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3,61

sur 1284 notes
Je continue avec l'aide des lecteurs de Babélio à découvrir de nouveaux horizons de lectures, et John Irving m'intriguait un peu ; comme souvent quand je le peux, j'ai décidé de commencer avec l'un de ses tout premiers romans.
C'est une lecture un peu surprenante dans le sens où il n'est pas facile de trouver l'état d'esprit adéquat pour y être dans le bon tempo.
Les sujets abordés sont "sérieux", mais y sont traités de façon décalée. le couple, l'attachement et l'engagement, l'amitié et les rapports père/fils, derrière le ton léger et humoristique il y a une vraie réflexion, quasi documentaire et pourtant...
"Bogus" Trumper est un étudiant de 26 ans qui prend la vie comme elle vient, il est menteur, plutôt lâche, un brin parano et carrément angoissé en permanence, de plus, c'est un fumiste qui n'assume que le minimum syndical.

Voilà pour la présentation, ajoutons des problèmes de canal urinaire rares, une paternité non voulue suivie d'un mariage obligé et difficilement assumé par l'éternel étudiant qu'il est, le contexte est posé.
Côté scénario, les multiples flashbacks alternant entre sa femme, sa maîtresse et ses escapades à Vienne rendent le tout un peu compliqué à suivre.
J'ai parfois eu l'impression de lire le script d'un film de Woody Allen : les situations décalées, les dialogues et situations parfois absurdes, sans oublier les personnages déjantés qui semblent les seuls à habiter ce monde à part.
Cela m'a évoqué le sage qui montre la lune du doigt et le disciple qui regarde le doigt, sauf que là j'ai l'impression que l'auteur nous force le plus souvent à regarder le doigt alors qu'il est forcément plus sérieux qu'il n'en a l'air.
Si j'ai beaucoup souri tout au long de ma lecture, je n'ai pas réussi à m'immerger dans cette histoire où je suis resté spectateur, il me reste à lire la référence que semble être "Le monde selon Garp" pour me faire un autre avis ;)
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Notre anti-héros Fred « Bogus » Trumper, qui rame pour terminer une improbable thèse de doctorat en nordique primitif inférieur, a un problème de canal urinaire. La solution : boire beaucoup d'eau.
Mais ce ne sont pas ses seuls ennuis : il est dans la dèche financièrement (son père lui a coupé les vivres jusqu'à ce qu'il décroche sa thèse, alors qu'il a femme et enfant à charge), et sentimentalement (sa maîtresse lui fait un enfant dans le dos, alors qu'il n'est pas tout à fait certain de ne pas être encore amoureux de son ex-femme, recasée avec son meilleur ami). Sans compter qu'un autre de ses amis, cinéaste farfelu, s'obstine à réaliser un documentaire – foireux – sur la vie non moins foireuse de Bogus.
Bref, rien de réjouissant dans toutes ces galères où se trouve embarqué cet éternel étudiant maladroit et pas à l'aise à gauche non plus…
Et pourtant, c'est tellement drôle qu'on se dit qu'il fait exprès d'accumuler autant de problèmes et d'amis déjantés, juste pour nous faire rire.
Un extrait, pour situer le personnage: "Personne ne te connaît, Trumper! Tu n'exprimes jamais rien, et tu n'en fais pas davantage. Tu laisses les choses t'arriver, et elles ne te mènent à rien. Tu ne profites pas de ce qui t'arrive. Ralph dit que tu es très compliqué. Il pense que ta surface dissimule un noyau mystérieux..."

J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire en raison de l'alternance entre chapitres passé/présent et de la narration qui passe de la 1ère à la 3ème personne, illustrant ainsi la confusion qui règne dans l'esprit de Bogus.
Puis tout se met peu à peu en place, et on profite à pleins zygomatiques de quelques morceaux de bravoure : les lettres aux créanciers, la légende nordique, le 2ème épisode autrichien, halluciné…

Humour, dérision et mauvaise foi sont utilisés à tour de bras pour raconter l'épopée de ce looser magnifique, mais on sent également une certaine tendresse de la part de l'auteur envers son personnage, qui nous le rend attachant.
Attendez-vous à rire tout seul…
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Fred «Bogus» Trumper est un sympathique looser, doté d'une confiance en soi-même quasiment nulle. Il prépare depuis plusieurs années une thèse qui consiste à traduire une sombre épopée écrite en nordique primitif inférieur, langue qui a définitivement sombré dans l'oubli, ce qui oblige notre héros à inventer de son mieux une bonne partie des vers. Pour ajouter à ses malheurs, il a un soucis urinaire, qui l'oblige à choisir entre accepter les douleurs, renoncer à toute vie sexuelle, boire des litres d'eau tous les jours ou subir une opération. Peu enthousiaste à l'idée des deux premières, et terrifié par la dernière, Fred choisit la solution aqueuse.

On est entraîné par des bonds incessants entre les trois parties de sa vie les plus importantes : sa rencontre avec sa première femme, sa vie avec celle-ci, et sa vie avec sa seconde femme. Fred est entouré d'amis particuliers, comme un diabétique qui disjoncte au moindre manque de sucre, ou un apprenti cinéaste qui se lance dans des projets totalement inintéressants, et qui tient à s'inspirer de la vie de Fred pour son prochain film.

Le récit est un peu décousu, et les sauts dans le temps pas toujours facile à suivre, mais les situations absurdes s'enchaînent, et les éclats de rire ponctuent chaque chapitre.
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Chouette découverte que cette "Epopée du Buveur d'Eau" de John Irving que j'ai pioché dans une boîte à livres.
Je connaissais bien sûr cet auteur de nom mais n'avais jamais rien lu de lui.
Beaucoup d'humour dans ce portrait d'un étudiant en philosophie et littérature comparée qui rame dans sa thèse de doctorat comme dans sa vie.
Personnnage navrant de mauvaise volonté accumulant les aventures abracadabrantes, Fred "Bogus"Trumper est pourtant parvenu à me toucher à éveiller ma sympathie.
Car ce loser est bourré de bons sentiments et louvoie entre ses amitiés masculines e ses amours difficiles avec beaucoup de sensibilité (pour ne pas dire sensiblerie).
Comment ne pas compatir à son problème d'urètre qui lui vaut une opération bien douloureuse et de douces railleries de ses proches ?
L'alternance passé/présent dans le récit et les passages de la première à la troisième personne dans la narration n'ont pas compliqué ma lecture comme c'est pourtant souvent le cas. Preuve pour moi, que le roman est bien ficelé.
Pas de longueurs inutiles, même si, parfois, l'épopée en nordique primitif inférieur est un peu pénible. Elle a toute sa raison d'être étant en quelque sorte le reflet antique de celle de Trumper.
Chaque chapitre apporte son lot de surprises.
Je ne me suis pas ennuyée, ai beaucoup ri et regrette même d'avoir terminé... (Et oui ! Ca arrive ;-) )
Je retournerai à John Irving avec beaucoup de curiosité.
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Fred «Bogus» Trumper. C'est presque un ami désormais et son nom sonne à mes oreilles comme celui d'un proche, c'est à dire différemment. Ce livre est resté longtemps sur la pile de mes «restent à lire» (le RAL ou plutôt «le rââââle»).

Mes yeux glissaient sur sa couverture décorée d'un drakkar et sur le résumé de la quatrième. Je savais. Je pressentais. Ce livre allait parler de moi et venir titiller ma personne, c'est donc pour cette raison impérieuse que j'en ai repoussé la lecture pendant des années.

Jusqu'à ce jour.

Une sorte de suspens, l'attente gourmande d'un plaisir que j'ai voulu prolonger au maximum. Glace laissée sciemment au congélateur littéraire et que l'on garde pour la déguster lorsque le film le méritera enfin.

J'avoue que j'ai été touché par certains points très intimes de ce récit qui m'ont fait penser à ma vie. Des points de détails. de petits cailloux qui m'ont fait suivre ce récit avec d'autant plus d'intérêt.

Quand un ou des personnages arpente(nt) les mêmes chemins que les vôtres on ne peut pas le(s) détester. Pas complètement en tout cas. Mon avis est donc susceptible de partialité, pouvant donc verser à tout moment dans la partialittérature.

Oui, Fred est un bidon comme on le surnomme. Un raté. Mais ce n'est pas permanent ; c'est un état fluctuent chez lui, surtout en amour où il a du mal à prendre les décisions et les caps importants qui font qu'une relation avance. Pour moi il est de la famille des «beautiful losers». Il est navrant mais amusant comme l'ami qui se fait une spécialité du récit de ses galères, mettant son ego de côté dans le seul but altruiste de faire rire ses potes.

Bogus, c'est le désopilant désolent . Celui qui nous fait dire :«noooooooooooon !!!» à l'écoute de ses aventures.

Ses déboires sont d'ailleurs toujours adoucis par l'humour voire le burlesque des situations et par le sens de l'humour d'Irving qui n'est pourtant pas toujours dénué de sarcasmes.

Il y a des pages géniales que j'aurais voulu citer en entier. Notamment le chapitre 17 intitulé «Conséquences de l'échec de la méthode aqueuse», qui commence par la description de la salle d'attente du Dr Vigneron, urologue français que Bogus déteste du plus profond de son urètre «étroit et sinueux». C'est un petit bijou de description qui vient faire écho au duel oratoire d'introduction, lui aussi savoureux

C'est là où certains lecteurs n'ont peut-être pas pu juger de la pertinence et de la drôlerie d'Irving. Il faut avoir attendu dans un hall l'introduction d'une caméra dans son canal urinaire pour cela...

Là encore, on se doute qu' Irving s'est énormément documenté, ne laissant rien au hasard ; comme à son habitude.

Je prends plaisir à l'imaginer parcourant les revues médicales, scrutant les clichés médicaux illustrant syphilis, blennorragie ou cystites aiguës. Ne le verriez-vous pas assister à une conférence à New-York intitulée «An overview of the Genitourinary Disorders», prenant consciencieusement des notes sur un petit calepin, à moitié plongé dans le noir?

D'autres passages sont irrésistibles également comme la tragique et spectaculaire fin de ce canard dans la zoo d'Iowa City, noyé mais le cul au sec ou le calamiteux retour de la crapuleuse «chasse aux canards» (décidément) près du réservoir de Coralville.

Un personnage m'a particulièrement ému, c'est Merril Overturf. L'ami de Bogus. Un fou merveilleux, un risque-tout bordélique qui joue à la roulette russe avec son diabète. Ignorant superbement sa maladie et refusant la modération obligatoire qu'elle lui impose, il se suicide au glucose, à grand feu. Peu de traits psychologiques chez ce personnage mais toujours de l'action, de l'outrance et des piques acérées. Il occupe l'espace et les souvenirs de Bogus par ses «faits d'armes» bien plus que par ses paroles. C'est une sorte de héros nihiliste qui traverse le roman et le parsème de crises d'hypoglycémies sévères ou d'hyperglycémies homériques.

Il est souvent lié au rêve, au délire et par une filiation directe à une certaine poésie. C'est d'ailleurs de lui que vient l'une des plus belles images de ce roman : celle de ce tank immergé dans le Danube qui continue à pointer son canon borgne vers la surface, à travers les eaux noires. On ne peut le voir que lors des nuits de pleine lune si on se trouve au bon endroit et que l'on se place de telle façon qu'il apparaît, comme par magie. Quelques instants fugaces avant de s'évanouir à nouveau dans les ondulations du fleuve, fantôme sorti tout cuirassé du passé, tout comme Merril.


Beaucoup de thèmes aussi dans ce livre : L'amour à deux et la jolie addition qui fait que l'on va passer à trois et que tout le monde n'est pas bon en mathématique. L'amitié masculine, qui dure malgré tout, malgré les blessures que l'on se fait, les coups de putes parfois. le père face auquel l'homme adulte doit souvent lutter pour se positionner à son tour face à l'épineuse question de la paternité.


Certains ont trouvé que ce roman était un peu décousu, mal construit. Je suis pour ma part convaincu que cela résulte d'un choix délibéré d'Irving tendant à renforcer l'image d'un Bogus éparpillé, tiraillé entre ses amours, ses infections urinaires à épisodes et ses souvenirs.

Rien n'est planifié dans cette vie-là. Trumper n'est qu' un calcul laissé à la merci de la vidange urinaire des événements. Un flot ininterrompu d'ennuis, de douleurs, de bourdes qu'il subit en tentant d'y survivre quitte à se rattacher au passé, à cet avant qu'il essaie de retrouver. Il joue ainsi à l'archiviste, enregistrant des voix sur cassettes, montant des images sur bandes, étudiant les langues les plus mortes que l'Europe ait pu conservées. Il revient sur les traces de son passé, l'arpente continuellement, le rumine jusque dans l'écriture. Tout se chevauche,se croise et parfois se brouille comme souvent dans nos vies.

Le titre de ce roman, à l'origine ne devait-il pas être «Fucking Up» ?

Tout un programme.
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Déception, je ne suis pas du tout sensible à cet humour. J'abandonne au début du chapitre 5 (page 27)
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Il y a un ton flirtant entre l'humour et le pathétique dans ce roman. le personnage principal est un cas. Il est indécis et sa vie est relatée soit par lui, soit par un narrateur extérieur. C'est parfois perturbant, parfois très drôle, un peu loufoque mais enrichissant car nous suivons à travers ce dédale de situations l'évolution psychologique de ce personnage et son accession à une forme de bonheur. J'ai passé un bon moment.
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. Je n'avais pas encore lu ce deuxième roman d'Irving par en 1972 et pourtant cet auteur m'intéressait de puis la découverte de « le monde selon Garp » . le personnage principal , Fred « Bogus » Trumper (dit aussi Boggle ou Thump-Thump) connait bien des problèmes. Un canal urinaire dévié (lui un fils d'urologue) , des études centrées sur une épopée en vieux nordique primitif , « Akthelt et Gunnel » (épopée pour le moins peu connue voire totalement inventée par lui mais dont les péripéties tendent à épouser celles de sa vie personnelle) , et surtout les femmes de sa vie . Sue « Biggie »Kuft l'athlétique skieuse , mère de son fils Colm ,dont il est séparée et Tulpen ,sa nouvelle compagne, hantée par le désir d'enfant. Ne pas oublier aussi ses amis , Culhtbert Bennet dit Couth , ami d'enfance et accessoirement son remplaçant auprès de Biggie, Merrill Overturf le diabétique qui cherche des tanks dans le Danube, et Ralph Paker , réalisateur de films abstrus, qui fait du héros le personnage de son premier succès. Cette liste rend compte de l'aspect farfelu et incongru des épisodes de la vie du personnage (la chasse au canard !!!) mais ne doit pas cacher une réflexion tendre et mélancolique sur les difficultés de la vie de couple (les hommes n'y ont pas le beau rôle) , la paternité et l'inextricable complexité entre amour et désir .
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Définitivement, je préfère les premiers romans d'Irving à ses oeuvres ultérieures. Et celui-ci en particulier. C'est l'histoire toute simple d'un gars comme vous et moi, un peu glandeur sur les bords, qui tente de mener sa barque au mieux entre amour, amitié, paternité et travail. le récit n'est ni vulgaire, ni mièvre, souvent très drôle, un brin déjanté et finalement très tendre. Pas son plus grand succès commercial mais pour moi le meilleur d'Irving est là.
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Un bon bouquin à mon avis, mais il faut dire que j'apprécie beaucoup l'écriture de John Irving. C'est pour cela que je lui ai laissé sa chance, car le début du livre m'a paru bien poussif... heureusement, l'auteur m'a rapidement pris dans son jeu et c'est à un rythme effréné que j'ai terminé la lecture de ce roman.


Ce type d'intrigue est toujours particulier, car il vous met au contact d'un personnage principal profondément antipathique, quoique touchant par moments. On se retrouve obligé de suivre les péripéties burlesques d'un type qu'on aurait envie de baffer quatre ou cinq fois par (court) chapitre. "L'épopée du buveur d'eau" est très tourné "satire des moeurs", avec comme souvent dans l'oeuvre de John Irving un regard important sur les personnages d'enfants.


Bourré de situations ridiculement drôles, de réparties acides et de personnages féminins désespérées par la veulerie de leurs compères, je me suis vite laissé capter par l'ambiance mi-comique, mi-sordide qui se dégage de ce livre. Le tout sans regrets.
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