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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
J'errais sur NetGalley à la recherche d'un titre de la rentrée littéraire dont je n'aurais pas encore entendu parler (je n'avais pas envie de lire et de chroniquer le même livre que tout le monde, pardon pour cette coquetterie), et j'ai choisi La femme écrevisse parce que son titre m'a interpellée, puis la 4ème de couv m'a enthousiasmée et décidée.

C'est un livre qui offre plusieurs facettes.

La première, c'est celle de la 4ème de couverture. Elle n'est pas là par hasard : son fil est aussi repris par l'auteure elle-même dans une vidéo diffusée par sa maison d'édition. Ce fil a l'air fait pour moi : celui d'une étrange gravure de Rembrandt qui se transmet dans une famille depuis le 17ème siècle et incarne (déclenche ?) la folie de ses membres à chaque génération, dont trois sont évoquées, au 17ème siècle d'abord, puis en 1920 et enfin en 1999. Quel superbe fil conducteur ! D'autant plus que me suis jetée sur google pour voir la gravure… qui semble ne pas exister. La première rage passée, j'ai évidemment compris que c'était la moindre des choses et je n'ai pas cherché davantage à vérifier si je me trompais : à chacun d'imaginer sa femme écrevisse, qui est décrite assez en détail dans le livre pour la voir clairement dans son esprit, mais assez peu pour laisser la place à ses propres zones d'ombre.

Mais curieusement, le fil conducteur n'est clair et chronologique que dans sa 4ème de couverture : le livre ne présente pas les choses dans cet ordre et il désarçonne le lecteur, qui voit surgir des personnages sans savoir encore qui ils sont (à moins d'avoir appris par coeur la 4ème de couv, ce qui n'était pas mon cas). Certes, ce choix pourrait ne pas désorienter, mais il est accentué par l'écriture, qui m'a gênée. Je pourrais la qualifier de poétique, et de fait, elle est souvent très belle. Mais elle empêche souvent de se faire des repères dans l'histoire : non pas que les repères n'existent pas, puisque l'histoire est très construite ; mais on ne sait jamais quand on va les avoir, et ils peuvent arriver tard, après de longs passages où on ne sait pas exactement ce qu'on lit… du moins moi, je ne le savais pas. Pour autant, je me rends bien compte en écrivant cette phrase que je révèle tout autant mon propre besoin de structure et de rigidité qu'un quelconque manque du côté de l'auteure… Alors voilà, cette chronique commencée en forme de chronique menace de se finir sur la pente glissante de l'introspection : je vais donc m'empresser d'arrêter là !

Sans doute un livre pour amateurs de poésie, pour celles et ceux qui n'ont pas peur de lâcher prise et qui acceptent de s'avancer dans des profondeurs humaines inquiétantes au rythme de vagues qui permettent, tout au long du livre, de respirer, mais uniquement aux moments choisis par l'auteure. Pas un livre à mettre dans toutes les mains… mais dans les vôtres, peut-être ?
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Sentiment mitigé. Ce livre fait partie de ceux, nombreux, qui placent un tableau (ici une gravure) au centre de l'histoire (on songe au Tableau du maître flamand, La jeune fille à la perle, le portrait - Nikolaï Gogol - et même le portrait de Dorian Gray, parmi bien d'autgres) pour lui faire jouer un rôle ici maléfique, comme c'est assez souvent le cas des bouquins usant de cet artifice.
Contrairement à beaucoup je n'ai guère aimé la première partie du livre centrée sur Rembrandt et Margot von Hauser. On comprend bien que l'auteure a voulu adopter un style qui correspond à l'oeuvre mais, justement, j'ai trouvé ce style peu adapté à l'oeuvre et à ce que devait être la société néerlandaise de l'époque et, de manière générale, j'ai trouvé ce style ampoulé et pompeux, flirtant parfois avec les limites du ridicule.
J'ai failli abandonner au premier quart pour décider finalement de continuer la lecture après avoir lu quelques critiques sur Babelio. Les deux autres parties, centrées sur les histoires plus contemporaines de Grégoire et son grand-père Ferdinand von Hauser, lointains descendants de Margot (on ne nous révèle pas comment la pauvre servante hollandaise a pu devenir l'ancêtre d'une illustre famille d'aristocrates allemands mais passons...). le style m'y a semblé plus supportable et le récit un peu plus structuré, même s'il est toujours question de folie induite par la contemplation de cette femme-écrevisse. Grégoire égaré dans les rues de Londres des années 90 et Ferdinand tout aussi égaré dans les studios de Babelsberg (Berlin) dans les années 20-30 avec la montée du nazisme en arrière-plan m'ont semblé plus attachants (même si guère sympathiques, surtout Ferdinand) et plus clairement porteurs d'un mystère qui soutient l'attention dans la lecture. Quelques réflexions originales sinon intéressantes aussi sur le nazisme demeurant tapi dans les replis d'une démocratie honnie par les aristos de tous poils mais aussi une attaque assez claire de la démarche féministe dans la relecture de l'histoire. Etrange bouquin dont le message n'est décidément pas clair. J'ai donc décidé de le laisser au niveau d'un récit bizarre au style quelque peu horripilant. Pas détestable mais pas ma meilleure lecture de cette année, loin s'en faut...
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Ce roman d'Oriane Jeancourt Galignani est étonnant. Il s'agit au départ de la relation entre l'un des Maîtres de la peinture hollandaise du XVIIè siècle, avec Margot, une veuve de militaire, qu'il a recueillie pour s'occuper de son fils. Fleuron de l'âge d'or hollandais, empruntant au maître italien Caravage sa technique du clair-obscur, ce Peintre, désigné ainsi au fil des pages, comme par dédain, surprendra ses contemporains par une gravure étonnante, celle d'une femme à corps d'écrevisse. Loin des toiles plus académiques de cet art figurant habituellement des représentations de scènes bibliques, de hauts personnages, médecins, et autres dignitaires religieux aux chapeaux noirs, cette gravure surprend autant qu'elle attire. Qui a réellement peint cette gravure étrange pour l'époque ? Que représentait-elle pour l'artiste ? Cette femme écrevisse mystérieuse traversera les âges et liera plusieurs destins d'une famille aux lourds secrets. Injustice, désir de vengeance, les personnages, atteints au plus profond de leur être, semblent frappés d'un sort les intimant à réparer un passé dont ils semblent toujours prisonniers.

J'ai aimé les descriptions du travail de l'artiste, et de Margot qui, sous l'oeil du Maître, dessine et utilise ses techniques chimiques, comme une élève appliquée, la rendant émouvante et si proche. A d'autres moments, ce style fin comme un pinceau tranche avec un langage cru. Au moment où le récit nous ramène, telle une machine à remonter le temps, en 1999, nous suivons les héritiers de Margot, Grégoire, Lucie, Ferdinand. J'ai suivi difficilement le parcours chaotique de Grégoire à Londres, dans ce deuxième chapitre très long. J'avais du mal à retrouver l'intrigue de départ. En revanche, Ferdinand, ce grand-père mourant, a permis de me reconnecter avec le tableau et ses mystères. J'ai apprécié sa narration interne et ses tourments d'acteur de second rôle éternel m'ont émue.

Que retenir de ce roman ? L'ai-je compris ? Il est difficile d'en être sûre, tant l'auteure semble brouiller les pistes. Est-il question d'art ? D'histoire ? D'histoire de l'art ? de l'art déformant l'histoire ? L'histoire avec un grand H, celle qui a été retenue par la postérité, restitue-t-elle la réalité ou a-t-elle été lissée de ses aspérités ? Ce n'est pas un scoop : les grands noms de la peinture ont parfois, pour répondre aux nombreuses commandes, et éponger certaines dettes, eu recours à leurs élèves apprentis pour la réalisation de certaines oeuvres. Il n'en est pas moins admis que le mérite n'en revenait qu'au seul Maître. Ce petit homme n'en a sans doute pas moins été un génie de la peinture hollandaise, et cette lecture m'a poussée à découvrir qui il était, à travers ses toiles, gravures mais aussi son parcours.

Malgré quelques longueurs et un chapitre que je n'ai pas réussi à relier à l'intrigue, tant il semble déconnecté, j'ai apprécié la lecture de ce roman. Néanmoins, je n'ai pas eu le coup de coeur, alors que le premier chapitre m'avait semblé prometteur, et tellement bien écrit que j'avais l'impression d'être dans l'atelier de Rembrandt.
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Etrange roman qui tient du fantastique, de Kafka, qui suscite des images poétiques et cruelles à la fois, au style élégant, avec des phrases qui s'enroulent telles les tiges des volubilis, ces fleurs de la nuit … Une prose agglutinante, un peu comme la langue allemande qui juxtapose les concepts dans un même mot …

Trois époques, trois groupes de personnages, des thèmes récurrents autour d'une image fantasmée, celle d'une femme à tête d'écrevisse dotée de pinces et d'antennes, née en 1642 de l'esprit dérangé d'un Peintre célèbre du Siècle d'or hollandais, Rembrandt, excusez du peu.

L'ancêtre, c'est Margot von Hausen, servante et maîtresse du Peintre, qui élève son fils Titus après le décès de sa mère Saskia. Cette femme apprend la technique de l'eau-forte, va copier la gravure, pas seulement sans doute … mais elle en demande trop. le Peintre va se débarrasser d'elle. Mais pas de l'image maléfique.

Retour en 1999, avec Lucie – dix-sept ans – et de son frère Grégoire, qui en a cinq de plus. Leurs parents brillent par leur absence : ils voyagent, ne reviennent que pour repartir, toujours plus loin. Grégoire écrit, dessine, il a du talent que son père ignore. Il souffre. Les jeunes gens vivent dans ce grand appartement vide dont les fenêtres dominent la Seine, face au soleil couchant.

Grégoire est fasciné par cette figure monstrueuse qu'il va sans cesse contempler au Louvre, avec sa soeur … il dérive, et puis il croit pouvoir fuir sa mélancolie à Londres, retrouver la trace de ses racines, dans une librairie où avait ses habitudes son grand-père. Il va y rencontrer un amour infini, qu'il brisera. La femme-écrevisse rend fou.

Dans l'immeuble où habitent Grégoire et Lucie vit aussi le grand-père Ferdinand von Hausen, qui ressasse sa carrière d'acteur de la grande époque des studios de Babelsberg. C'est un personnage-clé. Celui qui explicite la richesse familiale, insubmersible malgré la chute du grand Reich. Mais qui ira demander des comptes aux von Hausen, d'où vient l'argent de ceux qui sont aujourd'hui banquiers, gestionnaires de fonds, promoteurs ?

Oriane Jeancourt-Galignani continue à explorer les thèmes de la solitude, du désespoir, la folie, le suicide (Mourir est un art, comme tout le reste), la responsabilité paternelle – la mort de Titus, le fils du Peintre, ébauche la mort du père, la culpabilité des classes dirigeantes allemandes face au nazisme, à la persécution des Juifs. C'est un cri d'amour pour Grégoire, ce frère trop tôt disparu auquel le livre est dédié, réinventé, et aussi un cri de rage …

Un livre qui vous laisse un goût d'acide à la bouche. Et des pincements au coeur !
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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