Enfin une bande dessinée récente sur la Guerre de Troie aurait-on le droit (et l'impérieuse nécessité) de dire !
Au premier abord déjà, la couverture de John MacCambridge fait rêver, il faut l'avouer ! On repense à Brad Pitt en Achille dans le film "Troie", on repense au film et au comic "300" (Haouh !!), bref il y a carrément du potentiel derrière tout cela !
Ce premier tome s'intitule "Le Peuple de la Mer" (titre déjà utilisé pour un roman du même auteur sur l'Anatolie de la même époque d'ailleurs !) et s'attache à détailler les prémices de la très fameuse guerre de Troie.
Le scénario que nous propose
Nicolas Jarry est très dense, trop pour certains sûrement, mais son grand intérêt est de voir la guerre de Troie à la fois dans un contexte mythologique très ouvert et dans un contexte géopolitique étendu à toute la Méditerranée orientale : le premier correspond parfaitement aux croyances polythéistes qui se fondent sur l'habitude des dieux à interférer dans la vie des mortels ; le second est, au fond, parfaitement logique également, car comment imaginer une guerre de cette ampleur sans causes et conséquences à l'échelle "internationale" de l'époque ?
La difficulté de ce genre de bande dessinée est alors de jongler habilement entre mythologie et historicité. Je pense que pour ce premier tome, c'est un petit peu là que ça pêche. D'un côté, il faut bien connaître la mythologie pour ne pas buter face à la profusion de personnages (mortels et immortels), mais d'un autre côté, connaître pas mal de choses sur le sujet permet de dire que l'historicité est de temps en temps douteuse, notamment sur la famille d'Hélène, même si le bon nombre de faits véritables réutilisés ici font beaucoup pour accepter ce récit complexe.
Les graphismes d'Erion Campanella Ardisha peuvent surprendre de temps en temps, mais notons sur ce point deux aspects importants : les premières pages offrent des aspects graphiques qui collent parfaitement à la culture grecque ancienne (géométrie carrée, dessin "épique", dommage que cela ne soit pas poussé plus loin dans ce tome) et, par la suite, les paysages sont plutôt bien sublimés par leur "mise en lumière", on peut constater une grande variation des couleurs de fond à cause de la variation des éclairages (simple torche, lanternes, soleil couchant, soleil levant, etc.). Saluons alors le travail ici de Vyacheslav Panarin (Nirvana et Assassin entre autres aussi chez Soleil).
Enfin, l'ambiance se veut sûrement novatrice quand le scénario se permet de nous montrer des Centaures, d'aborder les Erinyes et de nous cultiver sur l'empire hittite, alors au faîte de sa puissance. La carte introductrice et le glossaire conclusif ne font que confirmer cela avec plaisir.
Somme toute, un tome riche, attirant, épique donc (amour, guerre et bravoure font toujours des cocktails magiques...), qui nous offre une introduction très intéressante à la série Troie. La sortie du tome suivant sera à suivre attentivement.