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Il était une fois trois petites filles, Mi, Do et La.
Elles ont une marraine, une vieille dame riche. On appelle cette marraine, marraine Midola.
La meurt, Mi devient Michèle et Do, Dominique.
Marraine Midola est la grand-mère de Mi, apparemment et Do, la cousine de Mi mais est-ce vraiment vrai? C'est peut-être le contraire, qui sait.
Et puis quand la marraine meurt qui va hériter? Mi a grand train, Do lui colle aux basques et profite des bontés de sa cousine jusqu'au drame.
Le drame c'est un incendie dans la villa du Cap Cadet.
L'une des fille meurt et l'autre est grièvement brulée à tel point qu'il est impossible de savoir qui est morte et qui survit. Plus d'empreinte, rien.
De plus la survivante est amnésique. Une amnésie passagère dit le médecin.
Jeanne, la bonne Jeanne, la femme de confiance de marraine est là.
Elle aide la survivante a se souvenir, elle lui donne même une identité mais est-ce la bonne ?
Magicien de chez magicien, Japrisot, nous mène par le bout du nez. Qui est qui, comment est le testament, qui hérite et qui est deshéritée? Pourquoi l'incendie, criminel ou pas?
Bref du grand, du bon roman, du bon thriller à tel point que l'on finit par se demander si l'auteur sait qui est qui? Qui est décédée et qui est sauvée, amnésique. Et puis la gouvernante dans tout ça, pour qui roule t-elle ? Pour elle ? Ce qui est sûr c'est qu'elle est championne du monde du dos rond.
On l'aura compris j'ai été épaté par ce bouquin, qui a été lu en deux temps, trois mouvements. Mais gare, il faut parfois revenir et relire sinon le cerveau est troublé et je me sui demandé où cela me menait, mais bon, il ne fallait pas chercher mais lire, lire oui et ne pas chercher.
A la fin je me demande toujours si je n'ai pas rêvé et mon idée, car j'en ai une, est la bonne et, non, je ne la révélerait pas ici.
Elle est certainement pas la bonne.
Il y a un goût de reviens-y dans cette histoire.
C'est bien écrit et les personnages et leurs caractères sont emballés dans du papier doré.
On y rencontre aussi quelques profiteurs mais bon, c'est ambiant.
Du luxe!
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Sébastien Japrisot réalise un travail d'orfèvre. Ses romans fonctionnent avec la précision d'un mécanisme d'horlogerie qui entraîne le scénario vers son dénouement inéluctable. Mais les pièces du dispositif (des éléments anodins de contexte, des phrases sibyllines prononcées …) ne sont pas si apparentes et leur fonction échappe le plus souvent au lecteur, sauf une fois la lecture du livre terminée. Encore faut-il que le lecteur – comme dans mon cas – effectue un salutaire travail de recherche des indices passés inaperçus pour vérifier certaines hypothèses, lorsque la vérité (une vérité ?) finit par être suggérée. Bref, les romans de Japrisot sont complexes, cérébraux, troublants, autorisent plusieurs lectures, sont truffés de chausse-trappes et de miroirs déformants, et celui-ci comporte encore plus de pièges que les autres.
Piège pour Cendrillon démarre comme une comptine : « il était une fois, il y a bien longtemps, trois petites filles, la première Mi, la seconde Do, la troisième La. »
Ces trois petites filles ont été élevées par leur marraine Midola, en réalité une richissime industrielle italienne, la Raffermi, qui a fait fortune dans la chaussure. Arrive le jour où la Raffermi décède et c'est sa nièce Mi (Micky ou Michèle Isola), la seule des trois filles faisant réellement partie de la famille, qui doit hériter de son immense fortune.
Mi se réveille à l'hôpital, telle une momie entourée de bandelettes, totalement amnésique. Elle vient d'échapper à un incendie. Son ami d'enfance Do (Domenica Loï) n'a pas eu cette chance car elle n'a pas pu être sauvée. A grand renfort de chirurgie esthétique et de greffes de peau, Mi va pouvoir retrouver un visage tout neuf et des mains. A son réveil, Mi est prise en charge par Jeanne Murneau, l'assistante de la Raffermi, qui va l'aider à retrouver ses souvenirs et son passé. Mais Mi va se rendre compte rapidement que certaines choses ne collent pas. Jeanne Murneau lui dit-elle toute la vérité ? Certains indices vont faire penser à Mi qu'elle est peut-être Do…
Sébastien Japrisot se joue des codes du polar et aime brouiller les pistes. Il reprend ici les rôles traditionnels inhérents à tout bon polar et distribue toutes les cartes… à la même personne ! Même Agatha Christie, coutumière de la falsification des rôles, n'était pas allée aussi loin. La couleur est annoncée sur la quatrième de couverture : la narratrice assume les quatre rôles à la fois (« Je suis l'enquêteur, je suis le témoin, je suis la victime, je suis l'assassin ; je suis les quatre ensemble, mais qui suis-je ? ») Ceci fonctionne car l'identité de la narratrice reste incertaine, pour elle-même comme pour le lecteur.
Deux grandes thèses s'affrontent. L'incendie est criminel et il y a une victime : un meurtre a bien été commis. Mais la victime visée était-elle Mi ou Do ? En quête de son identité réelle, ne faisant aucune confiance à Jeanne, la jeune femme poursuit ses investigations (enquêtrice), fouille son passé (témoin), comprend qu'elle est manipulée (victime) et qu'elle est peut-être complice et coupable d'un meurtre (assassin). Les personnages secondaires qui apparaissent successivement, témoignent et contribuent à la résolution de l'enquête, mais leurs récits contradictoires favorisent l'une ou l'autre des hypothèses, ajoutant à la confusion de la narratrice (et du lecteur).
Sébastien Japrisot construit son récit en sept parties : J'aurai assassiné, j'assassinai, j'aurais assassiné, j'assassinerai, j'ai assassiné, j'assassine, j'avais assassiné. Cette conjugaison obsessionnelle guide le récit sans le guinder. Sébastien Japrisot déroule son roman sur plusieurs époques (avant et après le meurtre) et change de narratrice en alternant les points de vue de Mi et de Do. Jusqu'au bout, l'identité de la nouvelle Mi restera incertaine, y compris pour elle.
Le lecteur peut en première lecture choisir de rester dans cette indécision, ce qui est quand-même un peu frustrant, avouons-le. Mais il peut également prendre en compte la toute dernière phrase du roman (page 220), qui renvoie à un petit détail (page 183) et à un énorme indice (page 200) qui n'ayant pas été placés là au hasard par Sébastien Japrisot, donnent à mon avis, par recoupement, l'ultime clé du roman. Un véritable tour de force !
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Si vous parvenez à ne pas vous mélanger les pinceaux avec Mi, Do, La, et Midola, dans le prologue 'J'aurai assassiné', ça devrait aller pour la suite.
Sauf qu'il y aura l'effet lassitude en plus. Et si vous avez la tête embrhumée, ça n'aidera pas à avoir envie de vous accrocher pour suivre les questionnements d'une Mi amnésique au sortir du coma.

L'auteur a fini de rédiger cet ouvrage en 1962.
On situe dans le contexte des thrillers de la littérature (Boileau-Narcejac, Irish) ou du cinéma (Hitchcock, Clouzot) de l'époque, et on voit déjà quelques rebondissements venir.
De plus, depuis soixante ans, on peut avoir lu d'autres romans de Japrisot/Rossi, les auteurs de romans noirs se sont multipliés, le thème de l'amnésie a été exploité dans tous les sens.
Il est donc difficile d'être surpris et bluffé par cette intrigue comme ont pu l'être les lecteurs qui l'ont découverte à sa parution.

C'est la préface d'Ingrid Astier (lue après le roman) qui m'a un peu réconciliée avec cette histoire téléphonée, où certaines ficelles sont aussi grosses que dans les films d'Hitchcock qui n'ont pas bien vieilli (ah les traits de fourchette sur la nappe blanche dans 'La maison du Dr Edward', merci Dr Freud pour les guérisons miraculeuses !).

Ingrid Astier : « [...] un roman virtuose où le monde est un vêtement trop grand pour soi, et l'identité un corset trop étroit. Ce regard tourné vers soi, dans l'impossible introspection, a la beauté cruelle d'un huis clos. Le 'Connais-toi toi-même' des Grecs vire à l'enfer. »
Dit comme ça, oui, ça semble valoir le détour.
Nul plaisir pour moi à la lecture, parasitée par une impression de déjà-vu.
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Quel parfum !

Ce polar traîne une odeur de souffre de la première à la dernière page. Difficile de respirer dans ce huit-clos essentiellement féminin. C'est excellent et la composition des séquences est brillante : « J'aurai assassiné, J'assassinai, J'aurais assassiné, J'assassinerai, J'ai assassiné, J'assassine, J'avais assassiné »

Une femme enfermée dans un corps de femme, ne sachant pas à son réveil qui elle est. Comment vivre dans cet enfermement surtout quant Sébastien Japrisot vous enfume, tenant les rênes de mains de maître d'une destinée qui vous échappe continuellement.

« Tant pis pour l'autre, puisque j'étais celle-là.» Moi je veux bien mais laquelle ? Do ou Mi ? Sachant que « des trois petites filles, Mi est la plus jolie, Do la plus intelligente, La est bientôt morte. »

Si vous aimez jouer avec le feu, ce roman vous attend. Prenez une petite MG et suivez la route de Cap Cadet en fredonnant la Mélodie du bonheur...
DO le do il a bon dos
RÉ rayon de soleil d'or
MI c'est la moitié d'un tout
FA c'est facile à chanter
SOL la terre où vous marchez
LA l'endroit où vous allez
SI c'est siffler comme un merle
Ce qui nous ramène à Do


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Un roman noir à l'atmosphère énigmatique, angoissante et un peu malsaine. La narratrice, une jeune fille, allongée sur son lit d'hôpital, se réveille dans une chambre au décor aseptisé où tout est blanc. Rescapée de l'incendie d'une villa du sud de la France, telle une momie, comme la surnomme gentiment le médecin, elle est enveloppée de bandages qui couvrent ses brûlures et sa grave blessure à la tête tandis que ses mains sont enfermées dans de fins gants blancs. Qui est-elle ? Elle ne le sait pas elle-même. Tous ses souvenirs se sont envolés, ses empreintes digitales ont été effacées et son visage reconstitué par la chirurgie esthétique. Est-elle Michèle Isola dite Mi, une riche héritière qui mène grand train ou bien serait-elle Domenica dite Do, son amie, une jeune fille simple, employée de banque ?

Mystères de l'amnésie qui fait disparaître les souvenirs en même temps que l'identité. A qui faire confiance pour retrouver la mémoire ? Jeanne, une femme mystérieuse, apparemment son ancienne gouvernante, la materne et essaie de lui raconter quelques épisodes de son existence passée ; elle lui dresse un portrait qu'elle ne reconnait hélas pas. Au fil de l'histoire Mi ou Do tente de reconstituer le puzzle de sa vie mais les morceaux ne concordent pas.

L'énigme reste entière. On sait que dans l'incendie de la maison une des deux jeunes filles a péri. Est-ce un tragique accident ? Un meurtre ? Y-a-t-il eu complot et préméditation ? Au fur et à mesure, Sébastien Japrisot sème quelques indices, introduit de nouveaux personnages à double facette, brouille les pistes. Les relations entre les trois femmes sont assez tumultueuses, vénéneuses. On sent l'avidité, la jalousie, la manipulation. Qui doit-on croire ?

Les sept chapitres de ce roman se succèdent de plus en plus rapidement, chacun conjuguant le verbe « assassiner » à la première personne du singulier…, et aiguisant la curiosité du lecteur, qui ne comprendra la vérité que dans les toutes dernières pages. Mais est-ce bien la vérité ? L'auteur joue sur les flous jusqu'au bout !

Voilà donc un polar intéressant et subtil. Ecrit au début des années 60, il n'a pas vraiment pris de rides. Je connaissais Sébastien Japrisot seulement de nom et principalement pour les adaptations cinématographiques réussies de certains de ces romans comme Compartiment tueurs, L'été meurtrier ou encore Un long dimanche de fiançailles. C'est grâce au Challenge solidaire 2023 que je me suis lancée dans la lecture de Piège pour Cendrillon et c'était une excellente idée de proposer cet auteur aujourd'hui disparu.

#Challenge solidaire 2023
#Challenge ABC 2023 / 2024




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Une jeune fille brûlée au visage et aux mains, se réveille amnésique, dans un lit d'hôpital. Au fil de visites de quelques personnes qui prétendent la connaitre, elle tente de reconstituer le puzzle. Elle s'appellerait Mi alias Michèle et avait une amie Dominique - Do - qu'elle hébergeait et qui a été victime de l'incendie qui a détruit la maison qu'elles occupaient. Au fur et à mesure de ses souvenirs imposés par ces quelques visiteurs, elle essaye de se retrouver : est-elle la victime ou l'instigatrice d'un meurtre, est-elle l'héritière de la fortune de sa tante richissime décédée quelques mois auparavant ou l'amie pauvre, le faire-valoir de la jeune et riche héritière ?
Entre amnésie, souvenirs suggérés ou inventés, réflexes automatiques et réactions contradictoires, la pauvre Mi a du mal à faire la part des choses.
En endossant tour à tour les rôles de victimes d'assassin d'enquêteur ou d'assassinée, Mi se cherche et se perd....

Piège pour Cendrillon est une enquête originale menée par une jeune amnésique qui progresse dans ses souvenirs en même temps que le lecteur, à l'aide d'indices distillés savamment pour faire le tri dans les évènements et les informations qu'elles tentent de recouper...
De nouveau du grand Sébastien Japrisot, avec intelligence et une grande finesse psychologique, il arrive à se mettre dans la peau de cette jeune fille avec ses questionnements, affrontant les doutes et les faux-semblants et faisant preuve d'une grande ténacité pour démêler le vrai du faux.
Un thriller intimiste et et une quête personnelle.
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J'ai choisi ce thriller sur les conseils de la librairie @icigrandsboulevards et aussi parce que je n'avais jamais lu de Sébastien Japrisot (honte à moi). Je m'étais contentée des adaptations cinématographiques de « L'Été meurtrier » et de « Un long dimanche de fiançailles ». Curiosité récompensée. Sébastien Japrisot a l'art de tisser une toile narrative dans laquelle le lecteur se fait irrémédiablement piéger. C'est jubilatoire de reconnaître ses erreurs à la découverte d'un dénouement, de se faire surprendre, de s'arrêter dix fois pour se demander où l'auteur vous embarque, ça stimule l'intelligence. Alors on pourra faire la fine bouche. Il y a, dans la machination machiavélique inventée par Japrisot quelque chose d'improbable qu'on ne révélera pas ici. Improbable à moins de flirter avec la folie pure et ce serait trop facile : la folie ne peut être l'alibi de toutes les invraisemblances. On le pardonne volontiers. Japrisot, à la différence de beaucoup d'auteurs de thrillers actuels, soigne son histoire et son ambiance, ils deviennent des personnages à part entière du roman, comme la victime et son meurtrier. Ce thriller aborde aussi le thème de la perte d'identité, du mimétisme et la question du dédoublement de la personnalité. Ça donne envie de voir le film qu'en a tiré André Cayatte en 1965 après avoir revu Les diaboliques (1955) d'Henri Clouzot et Volte-face (1997) de John Woo. Si, après avoir lu « Piège pour Cendrillon », vous vous réveillez un matin en vous demandant si vous êtes réellement Micky, c'est que le roman vous a conquis. Ou que vous êtes fou et si tel est le cas, écrivez, vous aussi, des romans policiers.
Bilan : 🌹🌹
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Avec des chapitres bâtis sur une étonnante conjugaison criminelle (j'aurai assassiné, j'assassinai, j'aurais assassiné, j'assassinerai, etc.), "Piège pour Cendrillon" est un polar intimiste plutôt réussi.

Une jeune fille se réveille amnésique, le visage et les mains brûlés, après un grave accident qui a manqué lui coûter la vie. Prise en charge par Jeanne, sa très zélée gouvernante, elle va peu à peu se réapproprier son corps et ses souvenirs. Mais est-elle vraiment cette Micky que Jeanne lui décrit ?

Si ce roman écrit en 1963 n'a pas pris une ride, c'est grâce au style dépouillé et poétique de Sébastien Japrisot, telles ces fillettes aux diminutifs étranges qui sonnent comme des notes de musique : Mi, Do, La... J'ai suivi avec une curiosité grandissante les circonvolutions de la relation fusionnelle et assassine entre la brillante Mi (Michèle, dite Micky) et l'humble Do (Domenica). le dénouement, avec son clin d'oeil au titre du livre, est subtil comme je les aime.

Fable moderne sur le pouvoir de l'argent et le désir de plaire - à défaut d'être aimé, cette lecture courte et intrigante a quelque chose du talent de Mr Ripley au féminin.
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Le titre m'avait sauté dans l'oeil lors d'un club de lecture, n'arrivant pas à l'oublier que ne fut pas ma surprise quand ma mère m'a dit il y a peu : « Au fait, ton livre, on l'a ». Je lui ai fait faire toutes ses biblis pour me le trouver. Un fois chez moi, tranquillement, je l'ai commencé. Je ne connaissais rien à l'histoire et j'avoue qu'au début j'ai été un peu étonnée, voir décontenancée. Mais le polar est fait pour ça. Et la fin, cette fin… oserais-je… oui, j'ose à la Shutter Island. On est sûre de rien et c'est ça qui est bien.
A mettre dans toutes les mains et à dévorer… absolument
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Elles s'appellent Mi, Do et La, ce sont trois amies inséparables qui ont une marraine nommée Midola. La meurt soudainement. Mi et Do grandissent, deviennent Michèle et Dominique et se perdent de vue, puis se retrouvent, peu avant le décès de marraine Midola qui laisse une grande fortune à ses héritiers. Suite à un tragique incendie dans lequel Dominique a péri, Michèle se réveille dans une chambre d'hôpital, gravement brûlée au visage et aux mains. Elle est devenue amnésique. Peu à peu, avec l'aide de proches, elle va essayer de reconstituer le fil de son existence jusqu'à l'incendie. Qui est-elle vraiment ?

J'ai beaucoup aimé ce livre tortueux et énigmatique. C'est le deuxième livre de Japrisot que je lis après : « La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil ». On retrouve dans ces deux livres un questionnement sur la folie du narrateur.

Le début se présente comme une petite fable, à l'image d'un conte de fées, mais avec une dimension tragique puisque plusieurs décès sont rapportés. Ce premier chapitre intitulé « J'aurai assassiné » est capital. Je l'ai d'ailleurs relu après avoir tourné la dernière page du livre : il fournit des clefs de compréhension de l'histoire. Il ne faut pas se laisser rebuter par son côté mystérieux, la suite permet de lui donner sens.

Les différents chapitres ont des titres très courts et leur construction est très originale : on retrouve le verbe « assassiner » conjugué à la première personne du singulier à différents temps, depuis : « J'aurai assassiné » jusqu'à « J'avais assassiné ». Ces titres nous permettent de comprendre que Japrisot a écrit un policier, bâti autour d'un meurtre.

L'amnésie de la narratrice rend l'histoire encore plus captivante et mystérieuse : elle apprend des éléments de son histoire en écoutant ses proches lui en raconter des bribes. Ainsi, elle peut reconstituer sa vie par morceaux qui ne se suivent pas forcément et offrir ce puzzle complexe au lecteur.

Jusqu'à la fin, le lecteur se pose de multiples questions sur la narratrice. La construction du roman alterne des récits présents écrits à la première personne du singulier, sous forme d'un témoignage offert par la jeune femme amnésique, et des récits passés rapportés par des connaissances de la narratrice. On navigue entre l'amnésie actuelle et le souvenir, ce qui rend la lecture déconcertante, mais en même temps instructive et captivante. On progresse peu à peu vers le dénouement.

Un livre mystérieux, d'une construction déroutante mais passionnant de bout en bout. Une écriture précise et enchanteresse, avec beaucoup de dialogues, mettant en relief la psychologie des personnages.
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