AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,6

sur 29 notes
5
4 avis
4
7 avis
3
4 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un énorme coup de coeur pour ce roman qui m'a habitée, qui m'a hantée.
Je découvre l'univers, aérien et mystérieux de cette auteure qui nous embarque dans une histoire originale et intrigante, nous plonge dans l'Amsterdam du XVII ème siècle puis nous balade en Allemagne de Hanovre à Berlin puis à Paris.

La femme-écrevisse; une gravure qui depuis 4 siècles change de ville, de propriétaire, de salon. Elle est adulée, adorée, jalousée. Repoussante par sa tête de monstre, intrigante par son corps de femme nue.
La créature vit, elle avance à reculon, se terre dans son trou et observe. Elle magnétise son créateur, le plus grand peintre de l'âge d'or d'Amsterdam '' Rembrandt'' mais aussi des générations d'une grande famille bourgeoise ''les von Hauser''. D'abord, Margot veuve depuis peu, au service du plus grand peintre de l'époque. Elle s'occupe de son fils Titus, s'occupe de lui au lit, l'observe dans son atelier, contemple ses eaux-fortes, ses fusains mais est surtout absorbée par cette gravure troublante, happée par son appel, elle finit au ''Gouda'' enfermée où elle meurt.
Puis, au XXI ème siècle, Grégoire va la contempler à la salle 33 du musée du Louvre, elle l'obsède, s'incruste en lui comme elle l'a fait le siècle d'avant avec son grand père ''Ferdinand'' qui l'a vu la première fois dans le bureau de son père à Saint pétersbourg.
Une histoire écrite au fusain, en relief, parfois lumineuse, d'autre brumeuse, une ambiance vaporeuse y règne, où l'esprit se disperse, où une fêlure finit par briser les âmes.
Se cacher, s'effacer de la vue de cette femme écrevisse, se soustraire aux bruits de ses pinces, à ses murmures incessants. Fuir cette sensibilité, cette folie héritée, ce mal qui persiste depuis longtemps, qui tient tête, exactement comme cette écrevisse marbrée parthénogénétique, qui n'en finit pas de donner, de se multiplier, qui s'ancre au sol, y fait ses racines. S'accepter à défaut de se libérer devient primordial.

J'ai adoré cette lecture, cette écriture concise et fouillée emprunte d'un voile mystérieux enveloppant les différents personnages.
Séduite aussi par ce style et les innombrables références à l'art, au cinema muet allemand, à la mythologie grecque.

Une lecture indispensable de cette rentrée littéraire. Foncez les yeux fermés. La femme écrevisse ne vous laissera pas indifférent.

Lu dans le cadre des explorateurs de la rentrée 2020 de lecteurs.com
Commenter  J’apprécie          90
Quel livre !!! On passe de Rembrandt à l'Allemagne de Weimar puis celle du nazisme en finissant par l'époque actuelle, le tout sans temps morts comme emportés par le souffle de l'histoire ou plutôt des histoires : la grande et celle au départ de la modeste famille von Hauser qui changera de nom après la seconde guerre mondiale comme pour conjurer le sort ou effacer la honte.
Sur une base réelle et extrêmement bien documentée, l'auteur (dont j'avais déjà apprécié "Mourir est un art comme tout le reste" consacré à Sylvia Plath, poétesse méconnue des non anglophones au destin tourmenté et tragique et "l'audience") nous embarque dans un voyage fantastique. Celui-ci débute avec la rencontre et la liaison amoureuse de Rembrandt avec Margot von Hauser, la nourrice de son fils, Titus, que rembrandt fera effectivement interner dans un asile-prison d'Edam à cette mystérieuse gravure d'une femme-écrevisse, censée de nos jours se trouver dans la salle 33 du Louvre.
Curieuse de nature, j'ai d'ailleurs passé mon temps soit dans d'autres livres soit sur internet afin de tirer les fils multiples de ce roman surprenant.
Il y a surtout cette maladie inconnue au début qui semble envahir Margot et émaner de la femme-écrevisse, maladie qui s'affirmera comme étant la schizophrénie (l'esprit séparé en deux) dont un grand nombre de descendant de la nourrice à travers le temps, seront porteurs et victimes. Tous composent des personnages très attachants, prisonniers de ce délire qu'on arrive à mieux soigner maintenant. le nom de famille Hauser m'a aussi relancé sur la trace de l'enfant Kaspar Hauser,l'adolescent surgi des bois en mai 1828 à Nuremberg, dont les origines n'ont jamais été éclaircies et dont la mort même, est une énigme : meurtre ou suicide ?
La femme écrevisse, symbole d'un être hybride, divisé en deux, dont une espèce particulière l'écrevisse marbrée se clone pour accoucher d'un double (parthénogénèse), comme une image de la schizophrénie où l'esprit perd le contact avec la réalité pour vivre dans une autre dimension.
Un livre magnifique qu'on ne peut que dévorer ! Merci à NetGalley de m'avoir permis de lire ce livre.
Lien : https://www.netgalley.fr/mem..
Commenter  J’apprécie          50
La femme-écrevisse est le titre d'une gravure réalisée à Amsterdam en 1642 par un artiste célèbre. Elle représente un corps hybride - celui d'une femme à tête de crustacé. Entrée au service de Rembrandt, Margot von Hauser entre aussi dans son lit et développe une obsession pour cette image qui va la pousser à se dévoiler à elle-même. Lorsque le maître l'initie à l'art de la gravure, il est loin de penser qu'il offre à Margot le marchepied de son émancipation dans une cité où tout l'art, le commerce et le port sont aux mains des hommes. de l'âme pionnière de Margot, il reste des filaments qui, au XXe siècle, composent la personnalité de Ferdinand van Hausser, vedette du cinéma dans le Berlin des années 20. Un homme à succès dont le destin est guidé, depuis l'enfance, par cette femme-écrevisse qui a rendu libre son aïeule. le système de capillarité affective qui traverse l'arbre généalogique des von Hausser touche et rend gracieux Grégoire, petit-fils de Ferdinand dont on fait la connaissance en 1999 et qui, le premier, tente de briser la chaîne de l'envoûtement de la susdite femme-écrevisse. Dans une langue limpide où jamais il n'est question d'effort, Oriane Jeancourt Galignani réussit un livre d'atmosphère (la première partie à Amsterdam au temps de Rembrandt est aussi admirable qu'un tableau d'époque) et propose un roman sur la puissance de l'art.
Commenter  J’apprécie          30
Un tableau semble envoûter divers membres d'une famille à travers les siècles.
Un roman envoûtant de par ses thématiques mais aussi grâce à l'écriture ciselée, belle et touchante. L'enchantement de la création artistique,
de la pièce qui vous fait rêver, vous emmène dans un autre monde, qui, parfois hélas, peut détruire (ou transformer) votre vie, vous faire sombrer, voire renaître.
Les narrateurs changent mais les thèmes se font écho dans des histoires qui s'éclairent, aux répétitions entêtantes, parlantes, telles la folie, l'amour destructeur ou potentiellement rédempteur dans certains cas, l'Art sous toutes ses formes, la création, la folie et la démesure des hommes (le nazisme en particulier) et le poids de notre héritage, des familles dysfonctionnelles, le monstre qui sommeille en nous.
Un livre sur les mystères de la prédestination, sur la peinture comme un sortilège, voire un maléfice (je songe en particulier au portrait de Dorian Gray).
Un texte fort, humain, qui m'a ébranlée et invite à tout remettre en question, y compris quand il s'agit d'hommes aussi célèbres et célébrés que Rembrandt. Ce roman fait appel à la mythologie, la littérature et tant d'autres références culturelles sous forme kaléidoscopique.
Un roman à la hauteur de son titre, délicat et intrigant.
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (82) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3679 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}