Le loup bleu, sous-titré le roman de Gengis Khan. Il s'agit bien d'un roman car si les faits, en particulier guerriers de ce grand chef mongol sont avérés,
Inoué s'attache surtout, et la quatrième de couverture nous en fait part, à comprendre quelles étaient ses motivations. Pourquoi cet homme, certes né chez un peuple pour lequel les rivalités entre clans et les guerres avec d'autres populations partageant les mêmes grandes steppes tels les Tatars, les Kirghizes étaient le quotidien, pourquoi dis-je, a-t-il voulu et réussi à créer le plus grand empire continu qui ait jamais existé ? L'explication que nous en donne l'auteur est la recherche d'identité.
La pratique du rapt et du viol des femmes des autres clans ou des autres peuples entrainait un questionnement sur la paternité des enfants nés des épouses « récupérées ». Ce fut le cas pour le futur Gengis Khan qui en grandissant s'interroge, est-il bien le fils de Yesugei ou bien le fils d'un Merkit ? C'est que la question est d'importance, les Mongols sont un peuple à part fondé par l'union d'un loup bleu et d'une biche blanche. Il lui est insupportable de penser qu'il puisse être exclu de cette filiation dont les légendes ont nourri son enfance. Ce grand chef ne cessera d'ailleurs de voir dans ces guerriers des loups.
Si le début du roman raconte l'enfance de Temujin (Gengis Khan est son titre) depuis sa naissance avec un caillot de sang dans la main, signe qu'il serait un guerrier valeureux, jusqu'à ses premiers succès comme rassembleurs des différents clans, lui qui avec sa mère et ses frères en avait été exclu, une grande partie narre toutes les expéditions entre autres dans le pays de Kin, derrière la Grande Muraille et vers l'ouest jusqu'à la mer Caspienne. Ce grand chef voulait aussi offrir une meilleure vie, moins ascétique à son peuple de pasteurs. En revanche il ne semble pas s'être soucié d'administrer les territoires soumis et les conquêtes ont été souvent à refaire. Pourtant c'est bien comme empereur de Chine, fondateur de la dynastie des Yuans, qu'est connu l'un de ses petits-fils Kubilaï Khan.
La place des femmes, emmenées comme concubines ou comme esclaves, mariées en signe d'alliance, comme les garçons d'ailleurs, dès leur plus jeune âge peut paraître peu enviable. Mais l'était-il plus à la même époque en Occident ? (L'épopée de Gengis Khan correspond peu ou prou aux règnes de Philippe Auguste et de son fils Louis VIII, père de Saint Louis.) Si
Inoue dit que son héros se soucie peu des femmes qu'il n'estime pas, il nous le montre pourtant montrant un grand respect pour sa mère, la consultant ainsi que son épouse Borte ou sa concubine tant aimée Qulan.
Vous aurez compris je pense, que j'ai beaucoup aimé ce récit palpitant. Une carte succincte à la fin de l'ouvrage permet de repérer les lieux, mais s'avère insuffisante si l'on veut vraiment suivre toutes les chevauchées de ce peuple fascinant.
Lu dans le cadre du challenge ABC 2014-2015.