Qui me prend pour un cinglé n'a pas vraiment aimé. Les fous sont ceux qui oublient de l'être par amour.
ah , qu'il est utopique de vouloir aimer sans souffrir , il n'y à pas d'amour sans lutte avec soi même. sans abandon de soi même à l'être aimé
Quand tu sales trop un plat, tu tues les goûts les plus subtils. Lorsque tu écoutes la musique trop fort, tu ne perçois qu'une partie des notes. Les grands amants sont des mélomanes de l'amour, des gourmets du sentiment, pas des consommateurs de piments rouges.
M. de Chantebise n'avait qu'un talent, celui de dissimuler qu'il était sot.
La passion à perpétuité, c'est une idée d'adolescent. La passion n'a pas grand chose à voir avec l'amour.
Fanfan n'était pas de ces femmes tout en creux qui désespèrent la main. Elle possédait des modelés pleins et ronds, sans qu'on pût l'accuser de s'être laissé envahir par l'embonpoint. (...) Elle était le charme poussé à son comble mais sans l'assurance teinté de suffisance qui va souvent avec la beauté lorsqu'elle est surprenante.
Ce matin là, je tombai amoureux de ses défauts.
Je voulais désespérément croire en l'éternité des mouvements du cœur, au triomphe de l'amour sur les atteintes du temps.
"Mon père se moquait de mon goût pour les sentiments indéfectibles et me rappelait souvent, avec des regards par lesquels il me narguait, que j'étais son fils et que je n'échapperais pas aux gènes qu'il m'avait légués. Ma mère était moins franche ; mais ses remarques ne manquaient pas d'éloquence. Il lui arivait de temps à autre de s'adresser à Laure en faisant précéder la phrase principale de subordonnées telles que « Si Alexandre te quitte » ou « Si un jour tu trompes Alexandre », ne mettant le « Si » que pour ne pas me heurter et en l'articulant avec une nuance qui lui ôtait tout sens conditionnel. En dépit de sa bonne volonté, elle ne concevait pas qu'une passion pût se soutenir tout au long d'une existence.
Moi si."
"Je voulais désespérément croire en l'éternité des mouvements du coeur, au triomphe de l'amour sur les atteintes du temps. Il y avait en moi un jeune homme romantique qui aurait souhaité n'éprouver que des sentiments inusables, un jeune homme qui vomissait les moeurs de ses parents.
Voilà pourquoi à dix-neuf ans, je m'étais juré de ne jamais regarder qu'une seule femme. Laure avait su me séduire à ce moment-là. Ce serait donc elle mon épouse, jusqu'à ce que mort s'ensuive ; et au diable mes instincts.
Fanfan savait simplifier la vie. Elle était affranchie des préoccupations qui brident la plupart des êtres humains. La liberté qu'elle s'octroyait à chaque instant me fascinait. (...)
A l'écouter, l'Everest semblait un talus, les noeuds paraissaient destinés à être dénoués et l'argent n'était un problème que pour ceux à qui elle en devait. Fanfan n'avait pas peur de ses peurs. Sa liberté intérieure me fascinait et m'affolait. Devant elle, j'éprouvais l'envie de me délester moi aussi de mes craintes et de vivre enfin à plein régime. Mais cette aspiration m'inquiétait. Pourtant, Fanfan avait raison. Il faut oublier le conditionnel, aimait-elle répéter.
Elle était curieuse et gourmande de tout, avide de s'utiliser, dévorée par une impérieuse nécessité de réinventer le septième art. La vitalité jaillissait des pores de sa peau.
Ce matin-là, je tombai amoureux de ses défauts. Elle était menteuse mais ne mentait que pour embellir la réalité. Elle avait l'insolence qui fait rire. A la fois culottée, orgueilleuse et férocement jalouse de ceux qui réussissaient plus vite qu'elle, Fanfan échappait à tout ridicule en ne dissimulant aucun de ses travers. Voleuse, elle ne dérobait de l'argent ou du matériel que pour pratiquer son art. Fanfan était de ces êtres qui ne pèchent que gaiement et dont les mauvais penchants ont une grâce particulière. Libre par nature, elle osait être elle-même avec désinvolture."
Nous eûmes beaucoup d'enfants, je devins écrivain et, contre toute attente, nous fûmes très heureux.