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Enfin je daigne faire une incursion dans le Vieux Royaume de Jean-Philippe Jaworski. Juste un petit goût sur la langue avec ce recueil contenant les deux nouvelles oubliées dans l'édition de poche de Janua Vera.
Eh bien c'est très enthousiasmant.

Les deux nouvelles suffisent à se faire une idée du décor : de la fantasy s'inspirant d'un moyen-âge finissant et d'une Renaissance italienne naissante, mâtinée d'une atmosphère lointaine où règnent des peuples anciens et que le pékin moyen peut considérer comme magiques. On peut construire tout et n'importe quoi avec ça. Ici, je décèle un artiste à l'oeuvre.

Montefellóne nous montre une version fantasy d'un siège, qui aurait presque pu correspondre à un affrontement italien au tournant du 14ème au 15ème siècle. On y trouve des régiments de piquiers et des gonfaloniers, mais pas de mousquet, de pistolet à rouet ou de couleuvrine. C'est pourtant Alésia qui m'est venu à l'esprit en voyant le déroulement des événements, à l'exception de l'échafaudage d'une fortification extérieure par l'assiégeant. L'affrontement est terriblement épique. le sentiment d'honneur lutte avec l'émotion outragée par la traitrise, la frustration d'affronter son ami de toujours. Très puissant. La conclusion génère chez le lecteur un profond sentiment d'injustice et une envie folle de découper en morceaux le Joffrey au petit pied qui prétend régner.

Mais ce n'est rien comparé à la force de Comment Blandin fut perdu. On plonge ici dans le monde de l'art avec les maîtres de la fresque. L'atmosphère de cette nouvelle m'a profondément évoqué le roman de Sophie Chauveau La Passion Lippi. le héros déchiré, Blandin, est une merveille de personnage dans lequel le talent de peintre le dispute à l'obsession d'un amour idéalisé. On ne peut que rêver de voir réalisées en vrai les fresques décrites. La nouvelle nous offre aussi un aperçu des anciens peuples, de leur magie, de leur mépris de l'humain. La fin est extrêmement ouverte et permet bien des conjectures.

J'ai sondé du pied le Vieux Royaume et ça m'a plu. Si le recueil complet Janua Vera est du même acabit, et si Gagner la Guerre est encore mieux, il faut vraiment que j'arrête de tergiverser et que je plonge tout habillé.
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Depuis le succès de son premier roman « Gagner la guerre », Jean-Philippe Jaworski a continué de multiplier les incursions dans l'univers du Vieux Royaume. En mai dernier, un nouveau recueil intitulé « Le sentiment du fer » proposait justement de regrouper ces textes éparpillés dans diverses anthologies et nous permettait de retrouver des visages et des lieux bien connus, à l'image de la République de Ciudalia ou du Royaume de Léomance. Manquait tout de même à l'appel « Montefellone », nouvelle initialement publiée dans « Rois et capitaines » et consacré à un conflit impliquant justement l'orgueilleuse cité portuaire, alors désireuse de quitter le giron royal. Il aura fallu attendre quelques mois de plus pour que le texte ressorte à l'initiative de Gallimard qui nous le propose assorti d'une autre nouvelle pour la modique somme de deux euros. Nous voici donc replongés dans la guerre civile opposant Ciudalia à Léomance qui en arrive ici à un tournant décisif. le lieu de l'affrontement ? La bourgade de Montefellone, d'ordinaire insignifiante mais désormais d'une importance stratégique considérable pour l'un comme pour l'autre camp. A travers les yeux de l'honorable et infortuné Isembard d'Arches, Jaworski nous dévoile la guerre dans toute son absurdité tout en mettant en lumière la prévisible mais néanmoins cruelle ingratitude des puissants (ce n'est pas pour rien que l'auteur cite La Bruyère en exergue de sa nouvelle...)

Et pourtant, malgré son inutilité, malgré les dégâts considérables qu'elle engendre invariablement des deux côtés, elle ne manque pas de beaux moments, cette guerre. Des moments certes rares et brefs mais tellement intenses car portés par un souffle épique si puissant qu'ils ne peuvent que bouleverser le lecteur. Et ce n'est pas la seconde nouvelle qui va nous aider à nous remettre de nos émotions. « Comment Blandin fut perdu » se déroule pourtant dans un cadre relativement plus calme puisqu'il y est question d'un peintre itinérant et de sa rencontre avec un apprenti peu ordinaire. Un génie, incontestablement, mais un génie obsédé par le visage d'une femme qu'il ne peut s'empêcher de peindre encore et encore sur chacune de ses fresques. Cette seconde nouvelle se révèle sans surprise elle aussi une véritable réussite, Jaworski possédant manifestement autant de talent pour la narration du déroulement d'une bataille que pour celle de l'évolution d'une fresque. Les nombreux détails concernant les spécificités de la peinture « a fresco » sont notamment passionnants et témoignent encore une fois de l'influence de la Renaissance italienne sur certaines régions de l'univers de l'auteur. La chute est de plus remarquablement bien amenée et nous invite à nous replonger à nouveau dans le texte afin de relever d'éventuels indices qui nous auraient échappé à la première lecture.

Avec « Montefellone » et « Comment Blandin fut perdu » Jean-Philippe Jaworski nous prouve une nouvelle fois qu'il dispose d'un talent exceptionnel et que son univers du Vieux Royaume est encore bien plus riche et plus enchanteur que ce qu'on pouvait imaginer. Voilà un petit ouvrage qu'il faut absolument avoir dans sa bibliothèque !
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Cette lecture est une belle rencontre avec un écrivain. L'auteur m'était inconnu, et j'ai choisi le livre parce que j'apprécie cette collection et aussi car j'ai été attirée par la couverture. L'univers de fantasy, je ne connaissais pas. Avec ce recueil de deux récits issus des "Récits du Vieux Royaume", la pioche est bonne, excellente même. le livre est bien écrit, j'ai noté la grande richesse de vocabulaire. Les histoires sont captivantes, elles nous entraînent au Moyen-Age dans des pays imaginaires qui parfois sont proches de l'Italie, à d'autres moments de l'Allemagne ou de la Scandinavie. J'ai vraiment adoré cette lecture qui fait travailler l'imaginaire. Excellent. J'ai envie de découvrir d'autres livres de cet écrivain.
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Jaworski a vraiment un style et un talent inimitable. Personne d'autre n'écrit comme il écrit.

Avec des "mots d'époque", un vocabulaire d'une richesse inouïe (avec le pendant que forcément parfois, on se doute du sens, et parfois pas du tout, il faut chercher), un sens de la description quasi-parfait.

La bataille de Montefellone est splendide. Cruelle, stupide, vaine, comme toutes les guerres. Vue du point de vue d'Isembard d'Arches, on marche à ses côtés, on suit ses pensées, et il est tellement humain. Un grand moment.

Pour "Comment Blandin fut perdu", c'est un tout autre ton, plus poétique, sur un tout autre art, la peinture et le dessin (qui me touche de près, donc), mais tout aussi profond.
La passion absolue et totale de Blandin pour un visage, et une jeune fille idéalisée, comme seuls les adolescents (mais surtout les adolescentes, ce me semble) en sont capables.
J'avoue, une fois de plus, j'ai pas trop compris la fin. ça me le fait, avec les nouvelles de Jaworski, parfois il y a des trucs qui m'échappent.


Mais j'ai tellement apprécié le voyage que je m'en fiche. C'était un excellent moment de lecture, quoi que trop court !
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Vous connaissez mon enthousiasme dès qu'il faut lire une oeuvre de ce grand maître de la Fantasy française qu'est Jean-Philippe Jaworski. Après Gagner la guerre et Rois du monde, pour le premier tome, je m'attaque à ses nouvelles. Je compte d'ailleurs lire Janua Vera et le sentiment de fer bientôt mais pour l'heure, je débute par ce recueil de deux nouvelles qui appartient également aux Récits du Vieux Royaume.

La première nouvelle d'une cinquantaine de pages conte le siège de la ville de Montefellone, par le Duc Isembard d'Arches fidèle au Royaume de Leomance. La cité est sous obédience de la République de Ciudalia et quiconque parviendra à la prendre aura une mainmise hautement stratégique sur le territoire.
Très honnêtement, j'ai peu goûté cette nouvelle à cause de la prédominance d'un vocabulaire militaire trop spécifique que je maîtrisais mal. Je vais vous donner un exemple :

Une immense clameur fait écho au fracas du rempart écroulé. Dans le camp des assiégeants, les chevaux piaffent et s'ébrouent avec frayeur ; la cohue des francs archers et des soudoyées, des engingneurs et des coutiliers, des massiers et des écuyers, des chevaliers et des barons brandit des pennons déchirés, des boucliers bosselés et des armes épintées. (P. 12)
J'avoue que cela a un peu nuit à ma lecture et à me faire rentrer dans l'histoire. On est d'accord, j'adore ce genre d'auteurs qui portent leur lecteur vers le haut en leur proposant un style d'écriture complexe et élaboré. Mais, pour ma part, j'ai eu un peu de mal à distinguer les différents corps d'armée ainsi que les éléments de leur équipement (armes et armures). Passé cela, c'est toujours un régal de lire le style Jaworski avec ce background sous jacent toujours aussi bien échafaudé et la chute, bien entendu magistrale!

En revanche, j'ai eu un petit coup de coeur pour la seconde nouvelle éponyme Comment Blandin fut perdu de soixante dix pages. Albinello est un peintre itinérant spécialisé dans les fresques. Un jour, alors qu'il travaille pour le monastère de Havreval, la Mystagogue Theodrade lui propose de prendre comme apprenti, Blandin, un jeune homme talentueux en enluminure. Fasciné par son don, Albinello le prend alors à son service et l'emmène avec lui sur d'autres chantiers. Au fur et à mesure de leur collaboration, le peintre tente de percer à jour son apprenti mystérieux et de savoir qui est cette fameuse Alma dont Blandin semble si obsédé.

Passionnée par la période de la Renaissance Italienne et par l'Art représentatif de cette époque, j'ai été comblée par cette nouvelle qui s'en inspire tant. On sent que l'auteur s'est beaucoup documenté allant jusqu'à décrire les méthodes de travail de ces artistes. Ce que j'aime par dessus tout chez Jaworski, c'est qu'il arrive à prendre des éléments pré-existants de notre Histoire et à les distiller avec finesse dans son univers. Pour ma part, cette nouvelle a été passionnante à suivre et la chute, sujette à multiples interprétations, est également bien trouvée. Quel grand art!
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Challenge ABC 2018-2019
15/26

Des guerres, de la magie, des histoires dans l'histoire... C'est la trame de la plupart des romans de Jaworski. Et comme dans tous les Jaworski, même les plus courts visiblement, le lecteur est transporté, est emporté par l'écriture, les personnages et l'intrigue.
Je suis toujours surprise en lisant un des romans de cet auteur : la narration est toujours riche, les personnages incarnés, des premiers aux seconds rôles, les motifs obsédants, la nature omniprésente, les récits complexes, enchâssés et toujours maîtrisés (lisez Chasse Royale). Ce sont d'ailleurs ces derniers qui me semblent particulièrement soignés : ils semblent insignifiants, et finalement, ils sont la clé de voûte de l'ensemble. Voyez Blandin : un moinillon obsédé par le visage d'une femme, qui fini par disparaître (littéralement) dans le nature, retrouvé par le biais de ses peintures, puis reperdu. Franchement, un personnage presque fantôme... Et pourtant, il devient l'obsession du narrateur.
Jaworski fait des prouesses littéraires quelque soit le format de son écriture. Un des plus grands noms de la littérature de l'imaginaire francophone actuelle.
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Quelle belle découverte !

Ce qui m'a immédiatement marquée dans ces deux nouvelles, c'est l'écriture de l'auteur : un langage délicieux fait de modernité, de mots anciens, d'un langage parfois châtié parfois familier, toujours d'une gouaille truculente et d'un vocabulaire impressionnant. Le tout formant des phrases qui sont un vrai plaisir à lire, pour la musicalité qui s'en dégage.

Les deux nouvelles, bien que tout à fait différentes, ont comme point commun le genre auquel elles appartiennent (la fantasy).
La 1ère nouvelle, Montefellone (avec un accent sur l'o que mon clavier a catégoriquement refusé de reproduire), a pour trame essentielle le siège de cette bourgade révolutionnaire. La guerre a la place centrale dans ce récit (tactique de guerre, combats, accointances entre seigneurs...) et ça a été une vraie nouveauté pour moi. J'ai adoré !
La 2ème nouvelle narre l'histoire de Blandin, un apprenti peintre que sa passion pour la belle Alma dévore jusqu'à la folie.

Les deux nouvelles sont excellentes et, si l'intrigue est toujours passionnante, si les personnages et les lieux sont toujours dépeints avec intelligence et profondeur, c'est tout de même sans conteste l'écriture de Jean-Philippe Jaworski qui touchera le plus intensément le lecteur.

Challenge Multi défis 2016
Challenge ABC 2015-2016
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Petit recueil contenant deux nouvelles : "Comment Blandin fut perdu" et "Montefellone"

A la base il s'agit de deux nouvelles que l'on peut retrouver dans le version définitive de Janua Vera aux éditions moutons électriques (version 3.0, la première version contenant seulement 7 nouvelles et la seconde 8 nouvelles).
Dans la version poche (aux éditions Folios) que je possède, on retrouve les 8 nouvelles de la version 2.0, de ce fait l'acquisition de ce petit recueil prenait tout son sens .
Pour conclure l'intégralité de Janua Vera n'est disponible que dans l'intégrale Folio sur les récits du vieux Royaume et l'édition définitive de Janua Vera chez les moutons.
La très belle nouvelle version poche chez Folio ne contient toujours que 8 nouvelles.

Les deux nouvelles que l'on retrouve sont excellentes et plus particulièrement celle relatant le siège de Montefellone par les armées du royaume de Léomance. Ces événements se situent au début de la guerre qui oppose les cités insurrectionnistes républicaine, au pouvoir royale. le récit est mené selon le point de vu des armées ducale contre les forces jumelées de Montefellone et Ciudalia.
Comment Blandin fut perdu est une nouvelle un peu plus sophistiquée où l'auteur livre un conte d'une rare subtilité dans ce qui s'apparente à un road movie fantasy chargé d'émotion.
C'est aussi l'occasion pour Jaworski de développer le background merveilleux de son univers tout en se rapprochant pour ce coup ci d'un Tolkien pour la forme.
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Que dire de plus à propos de ces deux nouvelles : la première est épique et amère, la seconde mystérieuse et profonde. La richesse du style de Jaworski s'acclimate à l'une comme à l'autre qu'il s'agisse du fracas d'une bataille ou du mystère d'une forêt enchantée.
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Dans le même univers que "Janua vera" et "Gagner la guerre", voici deux beaux récits de Jean-Philippe Jaworski : une histoire de guerre où politique cynique, stratégie et valeurs féodales se rencontrent autour du siège d'une ville, dans une époque qui rappellerait les guerres italiennes du XV° ou du XVI°s. Une autre a pour héros un jeune artiste obsédé par une figure féminine, qui le conduit du scriptorium d'un monastère médiéval à une forêt sauvage où vivent les légendes. Dans les deux cas, comme on l'a déjà signalé à propos d'autres livres de l'auteur, la langue est très belle, charnue, odorante, pleine d'images, l'équivalent stylistique français de l'anglais du "Seigneur des Anneaux".
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