Pour ce partenariat j'ai voulu tenter les écrits des éditions House made of Dawn qui semble sortir des sentiers battus de mes lectures habituelles.
Me voici donc entamant
le grippeminaud de
Norman Jangot.
Le sujet en lui-même déjà est assez particulier puisqu'il parle d'un criminel violeur de SDF attiré par leurs odeurs et sécrétions corporelles, leurs maladies de peau ou leur crasse imprégnée.
J'étais donc à la fois mitigée et curieuse de découvrir cette nouvelle d'une cinquantaine de pages et surtout la plume de son auteur.
Autant j'ai hautement apprécié le style fluide et entraînant de
Norman Jangot et ses descriptions réalistes autant je me suis parfois sentie aussi mal à l'aise que le parisien coincé en pleine cohue dans ce métro bondé.
Sentiment partagé d'envie et de rejet
Je ne sais comment expliquer ce mélange bizarre d'impatience et de dégoût que j'ai expérimenté tout au long de ma lecture.
Impatience de suivre ce grippeminaud, violeur de SDF et féru de maladies corporelles, d'odeurs nauséabondes et de crasse et en même temps les descriptions, les images qui surgissaient dans ma tête à la lecture des phrases et des mots de l'auteur me renvoyait une sensation de nausée et de dégoût.
Si le but était de choquer l'odorat et l'imagination du lecteur,
Norman Jangot a hautement réussi son coup.
On ne peut rester insensible à la lecture de cette nouvelle.
Le grippeminaud est l'image d'un homme perverti et avide de lexomil comme un gourmand de chocolat. Il vit dans son monde et semble à la fois réaliste des risques qu'il prend à côtoyer ces maladies, ces corps putrides et à la fois attirés par eux comme un papillon par la lumière tel un drogué.
Sa recherche de la victime absolue, de celle qui sera l'apothéose de sa jouissance le tire en avant vers des risques toujours plus grands. Pourtant il semble ne pas en tenir compte obnubilé par celui qu'il a croisé un matin dans cette rame, celui qui en un instant a transformé sa vie de grippeminaud. Car il est là, il le veut et est prêt à tout pour le trouver.
Comme il le dit lui-même :"...Je me dirige vers mon paquet cadeau, mon fantasme, la clef de voûte de ma révulsante lubie, mon point d'orgue macabre et pestilent, le Saint-Graal de la mort et de la maladie, le nirvâna des bubons infectieux et la quintessence de la déchéance humaine s'offrant à moi sur un plateau d'argent, à la lueur des flammes des bougies..."
C'est donc un personnage qui nous trouble par ses besoins et ses désirs hors du commun et je l'avoue assez incompréhensible pour la femme que je suis.
Un final plein d'humour et d'ironie
Pourtant la plume de l'auteur réussit à nous le rendre intéressant. On le suit jusqu'au bout, jusqu'à ce final qui va nous laisser sans voie et en même temps hilare. Quelle ironie !!!
Ce ne sera pas une nouvelle que je relirai comme je le fais souvent de mes autres lectures. Trop de choses m'ont dérangée, dégoûtée, choquée dans ce récit pour me laisser un goût de reviens-y.
Pourtant malgré cela je ne regrette pas cette découverte. Elle me permet de me rendre compte que certains auteurs sont capables de nous faire ressentir des choses autres que la joie, l'humour ou la beauté. Et que cette laideur sait elle aussi parler au lecteur et le faire réagir.
Merci pour cette lecture dérangeante qui m'a fait ressentir des sentiments encore inconnus.
Je vous conseillerais tout de même de ne pas la mettre entre toutes les mains mais ce n'est qu'un avis de timorée face à un style décalé et importun.
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