alcool et les prostituées et surtout son excellent sens de la répartie. Impossible de s'ennuyer avec celui-là. + Lire la suite |