Citations sur Rois du monde, tome 3 : Chasse royale II, Les grands .. (39)
Je suis en train d’apprendre le détachement.
Or cette aptitude là n’est pas une qualité de guerrier. Chez l’esclave, c’est la condition de la survie. Mais chez l’homme libre, c’est la vertu du sage ou celle du roi.
Il attirait les ennuis comme le miel attire les ours.
J'aurai à répondre de ma trahison la plus profonde : comment j'ai préféré l'affection de Sumarios à la mémoire du père.
Tu es un grand guerrier et un grand ignorant, Bellovèse: comme tu manques de lucidité, tu crois qu'on te trompe. Tu reproches à autrui de t'avoir caché ce que tu n'as pas su comprendre par toi-même. Mais il est temps de t'ouvrir les yeux. Viens t'asseoir, apprends ce que tu aurais dû reconnaître, et délibérons sur ton sort.
J'ai trop l'habitude de la guerre : dès qu'un raid rassemble plusieurs héros, à plus forte raison plusieurs nobles de peuples différents, cela cafouille à coup sûr. Aucun plan ne fonctionne : il y toujours un imbécile qui a compris de travers, un réfractaire qui n'aime pas qu'on lui donne des ordres, un frondeur qui veut jouer au plus fin. Le plus important, pour un bon chef de guerre, ce n'est pas de tramer des stratagèmes ; c'est de savoir les oublier et de faire avec le désordre comme il vient.
Voler des bêtes, les offrir en sacrifice ou les abattre pour un festin : autant de pratiques coutumières et honorables. Mais les tuer pour rien, en souiller l'eau d'une rivière, gâcher toute cette richesse sans même la consacrer aux dieux, voilà qui tient du scandale. C'est pire que de la cruauté : cela relève d'une forme de folie qui voisine avec l'impiété. Pour nous les Celtes, le massacre gratuit d'un troupeau est plus effrayant que les trophées humains cloués aux portes des forteresses ou dans l'enceinte des nemetons.
Cueillir les fleurs au bord du chemin, ce n'est pas bien grave. Tu dois en savoir quelque chose, Bellovèse : vous autres, jeunes guerriers, vous faites souvent battre le cœur des filles. Quant aux bardes, ils s'y entendent pour le faire vibrer. Après tout, pour donner du brillant à l'air de la joie, il faut avoir savouré la bouffée du désir qui t'enveloppe quand tu dénoues la ceinture de la belle ; pour rendre poignant l'air de la tristesse, il faut y exprimer l'amertume qui t'accompagne quand tu reprends la route en abandonnant ta conquête... Mais un véritable chanteur ne doit pas s'égarer. Sa réelle maîtresse demeurera toujours sa lyre, et sa vraie passion la poésie. Les amours que lui prodiguent les hasards du chemin doivent raffiner son art, non se substituer à lui.
Invoquer un charme néfaste afin de se venger et non pour servir une cause juste, voilà une perversion qui voisine dangereusement avec la sorcellerie.
On n'est pas seulement un héros les armes à la main. Pour forger une bonne lame, il faut la fondre et puis il faut la tremper. Cela la rend deux fois plus solide, parce que cela ajoute la souplesse à la dureté. Après le feu il me faut donc raconter l'eau. Ma captivité a été une trempe. J'aurais pu m'y noyer ; j'en suis sorti, non pas plus fort, mais plus complet. Je suis resté un homme, dans la défaite comme dans la victoire. J'ai su faire ce que mon père avait refusé d'accomplir.
Dans un certain sens, je finis pas l'admettre, c'est l'esclave qui a fait le roi.
- "Sais-tu pourquoi la plupart des guerriers sont violents ?
- Parce que ce sont des guerriers."
Malgré l'obscurité, je peux presque sentir le dédain dans son sourire.
"C'est surtout parce qu'ils n'ont pas les mots, me reprend-elle. Faute de parler clair, ils se trompent, ils s'offusquent, ils règlent par les armes les malentendus qu'ils ne sont pas capables de débrouiller par la parole. Tu es un grand guerrier et un grand ignorant, Bellovèse : comme tu manques de lucidité, tu crois qu'on te trompe. Tu reproches à autrui de t'avoir caché ce que tu n'as pas su comprendre par toi-même.