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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une de mes oeuvres favorites d'Henry James. Si elle possède déjà les caractéristiques des plus grands romans de l'auteur (style qui fouille et analyse constamment, heurt entre la civilisation anglaise froide et réservée et la civilisation américaine sans détours, mystère opaque de l'âme humaine qui s'épaissit au fil des pages), elle a aussi une grâce plus légère, une forme d'innocence qui m'émeut profondément. A lire.
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Suite des préliminaires d'Oktor .
Pour connaître Daisy Miller, le lecteur suivra ses regards : ils indiquent clairement le destinataire des propos qu'elle tient. On sait qu'elle aime à provoquer les réactions de Winterbourne, jouant sur son étonnement, son embarras, ses réactions face à des taquineries ou des reproches. Dans le salon de Mrs Walker, elle sait éveiller sa jalousie, lui suggérer des attentions à son égard. Dans la vie sociale, elle montre de l'aisance dans les présentations, possède l'art et la manière de se comporter, garder son sang froid dans un entourage malveillant. Dans sa vie intime, elle sait mener sa barque, masquer ses sentiments, sauf lorsque d'une voix « étrange » elle se montre très émue dans sa dernière entrevue avec Winterbourne. Voilà qui explique en partie le drame final - et rend inexcusable l'aveuglement du jeune homme devant les avances de la jeune fille.
Lire Daisy Miller en anglais, est particulièrement conseillé pour comprendre des réactions spontanées, goûter la fluidité de passages à Vevey, ou les propos aigres de milieux mondains.
On trouvera successivement de l'humour dans des situations de comédie où Winterbourne, pour faire bonne impression , « fait la conversation » à Mrs Miller, de l'amusement devant les saillies de Randolph, et de la gêne devant de longs entretiens sur la santé maternelle, quand il devrait montrer à la jeune fille son plaisir de la retrouver à Rome.
L'épisode romain est bien sombre : Les promenades dans Rome mentionnent des lieux bien connus de Henry James, mais avec une valeur symbolique évidente. Daisy nous paraît en péril dans ce cadre malsain, connu pour ses drames historiques, et ses pratiques sanglantes. le décor est planté, le drame annoncé. La dernière scène ne se situe-t-elle pas dans l'arène du Colisée ?
La fin de cette nouvelle, brutale et inattendue à la première lecture, rend enfin justice à Daisy sans dissiper son mystère, mais jette de l' ombre sur la personnalité de Winterbourne, maladroit, trop souvent de mauvaise humeur, et trop fréquemment en visite chez de désagréables matrones.
Une merveilleuse nouvelle, idéale pour une initiation sentimentale et littéraire.
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Remarques préliminaires sur cette nouvelle de 1878.
Pourquoi l'auteur dit-il une « étude » ? La réponse est dans le texte :
« Mrs Walker était une de ces Américaines, qui lorsqu'elles résident à l'étranger, se font un devoir d' « étudier » (selon leur propre expression) la société européenne, et elle avait en cette occasion réuni plusieurs spécimens humains d'origines variées qui devaient en quelque sort lui servir de manuel. » Henry James met en scène, pour « étude », des groupes différents :
Des Américains comme les Miller débarquent en Europe, forts de leur présumée supériorité, revendiquée de façon comique par Randolph Miller, pittoresque garçon de 9 ans. Sa mère, Madame Miller, ne voit rien d'extraordinaire à Rome et lui préfère Zurich ! Ils apparaissent comme des provinciaux voués culte du dollar, sans culture ni curiosité.
Ils rencontrent en Italie de riches Américains ( Winterbourne, Mrs Walker, Mrs Costello) installés depuis longtemps en Suisse, donc européanisés, mais pleins de préjugés de bienséance, et condescendants envers leurs contemporains.
Le seul « spécimen local » serait l'Italien Giovanelli. Il échappe au stéréotype de l'Italien séducteur et coureur de dots par sa fréquentation des milieux mondains où il évolue avec aisance et intelligence. Ce qui contraste avec les maintiens embarrassés de Winterbourne.

Le récit se déroule en deux temps,
- première étape à Vevey, épisode estival, lumineux par la présence de Daisy Miller devant les yeux éblouis de Winterbourne. Serait-ce le départ d'une idylle ? Winterbourne se pose des questions : la jolie et séduisante Daisy serait-elle une ingénue, une coquette, ou une dévergondée ? --

- autre étape à Rome, fin janvier, où Winterbourne rejoint Daisy. L'épisode est plus sombre. Winterbourne, pour qui Daisy demeure une énigme, jaloux et inquiet des « caprices » ou de l' « inconduite » de Daisy, s'enferre dans ses soupçons sur l' « innocence » de Daisy. le RHYTME du récit, plus sombre, s'accélère pour s'achever brutalement sur deux pages essentielles pour comprendre les personnalités de Daisy, mais aussi de Winterbourne.
Daisy Miller n'est vue ou entendue que par Winterbourne dont l'auteur se sert comme d'un témoin référent, - mais non fiable !
Daisy attire et séduit car elle est jolie, porte bien ses robes, ou son éventail, mais elle paraît commune aux yeux de Winterbourne qui la croit inculte. Les commentaires savants l'ennuient, mais Winterbourne, l'observateur, ne voit pas, ou n'admet pas, la justesse des remarques de Daisy, n'entend pas des propos tenus à son intention. Il faut donc un lecteur plus attentif que ce soupirant maladroit, trop souvent à l'écoute de vieilles femmes à ragots.
Comment pourrait-il, avec son comportement guindé et son nom hivernal, comprendre cette jeune fille en fleurs qui a choisi un prénom printanier ?
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L' excellente nouvelle « Daisy Miller » par Henry James est l'histoire d'une jeune américaine qui défie les conventions et fait tourner les coeurs lors de son voyage en Europe à la fin du XIXème siècle. L'histoire commence en Suisse, mais se poursuit à Rome, avec une scène finale dans le Colisée. Je suis désolé de ne pas proposer d'auteurs italiens.
Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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Je pense de James qu'on peut soit trouver que ses textes sont froids, soit au contraire trouver qu'il laisse une grande place au lecteur. Je fais partie de la deuxième catégorie : c'est vrai qu'il laisse une grande liberté d'interprétation, mais ce n'est pas de ça que je parle.

J'aime aimé cette nouvelle qu'est Daisy Miller pour cette liberté du lecteur. Daisy n'est pas décrite, peu expliquée et déroute; tout comme Winterbourne qui oscille entre amour et déception, sans qu'on ait vraiment de morceaux explicatifs. Mais on pourrait dire la même chose de la mère de Daisy, dont la désinvolture est surprenante et inexpliquée. Alors oui tout ça pose des questions très intéressantes d'interprétation, mais par ricochet ça laisse également au lecteur toute la place de se projeter et de construire son propre Daisy Miller. C'est-à-dire que ce que j'ai aimé dans Daisy Miller, c'est que j'ai pu placer mon interprétation, ma lecture, mes personnages réagencés, sans que le vrai texte soit un problème. J'ai probablement faux (ou pas) en imaginant Daisy comme une très jeune fille (15-16 ans) dont l'innocence et le goût de la provocation et du jeu ont fait jasé, mais pour moi chez Daisy (le personnage) tout n'est que jeu. Sa mère ne connaît pas les règles et ne les lui a jamais apprises ; associé à sa timidité, on a un personnage absolument perdu. Daisy, je pense, joue aussi avec Winterbourne or le problème de leur relation, c'est qu'il doute de plus en plus que ce soit un jeu, (alors qu'il apprécie ce jeu et les ambiguïtés de Daisy au début) et que Daisy ne sait pas s'arrêter.

Et c'est dans cette incompréhension que pour moi ce trouve le plus triste de l'oeuvre. Ce n'est pas vraiment la société qui les sépare, ou le fait que Daisy soit hors-normes, mais je pense que c'est davantage le fait qu'ils n'aient pas le même mode de communication .Le fait que Winterbourne sermonne Daisy n'est pas un problème, Daisy l'accepte et ne l'en aime pas moins, mais elle reste dans son jeu et refuse de l'arrêter ne serait-ce que pour dire à Winterbourne que son sermon la blesse (je pense à la scène où Giovanelli emmène ensuite Daisy dans le salon de thé), alors que Winterbourne ne la voyant pas réagir ne connait pas les limites de Daisy.

Par ailleurs, je pense que Winterbourne apprécie cette ambivalence chez Daisy, entre l'innocence et le flirt, et donc le mystère et le doute qui l'accompagne, puisqu'au début les excentricités de Daisy ne le dérangent pas, au contraire. Mais plus le récit avance, plus, non pas la société de Rome bavarde, mais plus Winterbourne sera jaloux de Giovanelli et doutera par jalousie de l'affection de Daisy, plus il sera blessé par Daisy.
Or à mon avis Daisy et Giovanelli se rejoignent sur cet amour du jeu, que bien qu'il puisse jouer, n'a pas Winterbourne au vu de comme il le répète souvent son éducation à Genève.

Finalement, cette liberté d'interprétation qui le rend extrêmement riche, m'autorise à donner 5 étoiles à Daisy Miller pour la psychologie (erronée ou non) très fine et je trouve originale, tirée de l'oeuvre.
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