Mi était si jolie, si éclatante, elle semblait si merveilleusement accordée au bonheur, que sa vue balayait tous les rêves.
Il était une fois, il y a bien longtemps, trois petites filles, la première Mi, la seconde Do, la troisième La. Elles avaient une marraine qui sentait bon, qui ne les grondait jamais lorsqu'elles n'étaient pas sages, et qu'on nommait marraine Midola.
Do, qui a vingt ans comme la petite princesse aux longs cheveux des photos de magazines, reçoit chaque année, pour Noël, des escarpins cousus à Florence. C'est pour cela, peut-être, qu'elle se prend pour Cendrillon.
Même quand je suis Domenica, je m'accepte. Je pense quon va m'emmener loin, pour un jour, une semaine ou davantage, et qu'en définitive tout ne me sera pas refusé : je vais voir l'Italie.
...mais marraine Midola n'est pas une fée, c'est une vieille dame riche qui fait toujours des fautes d'orthographe, qu'elle n'a jamais vue qu'à des enterrements, qui n'est pas plus sa marraine que Mi n'est sa cousine : ce sont seulement des choses qu'on dit aux enfants des femmes de ménage, comme Do, comme La, parce que c'est gentil et que ça ne fait de mal à personne.
On me fit une piqûre. Je vis entrer d'autres infirmières, d'autres docteurs. Ce fut la première fois, je crois, où je pensais réellement à mon apparence physique. J'avais la sensation de me voir par les yeux de ceux qui me regardaient, comme si je me dédoublais dans cette chambre blanche, dans ce lit blanc. Une chose informe, avec trois trous, laide, honteuse, hurlante. Je hurlais d'horreur.
le monde d'avant le sommeil, quand on peut imaginer sans risque n'importe quoi.
Notre besoin de consolation est impossible à rassasier.
- Ingrid Astier -
le monde est un vêtement trop grand pour soi, et l’identité un corset trop étroit
—Ingrid Astier—
"J'ai tué Do pour devenir elle, parce que j'étais avertie par une marraine acariâtre du changement d'un testament." LF