Jolie saga familiale comme on aime en lire sans se fatiguer.
La villa aux étoffes vous ouvre ses portes et vous entrez dans la vie assez peu monotone d'une famille de riches industriels allemands du début du siècle (le XXème).
Alors on entend les robes froufrouter, les tasses qui tintent en rejoignant leur soucoupe, bousculant sur leur passage la petite cuillère en argent. On entend aussi la cuisinière talentueuse et bougonne qui règne sur sa cuisine comme un capitaine sur son bateau. Il y a aussi le bruit du parquet qui grince, les minces matelas des lits des domestiques qui s'affalent sur les sommiers, les filles qui s'écharpent, les machines qui fabriquent le tissu dans l'usine à côté et le chuchotement du pinceau qui trace sur la toile un monde nouveau.
Eh oui, il y a tout cela dans ce premier volet saga. Je salue le bel équilibre narratif entre l'univers des domestiques et celui des maitres. Et puis il y a Marie, personnage principal, clé, mystérieuse et sérieuse dont on va comprendre au fil des pages le rapport particulier avec cette famille.
Et l'amour me direz-vous ? Car pour réussir une saga familiale il faut au moins une histoire d'amour, non ? Vous ne serez pas déçu. Dans les incontournables, nous avons aussi la soeur délicieusement insupportable et que vous adorerez détester. Elle est franchement bien réussie...
J'aurais apprécié un peu plus de psychologie et de profondeur dans les personnages, mais comme l'ensemble tiens la route, je suis au global suffisamment satisfaite pour envisager de lire le tome 2. Gageons qu'on y trouvera aussi le thème de la famille confrontée à la grande Histoire et aussi un peu plus de tissu, en référence au titre : comment fonctionnent les machines, ce que produit l'usine, bref de quoi étoffer (sans mauvais jeu de mots) la culture générale.
Alors, faut-il le lire ? Oui ! En ce mois d'août 2021 pluvieux, sur un canapé à l'abris ou plus tard dans un hamac sous un parasol.
Si vous aimez les sagas familiales, je vous recommande également le Goût du bonheur de
Marie Laberge, avec en bonus l'accent québécois. Ou plus ancien : les Gens de Mogador de
Elisabeth Barbier. Et plus norvégien, vous avez le Livre de Dina de Herbjørg Wassmo.